Installé à New York depuis plus de dix ans, le directeur créatif des collections masculines de Calvin Klein a gardé avec son pays natal, et Milan en particulier, des liens privilégiés.

On aurait tort de sous-estimer la force des images : c’est en feuilletant une édition de L’Uomo Vogue qu’Italo Zucchelli se retrouve pour la première fois nez à nez avec l’univers sexy et viril de Calvin Klein. En pleine page, le champion olympique brésilien Tom Hintnaus pose en sous-vêtements. La photo, déjà culte alors, ne cessera depuis d’inspirer d’autres campagnes et représente toujours aux yeux du directeur créatif des collections Homme de la marque un certain idéal masculin, qu’il cherche à transcender au fil des saisons.

Attiré d’abord par l’architecture, ce passionné de musique, aux goûts éclectiques – ce n’est pas un hasard s’il a créé les tenues de scène du rappeur Drake et de Sam Smith -, originaire de La Spezia, en Ligurie, se tourne finalement vers la mode et sort diplômé en 1988 de l’International Institute of Fashion Design and Marketing Polimoda, à Florence. Engagé par le créateur italien Romeo Gigli, il apprend chez lui l’art de la coupe avant d’intégrer le département Homme, chez Jil Sander, avec laquelle il partage un goût certain pour le minimalisme et les matières techniques. Approché par Calvin Klein, il quittera finalement la maison allemande en même temps que sa fondatrice.

Après avoir travaillé aux côtés de Calvin Klein pendant deux ans, le plus new-yorkais des Italiens reprend en solo les rênes du studio Homme dont il assure désormais la direction créative depuis la collection printemps-été 2004, présentée comme toutes les saisons à Milan.  » Pour moi qui suis italien, défiler ici deux fois par an a une résonance toute particulière, précise-t-il. C’est l’endroit idéal pour montrer nos vêtements qui sont tous fabriqués en Italie parce que j’attache énormément d’importance à la qualité, à la fonctionnalité, aux détails. Et je suis aussi perpétuellement à la recherche de tissus exclusifs.  »

C’est donc toujours avec énormément de plaisir que ce  » régional de l’étape  » reprend ses marques dans une cité vibrante à l’énergie créatrice communicative.  » Milan c’est d’abord, à mes yeux, une des plates-formes incontournables de la mode masculine internationale, ajoute-t-il. Et elle est sans conteste la ville italienne la plus moderne que je connaisse. J’aime à la fois son côté sobre et raffiné qui la rend unique au monde. Elle réussit le cocktail parfait entre industrie et créativité.  » On ne s’étonnera donc pas de trouver dans les spots favoris de cet urbain dans l’âme de nombreux sites industriels reconvertis, les adresses pointues dont tout le monde parle en ce moment, sans oublier la plus célèbre boîte de nuit milanaise. Preuve qu’il n’y a pas que New York qui ne dort jamais…

VILLA NECCHI CAMPIGLIO

Construite en 1932, cette villa accueillait non seulement Angelo Campiglio et sa femme Gigina Necchi mais aussi Nedda, la soeur de celle-ci, les deux femmes étant les héritières d’un fameux fabricant italien de machines à coudre. A l’intérieur comme à l’extérieur de ce bijou d’architecture Art déco, tout est resté en l’état ou presque – on peut encore y voir des vêtements griffés dans les placards… -, ce qui permet de se faire une idée du luxe dans lequel vivait alors ce riche couple d’industriels lombards. La piscine surtout a su se rendre inoubliable dans le film de Luca Guadagnino Io sono l’amore qui dépeint avec finesse et cruauté le quotidien décadent d’une famille de la haute bourgeoisie milanaise.  » Cette propriété incroyable qui se trouve en plein coeur de la ville a été conçue par l’architecte Piero Portaluppi. C’est un lieu à la fois magnifique et paisible.  »

14, Via Mozart. www.visitfai.it/villanecchi

CARLO E CAMILLA IN SEGHERIA

 » J’adore l’atmosphère si particulière de ce restaurant. Nous y avons organisé un dîner, en juin 2014, en marge de la présentation des défilés masculins printemps-été 2015, et c’était un événement extraordinaire !  » Installée dans une ancienne scierie achetée en 1930 par les grands-parents de Tanja Solci, qui est également la directrice artistique de l’endroit, cette adresse hors normes doit beaucoup à la personnalité de Carlo Cracco, l’un des chefs italiens les plus en vue, qui a su dès le démarrage imposer une carte audacieuse. La rénovation s’est faite aussi sans dénaturer le caractère industriel du bâtiment d’origine, laissé autant que possible à l’état brut, créant ainsi un contraste encore plus fort avec la sélection pointue de meubles design – les chaises proviennent toutes de chez Cappellini – associés à la vaisselle décalée de Richard Ginori et des lustres en cristal vintage.

