A la frontière entre la Zambie et le Zimbabwe, le Zambèze, l’un des fleuves les plus longs d’Afrique, se transforme soudain en une cascade gigantesque : les chutes Victoria. Epoustouflant de splendeur.

« Mesdames et Messieurs, à votre gauche… les chutes Victoria !  » Alors que l’avion venu de Johannesburg amorce déjà sa descente vers l’aéroport de Livingstone, dans le sud de la Zambie, les passagers médusés découvrent une superbe vue sur le fleuve Zambèze et les formidables gorges qu’il a sculptées, avec pour point de vue les chutes Victoria. Ce gigantesque rideau d’eau de 1,7 kilomètres de longueur, le plus large du monde, dévale d’une hauteur moyenne de 92 mètres. L’eau, dans un grondement furieux, s’engouffre ensuite dans les gorges Batoka, un chenal de quelques dizaines de mètres, avant de pouvoir retrouver, beaucoup plus loin, son cours paisible.

En ce début du mois de décembre, c’est la fin de la saison sèche, les pluies tant attendues ne sont pas encore arrivées. Résultat : le fleuve se retrouve à son débit le plus faible de l’année. On peut ainsi découvrir la topographie extraordinaire de ce site classé en 1989 au Patrimoine mondial de l’humanité. Du ciel, on distingue les sept affaissements successifs que l’eau s’est taillée dans le calcaire et l’argile, créant des gorges spectaculaires en zigzags très serrés. L’actuelle cataracte est la huitième, l’eau poursuivant son travail d’érosion en amont. Avec ses 2 700 kilomètres de longueur, le Zambèze est le quatrième fleuve d’Afrique et le seul grand fleuve africain à se diriger vers l’Est.

Des chutes mythiques

La légende veut que ce soit David Livingstone, missionnaire et explorateur britannique, qui fit découvrir les chutes au monde entier en 1855. Il les baptise alors en hommage à la reine Victoria de Grande-Bretagne. Livingstone, né en Ecosse en 1813, établit sa réputation en traversant l’Afrique d’ouest en est en suivant le cours du fleuve Zambèze, découvrant ainsi une bonne partie des terres inconnues de l’Afrique australe et centrale, y compris la Zambie. Puis il ne donne plus signe de vie pendant plusieurs années. En 1871, le  » New York Herald Tribune  » charge un reporter, Henry Morton Stanley, de retrouver sa trace. Stanley le dénichera souffrant de la malaria, près du lac Tanganyika.  » Doctor Livingstone, I presume ? » lui avait alors demandé le journaliste. Malgré la maladie, Livingstone décidera de rester en Afrique où il mourra à l’âge de 60 ans.

A la saison sèche (de septembre à novembre), à l’étiage, il est possible de s’aventurer dans l’eau, à pied, au milieu des chutes et d’atteindre ainsi l’île Livingstone, au bord de la falaise. Un guide vous y conduit pour un peu d’argent. Là, il est permis de se baigner.

Les chutes se révèlent plus impressionnantes encore à la saison des pluies (de décembre à avril). C’est à ce moment-là qu’elles peuvent justifier le nom accordé par les indigènes depuis des temps immémoriaux : Mosi-oa-Tunya,  » la fumée qui tonne « . La force du fleuve est si dense que l’eau, dans un grondement assourdissant, rebondit au fond de la gorge et remonte jusqu’à 500 mètres de hauteur, formant par vaporisation un brouillard permanent au-dessus du site. La forte chaleur, les pluies fréquentes et violentes saturent l’atmosphère d’humidité. Un problème pour les photos.

D’avril à juin, le temps est plus sec et plus frais, mais les paysages restent brumeux, la végétation abondante. On aperçoit difficilement les animaux. Puis le fleuve amorce progressive-ment sa décrue. D’août à octobre, les amateurs de rafting se bousculent alors sur ce site exceptionnel. Mais c’est bien depuis le versant du Zimbabwe que les chutes sont les plus belles. L’organisation d’une escapade d’une demi-journée y est la mieux rodée. A la saison sèche, c’est là aussi qu’apparaît la cascade principale. Un pont métallique surplombant des gorges impressionnantes permet de se rendre depuis la Zambie au Zimbabwe. Erigé par Cecil Rhodes, qui colonisa la Rhodésie du Nord, l’actuelle Zambie, pour la Grande-Bretagne à la fin du xixe siècle, il devait permettre au chemin de fer de relier tout l’Est africain, du nord au sud, du Cap au Caire. Toutefois, il ne dépassa guère les chutes. En 1914, cinq excursions par an reliaient le Cap aux chutes Victoria. Aujourd’hui, le Train Bleu, l’Orient Express d’Afrique du Sud, conduit aux chutes en deux jours, en passant par Johannesburg et Pretoria. Avis aux amateurs de sensations fortes : depuis le milieu du pont, ils peuvent sauter dans le vide en élastique.

Le royaume des animaux

Quand la végétation se fait plus rare (de septembre à novembre), on peut apercevoir les animaux sauvages. C’est durant cette saison, aussi, que les couchers de soleil sont les plus beaux. Pour en profiter pleinement, une croisière en fin de journée s’impose sur le Zambèze. A cette heure-là, les animaux affluent vers le fleuve pour s’abreuver : impalas sautillants, girafes dont les silhouettes indolentes se devinent entre les arbres, crocodiles somnolant sur un banc de sable blanc ou encore éléphants se déhanchant dans les hautes herbes de la berge sans oublier les hippopotames qui remontent à la surface pour reprendre leur respiration dans un grondement sourd. Quand l’horizon vire au rouge, vient l’heure de l’apéritif à la terrasse de l’hôtel Livingstone. Les inconditionnels des animaux préféreront un petit safari (game-drive) dans le parc national Mosi-oa-Tunya avec pour moment privilégié, le départ à l’aube. Le réveil de la savane permet d’aller à la rencontre des buffles, phacochères, zèbres, girafes, singes ou éléphants. Sans oublier le fameux rhinocéros blanc, véritable miraculé après avoir été menacé de disparition.

Le soleil se lève, réchauffant la savane de sa lumière dorée. Les animaux se cherchent un coin d’ombre pour s’allonger. C’est l’heure du petit déjeuner sur la berge du Zambèze, en amont des chutes, quand il n’est encore qu’un long fleuve paresseux et paisible.

Reportage : Magda Fahsi

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