Barbara Witkowska Journaliste

Ermenegildo Zegna, Pal Zileri, Corneliani, Scabal et Eton… Ces maisons familiales sont des leaders mondiaux du vêtement masculin haut de gamme, garants d’authenticité, de tradition et de qualité. Avec, en prime, une subtile touche de modernité.

Carnet d’adresses en page 130.

En matière de mode, l’homme n’aime pas être bousculé. Les couturiers bannissent donc de leur vocabulaire le mot  » révolution  » et parlent plus volontiers d’évolution. Une évolution en douceur vers des silhouettes de plus en plus épurées, des proportions de plus en plus parfaites et des matières de plus en plus raffinées.

Ermenegildo Zegna Un luxe maîtrisé de A à Z

Chez Ermenegildo Zegna, on s’attache ainsi à des lignes plus proches du corps et plus souples, des pantalons plus étroits qui affinent la silhouette. Les nouveaux tissus, toujours exclusifs, s’animent de petits dessins discrets et de rayures inédites. Les tweeds surprennent par une sophistication extrême. Le vêtement de ville adopte les nuances non conventionnelles, comme le grège, par exemple, un compromis original entre le beige et le gris. A l’heure des loisirs, on choisira une veste ou une chemise en lin, points forts de l’été prochain. Les blousons de cuir plongé perforé, agrémentés de col et de poignets en tricot, s’annoncent déjà comme un autre best-seller de la saison.

Lorsque Ermenegildo Zegna fonde sa maison en 1907, il commercialise d’abord draperies et tissus masculins. A l’époque, la fabrication est la chasse gardée des Britanniques. Ils dominent le monde. Zegna relève un défi. Pourquoi ne pas les égaler, voire les dépasser ? Aussitôt, il achète les meilleurs métiers à tisser et lance sa propre production. Plus tard, il a une idée percutante, en faisant tisser son nom sur la lisière du tissu. Ce  » coup de pub  » avant-gardiste contribue largement à la notoriété naissante et le fait connaître dans le monde entier. Dans les années 1960, le prêt-à-porter explose. Les fils d’Ermenegildo Zegna qui ont repris le flambeau ont le bon réflexe de mettre au point une ligne de prêt-à-porter et, dans la foulée, une ligne  » sur mesure « . Voulant tout maîtriser eux-mêmes, ils créent leurs propres outils de production en Suisse, près de Lugano, à la frontière italienne. Elle y est toujours, dans des usines agrandies et ultramodernes.

Aux costumes et aux vestes s’ajouteront, au fil du temps, les chemises, la maille et les accessoires. L’homme Zegna affiche désormais son élégance en total look. Le succès et la notoriété mondiale ne modifient en rien la philosophie séculaire de la maison : contrôler la qualité de A à Z. Tous les outils de fabrication appartiennent à la famille, depuis l’achat des matières premières, jusqu’au produit fini. Celui-ci est commercialisé dans les propres boutiques et nulle part ailleurs. La nouvelle génération des Zegna, la quatrième, ne cesse de lorgner vers le futur, de scruter les nouveaux désirs des consommateurs et d’étudier à la loupe les nouveaux modes de vie. En 2001, la ligne Couture voit le jour, inspirée par la demande croissante de produits rares, exclusifs et luxueux. Onéreuse, certes, elle offre une souplesse et un confort inégalables, dus aux multiples opérations effectuées à la main. Lancée en 2003, la ligne Z Zegna cible l’homme nouveau, plus jeune en âge, mais surtout en état d’esprit, plus attentif à son apparence extérieure et conscient de son image. Moderne, un brin sexy, dans la mesure où elle met le corps de l’homme en valeur, et, surtout, très créative, la collection est basée sur le total look qui laisse toutefois une grande liberté d’interprétation. Tout se coordonne : la veste peut être portée avec un jeans, un pantalon chic accompagne sans problèmes un blouson.

L’innovation constante est un autre point fort et distinctif de Zegna. La maison assure, encore aujourd’hui, le tissage de ses propres tissus à 80 %. Les labos intégrés planchent sur la recherche de nouvelles matières et de nouveaux mélanges. Citons, par exemple, l’Aqualite, une microfibre poids plume, la plus légère au monde, utilisée dans des blousons pour faire du bateau ou jouer au golf. Elle est imperméable, laisse passer l’air… en silence. On peut aussi annoncer, en avant-première, le lancement pour l’hiver 05-06 du tissu Traveller. En 100 % laine, il sera infroissable et… intachable ! Les parfums sont les derniers  » bébés  » de la marque. Après l’élégante et classique Essenza di Zegna, Z Zegna interprète olfactivement le style plus jeune et plus branché (voir encadré ci-dessus).

