La Française est un mythe. Elle jouit d’une aura solaire et d’une aisance naturelle. Elle incarne le raffinement malicieux et l’intelligence du verbe. L’allure à vif et le regard désinvolte, elle a toujours inspiré artistes et créateurs à travers le monde. Elle est un produit labélisé, une adresse reconnue, une image de marque et une valeur sûre. Dans son livre, celles de Sonia Sieff, » de coeur, d’origine, de naissance ou d’adoption « , vous plongent dans un univers de séduction et de volupté. » Les Françaises ont toutes des points communs indéfinissables. Elles sont curieuses, volontaires, libérées, cultivées, lisent des livres… « , raconte-t-elle. A travers 155 images, trente-deux filles et autant de personnalités, la photographe de mode met à l’honneur cette icône de la République, libre et indépendante. Sans voyeurisme aucun, l’artiste nous ouvre les portes de l’intimité, tire les rideaux de la nudité, pour nous dévoiler, au-delà des corps, » des femmes incarnées, animées par des passions et habitées « . Afin de les sublimer, Sonia Sieff a misé sur la relation de confiance avec ses sujets : » Je désirais les rendre aussi belles qu’elles le sont, sans pour autant les retoucher. Les rendre magnifiques, c’était important pour moi, ça fait partie du contrat. » Loin de faire de ces muses des objets, l’enfant des plateaux, fille du célèbre Jeanloup Sieff, a renvoyé au placard la suggestivité, souvent présente dans la plupart des clichés. » Il était essentiel d’avoir des poses qui soient acceptables et assez naturelles, dénuées de toute vulgarité. » Ce faisant, elle réussit l’exploit de libérer ses modèles de quelque représentation que ce soit. De ses instantanés émanent un laisser-aller poétique, une féminité animale et une ode à l’introspection. » Il y a quelque chose de l’ordre du féminisme dans ce livre, de l’ordre de rendre hommage aux femmes par les femmes « , conclut la photographe.
Les Françaises, par Sonia Sieff, éditions Rizzoli New York. Expo Les Françaises, A. Galerie, à 75116 Paris, jusqu’au 1er mai prochain, et Atelier Relief, à 1050 Bruxelles, du 15 mai au 15 juin prochains.
ÉLOÏSE PIRARD
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