Membre de la famille royale burundaise, elle s’est installée en France en 1970, après l’assassinat de son père. En 2005, celle qui fut aussi mannequin prit part aux élections dans son pays d’origine… A 63 ans, la belle est aujourd’hui ambassadrice pour Guerlain.

Depuis vingt ans, vous travaillez dans l’humanitaire…

Qui cultive la beauté la récolte. J’ai dernièrement reçu un mail d’une dame à qui on avait un jour confié une orpheline. Elle m’expliquait que cette dernière avait terminé ses études, était mariée, mère de deux enfants et en avait adopté un autre via mon association, Un enfant par Rugo. De ma propre expérience, je sais qu’être orphelin n’est pas une maladie contagieuse, mais qu’avoir à vos côtés une personne qui vous montre le chemin est nécessaire…

Vous n’êtes désormais plus la bienvenue au Burundi… Quel regard portez-vous sur ce qui s’y passe ?

Cela me désole que la situation actuelle laisse la communauté internationale de marbre. La Belgique est le seul pays à avoir pris des mesures. Si rien ne change, la population va déserter le territoire. Personne ne souhaite endosser le statut de réfugié et quitter sa maison. Mais les gens doivent être en mesure de s’épanouir chez eux. Plus de 70 % du peuple africain a moins de 20 ans. Si nous voulons que cette jeunesse reste en Afrique, nous devons la soutenir. La démocratie, ce n’est pas du prêt-à-porter mais de la haute couture ! Une pièce conçue à la main et sur mesure.

Pour vous, la beauté, c’est…

… universel. Et pourtant Guerlain n’avait jamais eu d’égérie noire avant moi. C’est ma façon de représenter toutes ces femmes, ainsi que celles d’un certain âge puisque je ne suis moi-même plus toute jeune. Cette collaboration a découlé de ma participation au jury des défilés Cultures et Création (NDLR : un événement sponsorisé par LVMH, le géant français du luxe auquel appartient Guerlain).

Quel est votre rôle dans ce jury ?

Je transmets les ficelles du métier aux femmes qui défilent ; je les aide à avoir confiance en elles. L’élégance, ça s’apprend. Avoir un joli maintien est un atout dans la vie quotidienne. J’ai connu une fille qui avait une poitrine voluptueuse et qui était en permanence penchée en avant. Grâce à un soutien-gorge adapté, elle s’est transformée. Cela ne tient parfois pas à grand-chose.

Votre mantra ?

Il est impossible de se casser une jambe en restant assis, dit un proverbe burundais. J’ai débuté ma carrière de mannequin parce que j’avais faim, sur les conseils d’un ami et sans tenir compte du fait que tous les modèles étaient blonds aux yeux bleus, dans les années 70. Les agents n’existaient pas encore. J’ai contacté la Fédération de la Couture qui m’a fourni un agenda sur la base duquel j’ai appelé les grandes maisons. La plupart ne croyaient à mon titre de princesse que lorsqu’ils me rencontraient. Toutes mes réussites, je les dois à ma détermination. C’est le message que je tente de transmettre aux jeunes.

PAR DELPHINE STEFENS

 » L’élégance, ça s’apprend. « 

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