Pal Zileri L’allure à l’italienne

Pal Zileri surfe sur la vague du succès depuis le début des années 1970. Gianfranco Barizza et Aronne Miola, à la tête de la société Forall, fabriquent des costumes pour différentes marques haut de gamme. Ce n’est qu’en 1980 que les deux complices songent à leur propre ligne. Ils la baptisent d’un label qui ne manque pas d’allure : Pal Zileri, inspiré par le Palazzo Zileri à Vicenza, près de Venise, où sont situées les usines. Les collections de manteaux et de costumes sont complétées par des chemises, de la maille, du cuir et, plus tard, par des accessoires : lunettes, montres, maroquinerie, bagages. Les signes particuliers ? Une collection de prêt-à-porter dont la qualité n’a rien à envier aux costumes réalisés sur mesure. Les matières sont superbes, les coupes irréprochables, le tout saupoudré d’une nonchalance et d’une fantaisie typiquement italiennes. Les coloris, par exemple. Au début des années 1990, l’homme Pal Zileri ose afficher une palette chromatique fraîche, gourmande et pimpante, allant du jaune banane aux vert vif, en passant par des roses, des pêches et des parmes !

Tout récemment, pour mieux s’inscrire dans les tendances et dans l’évolution du marché, la griffe a été entièrement restructurée. Elle réunit la ligne Pal Zileri, l' » âme  » de la marque, la ligne de loisirs Concept et la ligne LAB, ciblée jeunes. Sartoriale (ligne  » sur mesure « ) et Ceremonia (costumes de soirées et pour des occasions formelles) sont considérées comme des produits de niche. La ligne Pal Zileri représente près de 60 % des ventes. Pour l’été 2005, le 100 % lin et le 100 % coton sont en vedette. Pour offrir un confort optimal, les vestes n’ont pas de doublure, ce qui leur confère, aussi, un aspect moins structuré et moins rigide. Les pantalons restent fidèles au style classique, avec un empiècement plat ou avec une seule pince. Les motifs typiquement masculins, des rayures ou encore le motif macro pied-de-poule, ont toujours autant d’adeptes. Côté couleurs, on remarque beaucoup de coloris clairs, des beiges, des sables et surtout le blanc optique, très nouveau. Sans oublier l’incontournable camaïeu de bruns chauds et le bleu marine. Pour les audacieux, il y a aussi du bleu lilas, de l’orange clair, du vert pomme, du rose, du bleu ciel et du jaune pastel.

La ligne Pal Zileri Concept accompagne l’homme dans ses loisirs. Ici, il n’y a pas de costumes, rien que des vestes ou des blazers informels, sans épaulettes et sans canevas, pour plus de liberté. Ils déclinent des couleurs gaies et de généreux carreaux. Les pantalons, non doublés, sont réalisés en lin ou en coton. Les chemises en popeline ou en lin ont subi un léger prélavage pour adoucir la structure et apporter un léger aspect patiné.

Pal Zileri LAB, la dernière-née des lignes qui ne cesse de monter à toute vitesse est le  » laboratoire de l’homme nouveau « . La collection mixe un total look assez formel avec des tenues sportives et décontractées, le tout accompagné de toute une panoplie d’accessoires.

Les matières conjuguent les laines les plus luxueuses, les cotons stretch, ainsi que le nylon de parachute. Le blanc optique est  » la  » couleur de la saison, agréablement boostée de gris clair, de l’orange, de vert vif ou de noir. Le phénomène de l' » usure  » est davantage accentué dans cette ligne. Les matières naturelles sont lavées, abrasées ou traitées pour donner un aspect plus doux et plus  » chiffonné ».

