Depuis trente ans, il donne un souffle nouveau aux ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville grâce à ses spectacles en plein air. Shakespeare, Molière, Oscar Wilde, Victor Hugo, Umberto Eco… il a invité les plus grands à investir les lieux.

« Je dirais que je suis un créatif organisé. J’ai à la fois la tête dans les étoiles et les deux pieds sur terre.  » Aucun doute au sujet de l’imagination féconde de Patrick de Longrée. Son bureau, logé au sous-sol de l’espace culturel Aula Magna, mastodonte de verre situé à Louvain-la-Neuve, regorge de maquettes de scénographies qu’il a pensées pour les spectacles qu’il organise chaque été dans les ruines de l’abbaye de Villers-la-Ville. Cet événement annuel est la raison d’être, et ce encore certainement pour les cinq prochaines années, de Del Diffusion Villers, la société de production fondée en 1987 par Patrick de Longrée et son associé Rinus Vanelslander.  » On a monté plusieurs projets ailleurs mais c’est vrai que nous nous sommes essentiellement focalisés sur Villers-la-Ville.  » Son activité ne se résume cependant pas à cette unique manifestation estivale. Comme il le dit lui-même, il a de multiples casquettes, mais refuse de se qualifier de boulimique du travail : scénographe, adaptateur, créateur de décor… Mais ce qui le caractérise le mieux, c’est producteur de spectacles de théâtre.  » Je me dis que tout est complémentaire. C’est un vaste puzzle avec des courants plus créatifs ou plus organisationnels.  »

Patrick de Longrée a développé son amour pour l’art de la scène dès son plus jeune âge. Sa première apparition sur les planches, à 12 ans, dans le cadre d’une pièce jouée dans son village natal, Tourinnes-la-Grosse, lui a permis de se rendre compte qu’il n’était pas attiré par le show mais par tous ses à-côtés.  » Je souhaitais être la personne qui pouvait générer les idées, les mettre sur pied, trouver des financements et faire en sorte que ce soit possible.  » A 18 ans, il suggère un projet en plein air aux gestionnaires de l’abbaye de Villers-la-Ville. L’idée est partie d’une boutade ; ce féru de la nature a fait des pieds et des mains pour la concrétiser. Après cinq ans de refus et de perfectionnement de la proposition, sa persévérance a fini par payer. Les étoiles dans les yeux et le sourire aux lèvres, il se remémore cet opus inaugural :  » On était inconscients. On s’est lancés dans cette aventure en fonçant. C’est ça qu’il fallait faire ; sans ça, on n’y serait jamais arrivés. Le succès nous est tombé dessus. Ça a été un énorme bonheur et, en même temps, une forme de responsabilité : on ne pouvait pas en rester là.  »

Patrick de Longrée est loin de s’approprier toute la réussite : depuis le départ, il travaille main dans la main avec Rinus Vanelslander avec qui il partage par ailleurs aussi les commandes de l’Aula Magna, qu’ils dirigent depuis 2001. Au fil des années, leurs productions sont devenues d’incontournables rendez-vous d’été. Cet amoureux du théâtre aime communiquer sa passion au public et cherche à le surprendre continuellement. Il espère développer prochainement  » une nouvelle approche spectaculaire  » pour Villers ; et pour ce faire, il s’investit également dans des commissions concernant l’élargissement du tax shelter (NDLR : incitant fiscal encourageant les initiatives audiovisuelles et cinématographiques) au monde des arts de la scène.  » Il faut que le politique soit conscient qu’il est essentiel de développer l’éducation et la culture et ce, dès les plus jeunes moments de la vie.  » Patrick de Longrée, tombé très tôt en amour pour le théâtre, en sait quelque chose.

Amadeus de Peter Shaffer, abbaye de Villers-la-Ville. www.deldiffusion.be Du 13 juillet au 6 août prochains.

PAR ISABELLE ZAWADZKA

 » J’AI À LA FOIS LA TÊTE DANS LES ÉTOILES ET LES DEUX PIEDS SUR TERRE.  »

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