De Milan à Paris, Weekend a écumé les défilés… Et vous dévoile, en avant-première, tous les plaisirs de la mode de l’automne-hiver 08-09.

Des années 1910 de Paul Poiret aux années 1980 de Claude Montana, en passant par les folklores seventies : bon nombre de créateurs continuent de se rassurer avec les périodes fastes de la mode du xxe siècle. Même la proche décennie 1990 a refait surface à travers l’austérité d’un cortège de noir et d’acier. Dans ce grand bain de nostalgie, certains donnent au futur des contours palpables et désirables. A commencer par Stefano Pilati, qui signe incontestablement sa plus belle collection pour Yves Saint Laurent. L’héritage est là (la blouse transparente, les bijoux sculptures, le costume…), mais transcendé par la modernité d’une vision sans concession. Un propos où tout repose sur l’équilibre des formes, illustré par des mannequins coiffés d’un casque de jais et maquillés à la Klaus Nomi. Talons comme figés dans la glace, volumes aux réminiscences muglériennes, robes noires coupées au scalpel… Nicolas Ghesquière, chez Balenciaga, donne des accents futuristes à son image de la bourgeoisie et bouscule les repères avec ses tailleurs en latex ornés d’estampes japonaises. A Milan, où l’on commençait à suffoquer sous les mousselines et les fourrures bohèmes (hormis les savantes constructions de Raf Simons, chez Jil Sander), Miuccia Prada est venue électriser l’atmosphère avec ses femmes fatales en tailleur de guipure, injectant à son univers un soupçon de perversité bien senti. Dans un registre qui s’apparente plus à la haute couture, Alexander McQueen a enchanté l’assistance sur des standards de Nirvana interprétés au violoncelle. Un noir théâtral dramatisé par des jeux de volumes époustouflants, des velours rouge sang et des cascades de rubis sur des carnations laiteuses qui prouvent que la mode reste une formidable machine à rêves.

1. L’îUVRE AU NOIR

 » Le noir flanque tout par terre « , disait Coco Chanel, et les créateurs d’aujourd’hui de suivre la maxime au pied de la lettre. Oublié le temps d’un été, il revient en support privilégié d’une mode qui fait le grand écart entre graphismes rigoureux et maximalisme baroque. Il sert l’architecture des manteaux et du tailleur, qui fait son grand retour, se déploie sur des petites robes au genou et se dramatise le soir dans une emphase très cour d’Espagne.

2. VIBRANTS VIOLINES

Mûre, aubergine, améthyste et même parme… Entre vendanges et pierres précieuses, la palette automnale des violets est un incontournable de la saison. On l’adopte sur de grosses pièces comme des manteaux, des robes (Alberta Ferretti) ou des tailleurs en cuir (Christian Dior) et on la fait vibrer contre des taupe, des caramel et même de l’or pour la touche bijou.

3. CHATS BOTTÉS

Elles courent, elles courent, les aventurières galactico-bohèmes chaussées de leurs bottes de sept lieues. Les plus hautes ? Les cuissardes lacées d’Etro, talonnées par celles de Moschino Cheap & Chic en daim fuchsia. Les plus futuristes ? Les bottes de Viktor & Rolf, rythmées d’énormes scratchs ou les versions fourrées de Stella McCartney. Les plus précieuses ? Les modèles à motifs persans d’Hermès.

4. SUR LE CARREAU

Carreaux géants, tartans mais aussi pied-de-poule et tweed… Effets d’optique garantis. La palme de l’exercice revient sans conteste à D & G, qui revisite le style Highlands des seventies dans de longs kilts et des chemisiers très BCBG. A noter, aussi, les interprétations techno- couture façon carreaux floutés, pixels géants ou pied-de-poule métallisés.

5. BOHÈME CHIC

Après une célébration haute en couleur des quarante ans de Mai 1968 dans les collections d’été, la mode poursuit sa relecture du style hippie. D’inspirations ethniques en imprimés floraux, c’est l’esprit Biba (la boutique culte du Swinging London) qui colore la saison. En résumé, on recycle ses robes à fleurs pour les porter avec des collants de couleurs et des manteaux en mouton retourné.

6. UTOPIES FUTURISTES

Allô la Terre ? Ici la planète mode. Femme fatale galactique fuselée dans son manteau en vinyle (Balenciaga), prête à franchir le mur du son en top géométrique (Yves Saint Laurent) ou à planer en apesanteur dans son pantalon bulle (Undercover)… Entre rigueur monacale et volumes aérodynamiques, l’hiver 2008 nous propulse dans le futur, dans la grande tradition des utopistes des années 1980 comme Thierry Mugler et Claude Montana.

7. L’ÂGE DE PIERRE

Des robes et des colliers ornés de silex géants (Hussein Chalayan), des tops en soie à imprimé galet (Emanuel Ungaro), des bottes à talon stalactite (Balenciaga) et des vestes hérissées de poils (Jean Paul Gaultier)… Attention ! l’heure du néolithique chic a sonné ! Une certaine idée de l’éternité qui se propage jusque dans la palette minérale (noir obsidienne, gris malachite ou ciment, rose quartz ou sable) et finalement très urbaine de la saison.

8. LA MODE AU COLLET

Cacher le cou pour mieux mettre en exergue le visage… Tel est le leitmotiv de l’hiver 2008. Version soft, cela donne des sous-pulls sixties et des effets drapés (Celine). Version architecturale, des manteaux et des vestes à cols origami géants (Jil Sander), remontant parfois derrière la tête, quitte à la mettre en apnée sous des formes hublot spectaculaires comme chez Margiela.

9. GUIPURES ET DENTELLES

Elles font planer sur la saison un parfum de femme fatale très années 1950. Quasi obsessionnel chez Miuccia Prada, qui sculpte la lumière avec ses guipures noires. Mystérieuse sous ses voiles de mousseline (Sophia Kokosalaki), la dentelle accentue la mélancolie romantique de la saison. Avec un brin de perversité quand elle barre la poitrine d’une croix, sur une blouse Givenchy.

10. L’AIR DES BIJOUX

Austère, l’hiver 2008 ? Oui, mais sans renoncer pour autant aux attributs scintillants. Du coup, on retrouve les bijoux en petites touches électrisantes façon ganse sur les tailleurs Chanel, collier de chien en strass (Balenciaga), bracelets accumulés en tour de cou (Dries Van Noten), plastrons en plumes (Burberry). Ou bien en all over très couture sur des boléros brodés et les franges de robes à danser (Lanvin).

Dossier réalisé par Anne-Laure Quilleriet avec Charlotte Brunel

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