A 34 ans, l’ex-Bond Girl vient d’entamer le tournage du prochain film de Tim Burton tout en devenant le nouveau visage des produits L’Oréal Professionnel. Un rôle sur mesure pour cette vamp au physique d’héroïne fantastique.

Elle est là, posée le dos bien droit sur l’avant des coussins d’un canapé crème, dark jusqu’au bout de ses doigts chargés de bagues en argent que l’on devine lourdes. Ses boucles sombres savamment négligées – Sam McKnight, le hair stylist star de L’Oréal Professionnel n’y est pas étranger – cascadent autour d’un visage à la pâleur limpide que transcendent le sourire rouge sang et le trait charbonneux qui lui fume les yeux.  » Je ne fais pas de gros efforts dans la vie de tous les jours, note-t-elle avec le détachement des filles qui chercheraient presque à s’excuser de faire tourner les têtes à la ville comme à l’écran. Mais j’aime me maquiller, alors quand je suis devant la caméra, en promo pour un film ou, comme aujourd’hui, pour une marque dont je suis l’égérie, j’aime que ce soit un peu plus dramatique. C’est un jeu. Sur tapis rouge, c’est pareil, j’opte pour des tenues théâtrales, je me sens alors comme une princesse, moi qui cherche plutôt, le reste du temps, à passer inaperçue.  » Adolescente déjà, Eva Green est du genre à  » raser les murs « , mal dans sa peau dans l’entre-deux de l’âge ingrat, jusqu’à ce que, fascinée par le casque de cheveux sombres d’une des meilleures amies de sa mère, elle vire elle aussi noir corbeau.  » Ça me correspondait mieux, c’est tout, sourit-elle. Je n’ai jamais fait marche arrière.  » Ce refus de la demi-mesure, on le retrouve également dans les choix audacieux qui ont émaillé son parcours. En 2003, dans Innocents, l’histoire sulfureuse d’un trio amoureux incestueux sur fond de révolte étudiante pendant Mai 68, Bernardo Bertolucci lui confie son premier grand rôle aux allures de baptême du feu. Les scènes de sexe explicites déchaînent alors les critiques mais il en faudrait plus pour lui faire rendre les armes. Elle préfère plutôt les prendre, toutes épées dehors, pour incarner la reine guerrière Artémise dans le blockbuster testostéroné 300 : La naissance d’un empire.  » C’était mon premier film d’action, rappelle-t-elle. Avec à la clé trois mois de training super physique à faire des pompes, une remise en forme gratuite en fait. Un vrai fantasme pour moi, avec quand même la crainte de ne pas être à la hauteur.  »

Ne se laissant pas intimider par les clichés, Eva Green n’hésitera pas non plus à se frotter à celui de la Bond Girl qui, loin de couler sa carrière comme il l’a fait pour d’autres, l’a rendue à jamais inoubliable.  » C’est un super souvenir, s’enthousiasme-t-elle. Barbara Broccoli est l’une des dernières productrices « old-fashioned » pour qui il n’y a pas que le fric qui compte.  » Elle qui dans la vraie vie se défend d’avoir quoi que ce soit en commun avec la vamp froide de Sin City : j’ai tué pour elle ou la créature diabolique qu’elle incarnera une fois encore, à la rentrée, dans la deuxième saison de Penny Dreadful, se sent pourtant irrémédiablement  » attirée par les personnages complexes ou étranges « . Pas étonnant dès lors qu’elle ait regardé Beetlejuice  » au moins 1000 fois  » dans son enfance tout en lui préférant Edouard aux mains d’argent – du moment qu’il y ait quelque part, même dans la carapace la plus dure, l’ombre d’une fêlure dans laquelle s’engouffrer.  » Surtout, n’essayez pas de me demander d’être moi-même, gronde-t-elle. Il n’y a rien de pire sur les photos que ces sourires crispés, constipés.  » Comme un défi qu’elle se lancerait toute seule, elle lâche qu’elle oserait bien un tournage avec les frères Dardenne…. en rêvant de vieillir un jour comme Judi Dench, M dans James Bond durant plus de quinze ans, qu’elle trouve  » tellement belle « . Pour ça, elle a mieux que du temps. Toute une vie, encore, devant elle.

PAR ISABELLE WILLOT

 » Il n’y a rien de pire qu’un sourire forcé, constipé.  »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content