Un livre pour tomber amoureux : avec Appelez-moi par mon prénom, la romancière Nina Bouraoui plonge son regard vert dans l’encrier de son intimité pudique, sincère et sympathique.

Que vous inspire votre prénom ?

Nina Bouraoui : Ma double identité. Mon prénom  » administratif  » est Yasmina, mais en guise de second baptême, j’ai choisi Nina. Comme je n’étais qu’une enfant, c’était plus doux à prononcer.

Et votre nom de famille ?

Symbolique, il signifie  » le conteur  » en arabe. Je l’ai appris tardivement, mais ce devait être mon destin. Peut-être qu’on n’est pas si libre que ça…

Qu’expriment vos livres ?

Mes premiers romans m’ont permis d’évacuer la violence, ce résidu du passé, cette mémoire ancestrale que j’avais en moi. Puis, ils se sont mis à décrire des amours compliquées, des désirs impossibles. J’aime explorer la fragilité et la solitude des êtres. En quête de beauté, j’estime que l’artiste a pour mission d’insuffler du Beau. Aussi ce roman est-il heureux, lumineux.

Est-ce un roman d’espoir ?

Totalement. Tout comme la narratrice, j’ai été désabusée et blessée par l’amour, au point de perdre la foi. Mais si on ne croit plus en lui, en quoi peut-on encore croire ? J’espère que ce livre donne envie de tomber amoureux. J’ai opté pour un homme et une femme, qui n’ont pas le même âge, car cette différence les fragilise. C’est ce camp-là qui me touche le plus du côté humain. Moi aussi, je suis née d’une différence…

Couples mythiques ?

Lauren Bacall & Humphrey Bogart, Sartre & de Beauvoir, Françoise Sagan & Peggy Roche, car on ne peut pas les séparer l’un de l’autre. Au-delà de l’amour, ils sont liés à quelque chose qui les dépasse… Comme Marguerite Duras et Yann Andréa, que j’ai eu la chance de rencontrer. Quel couple étrange, si tendre, si complice. J’ai été séduite par la différence d’âge qui unissait l’écrivain et son plus grand admirateur.

Le plus beau compliment qu’on puisse faire à l’auteur que vous êtes ?

Que mon livre a sauvé quelqu’un de quelque chose, a amélioré sa vie. Si on peut guérir une personne, l’espace d’une lecture, tant mieux.

La sensualité, c’est…

Impalpable. J’aime l’image de la peau sous le soleil : la chaleur est aussi celle de l’amour.

Vos rêves déçus.

Quitter l’Algérie de façon brute, à 14 ans. C’est une cassure nostalgique. Je rêve de retourner sur les lieux de mon enfance.

Ceux qui vous restent à réaliser ?

Vivement que la route des livres ne s’arrête jamais.

Appelez-moi par mon prénom , par Nina Bouraoui, Stock, 112 pages.

Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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