24, Via Giuseppe Meda. www.carloecamillainsegheria.it

MUSEO DEL NOVECENTO

 » Chaque fois que je dois planifier une visite à Milan, j’essaie de la faire coïncider avec une de leurs expositions temporaires. Depuis le dernier étage du bâtiment, on a aussi l’une des plus belles vues qui soit sur la Piazza del Duomo.  » Installé dans le Palazzo dell’Arengario, ce musée ouvert depuis la fin de l’année 2010 seulement accueille, comme son nom l’indique en italien, des oeuvres d’artiste du XXe siècle – Vassily Kandinsky, Amedeo Modigliani, Piero Manzoni… -, offertes principalement par des donateurs milanais. L’espace muséal développé autour d’une rampe hélicoïdale invite à une découverte chronologique des différents courants artistiques depuis les futuristes jusqu’à l’arte povera des années 60.

1, Via Marconi. www.museodelnovecento.org/en

NILUFAR DEPOT

 » Jusqu’il y a peu, l’endroit n’était qu’un entrepôt. C’est devenu l’une des galeries de design les plus incroyables qui soient avec plus de 3 000 meubles et objets exposés sur trois étages. Le lieu en lui-même et la manière dont tout est mis en scène valent à eux seuls le détour.  » Derrière ce projet, dévoilé lors du dernier Salon du meuble, en avril dernier, on retrouve Nina Yashar, qui s’est chargée elle-même de la scénographie – un ensemble de petites capsules stylistiques mêlant à la fois des icônes de Charlotte Perriand ou d’Ico Parisi, entre autres, aux créations des jeunes protégés de cette galeriste de talent.

32, Via della Spiga. www.nilufar.com

PLASTIC

 » Je ne compte plus les fois où j’ai passé du bon temps dans ce night-club mythique. Le public est très international et diversifié et j’aime ça.  »

15, Via Gargano.

MUDEC

Ouvert en mars dernier, le Museo delle Culture s’est installé sur le site de l’ancienne usine d’Ansaldo autrefois spécialisée dans la fabrication de locomotives. Ce nouveau poumon culturel conçu par le starchitecte britannique David Chipperfield s’étend sur plus de 17 000 m2 essentiellement dédiés aux collections ethnographiques offertes à la ville de Milan depuis le milieu du XIXe siècle.  » C’est un véritable lieu de rencontres entre différentes cultures et communautés qui se rassemblent autour des arts et de la créativité.  » On y trouve aussi des salles de conférence, un auditoire et un théâtre de 300 places, un bistrot et une boutique design.

56, Via Tortona. www.mudec.it

MARTA

 » La célèbre chef italienne Marta Pulini, originaire d’Emilie-Romagne, a ouvert tout récemment un petit restaurant super cosy en collaboration avec Rossana Orlandi, juste à côté de son célèbre Spazio. Ce que j’adore ici, c’est le principe de partage qu’elle veut mettre en avant : tout est mis en commun, on peut donc commander tout plein de petites portions et finalement obtenir une expérience gustative complètement unique.  »

14, Via Bandello. www.martabibendum.it

PARK HYATT MILAN

 » Lorsque je suis à Milan, j’ai besoin de me sentir au coeur de la ville. C’est pour cela que je loge toujours ici.  » L’établissement 5-étoiles est situé en plein centre de cette capitale de la mode, dans un ancien palace datant du XIXe siècle. Le lieu a été aménagé par l’architecte américain Ed Tuttle et on peut y voir une réalisation d’Anish Kapoor.

1, Via Tommaso Grossi. milan.park.hyatt.com

PAR ISABELLE WILLOT

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