Corneliani La passion des matières

Corneliani ? Ce troisième leader de la  » haute couture  » masculine italienne a bâti sa réputation mondiale en s’inspirant du raffinement des hommes de l’époque de la Renaissance, et plus particulièrement, de la classe exquise des seigneurs de la ville de Mantoue, les Gonzague. Les débuts de la maison remontent aux années 1930. Aujourd’hui, la troisième génération des Corneliani tient les rênes de la société avec le même professionnalisme et le même engouement, proposant une garde-robe complète et éclectique pour la ville, pour le travail, pour les soirées formelles et pour les loisirs. Corneliani, la collection phare, mise sur le luxe des matières nobles et… rares. Telle la fibre de bambou, par exemple, grande nouveauté de cet été. Les fils obtenus à partir de la plante de bambou sont extrêmement brillants, ressemblent à de la soie et permettent de très beaux effets chromatiques. Les tissus réalisés avec ce fil acquièrent un aspect précieux. Le toucher est aussi souple que celui du cachemire. Dernier avantage ? La froissabilité est très faible. La fibre de bambou est utilisée telle quelle. Elle se mélange aussi à du lin, de la soie, du mohair ou de la laine, pour construire des tenues estivales fraîches et légères, éclairées par une palette raffinée allant du crème au vert pistache, du rose pêche au sable et du bleu glycine au bleu ciel. Les cravates et les chemises s’animent, quant à elles, de fines rayures orange, rose et bleu pervenche et ajoutent ainsi une touche résolument contemporaine. Le costume, toujours incontournable, est gentiment concurrencé par la veste. Superbement coupée, sans doublure, fluide mais structurée, elle se porte avec un pantalon chic ou avec un jeans, de façon plus décontractée.

Ciblée plus jeune, la collection Trend Corneliani, privilégie la non-couleur. Le blanc et le noir cohabitent avec des gris sombres ou clairs, légèrement violacés et avec des bleu nuit très profonds. Les blazers stricts en popeline de coton au toucher papier voisinent avec des vestes plus nonchalantes en lin et s’enfilent au-dessus de pantalons décontractés, à mi-chemin entre un jeans et un pantalon de ville. Le week-end, on choisit des trench-coats ou des blousons délavés à l’aspect patiné, sur des pantalons soulignés de passepoils ou de zips.

Scabal Une élégance cinématographique

Parmi les as de l’élégance masculine, la maison familiale Scabal occupe aussi une place de choix. Fondée à Bruxelles en 1938, elle fournit, tout d’abord, des tissus prestigieux, fabriqués exclusivement en Grande-Bretagne ou en Italie, à tous les grands couturiers qui habillent des présidents, des hommes d’Etat, des têtes couronnées et des stars. Une complicité fidèle s’est également tissée, depuis belle lurette, avec les studios de Hollywood. Scabal a habillé les héros de pas moins de 150 films et pas les moindres. Il suffit de citer  » Titanic « ,  » Golden Eye « ,  » Batman  » ou encore  » Wall Street « . Le dernier ambassadeur s’appelle Leonardo DiCaprio. Dans le film  » Aviator « , ses costumes ultrachics sont confectionnés avec des tissus Scabal. Boostée par ce succès, la maison s’est lancée dans la fabrication de sa propre ligne de prêt-à-porter, accompagnée du concept  » Made-to-Measure « . Dans ce service sur mesure le client participe activement à la création, en choisissant son tissu parmi les 5 000 références, les boutons, le style de fermeture et la doublure. Le costume est livré en trois semaines, avec les initiales du client, brodées à l’intérieur !

Les collections de prêt-à-porter suivent de près les tendances. Ainsi, cet été, on verra des mélanges de soie, de laine, de satin (fabriqué à partir du plus fin des cotons égyptiens) et de cool wool, animés de couleurs pastel ou de nuances plus précieuses, tels le saumon, le bleu ciel, le vieil or ou le rouge. Les tons plus classiques, le sable, le beige et le gris clair sont toujours de mise. La rayure fête son grand retour et joue la carte de la fantaisie avec des rayures discontinues, ornementales ou utilisées comme une surpiqûre contrastée parcourant le tissu. Les silhouettes sont simples et informelles. Les pantalons, plus étroits, ne manquent pas de confort grâce à l’excellence de la coupe. Les épaules, dépourvues de rembourrage, affichent un profil plus adouci et plus arrondi. L’autre point fort ? La veste semi-doublée. Elle fait déjà fureur en Italie et annonce une élégance décontractée.

Eton Spécialité : la chemise

Fabriquées en Suède, par la même famille depuis 1928, les chemises Eton font appel à une qualité de coton exceptionnelle, à longues fibres, tissé selon une technique exclusive, mise au point en Suisse. L’avantage ? Non seulement il confère à la chemise une allure très chic, mais il est garanti, de surcroît, sans repassage. La collection décline 65 couleurs et nuances. Si les classiques se taillent la part du lion, on va craquer, cet été, pour les tons gourmands de citron, de fraise, de caramel ou de banane, en version unie, en rayures ou en carreaux.

Barbara Witkowska

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