LES FILLES DE L’OURAGAN
1. PARCE QUE Joyce Maynard alterne le journalisme et le romanesque. Elle signe des best-sellers, dont ses mémoires, révélant sa liaison avec Salinger ( L’Attrape-c£urs), un monument des lettres américaines. À l’époque, elle avait 18 ans et lui 53 ans. Shocking ? » J’ai grandi parmi les secrets et les non-dits. C’est pourquoi j’aime aborder des thèmes dont on ne parle pas, comme la famille, la fratrie, les relations hommes/femmes ou parents/enfants. Je place mes personnages dans des situations périlleuses, pour voir comment ils vont surmonter ces épreuves. Nous avons tous des batailles à mener. »
2. PARCE QUELes Filles de l’ouragan ne fait pas exception à la règle. Dana et Ruth naissent dans le même hôpital du New Hampshire. Elles sont radicalement différentes, mais » ces s£urs d’anniversaire » restent en contact. Le lecteur est convié à suivre leurs destinées parallèles. » La famille, ou son absence, constitue la première expérience relationnelle. Elle nous donne une idée de ce que sera le monde. » Celui des héroïnes est alourdi » par des parents désillusionnés. Ce roman se demande si on est le résultat de sa naissance. Peut-on vraiment être qui on veut ? »
3. PARCE QUE la question de l’identité est d’autant plus brûlante lorsqu’il s’agit d’amour. Dana découvre son homosexualité, alors que Ruth vit une passion ravageuse avec Rey, le frère de sa » s£ur de naissance « . D’après Joyce Maynard, » l’amour peut s’apparenter à une drogue, mais aimer l’autre signifie que ses besoins passent avant les nôtres « . Le duo du roman l’apprend à ses dépens. » En exposant son c£ur, on risque d’être confronté à la douleur. Tel est le prix de l’amour. » Le premier est particulièrement déterminant. Pour la romancière, il relève des blessures meurtrières. » Ma vie a été façonnée par Salinger, qui m’a fait croire que j’étais une ratée. J’ai mis des années à m’en remettre… »
4; PARCE QUE devenir femme est parfois un parcours du combattant, surtout au sein d’une certaine Amérique. » Vieillir consiste à accepter de perdre sa beauté et ses rêves, mais on gagne en sagesse « , estime Joyce Maynard. Comme ses protagonistes, elle pensait que l’amour serait la réponse à tout. » Dana doit accepter une identité sexuelle hors normes. Quant à Ruth, elle affronte la perte de l’homme aimé. La résilience m’intéresse car la vie triomphe toujours. »
5. PARCE QUE ce roman rappelle qu’il n’est jamais trop tard. L’important étant de faire la paix avec soi-même. Pour y parvenir, les héroïnes devront briser le sceau d’un secret fondateur et regarder la vérité en face. » Moi, je veux tout savoir afin de faire mes choix. Révéler mon expérience de vie en a choqué plus d’un, mais cela m’a rendue plus forte, clame Joyce Maynard. Je suis une femme libre et chanceuse. En apprenant sa mort prochaine, ma mère m’a dit : la vie n’est-elle pas intéressante ? Notre petite flamme ne s’éteint jamais… »
Les Filles de l’ouragan, par Joyce Maynard, Philippe Rey, 336 pages.
KERENN ELKAÏM
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