Donna Karan, Tommy Hilfiger, Ralph Lauren, Calvin Klein, Diane von Furstenberg… Les griffes créées par les baby-boomers de la mode américaine ne sont pas près de battre en retraite. Que du contraire ! Leur emprise ne cesse de s’étendre sur la planète fashion.

1. DONNA KARAN LE CONCEPT EN 7 BASIQUES

La success-story.

Les fées de la mode se sont penchées très tôt sur le berceau de la petite Donna, née en 1948 à New York d’un papa tailleur et d’une maman mannequin. Sa carrière est fulgurante : entrée chez Anne Klein en 1971, elle reprend les rênes de la maison en 1974, au décès de la créatrice. Dix ans plus tard, Donna Karan fonde sa marque éponyme et lance un concept qui va révolutionner la mode des années 80. Avec ses  » seven easy pieces  » (une robe, une jupe, un body, une blouse, un blazer, un manteau, des leggings), elle transforme la garde-robe de la working girl new-yorkaise.

L’ADN.

Ses sept basiques en coton jersey, chics mais confortables, resteront dans l’histoire de la mode car ils font fi du carcan des toilettes adaptées à chaque moment de la journée : ils permettent en effet à la femme active de changer de silhouette, de la salle de réunion au rendez-vous romantique du soir, sans repasser par la maison. Maîtresse des volumes, Donna Karan n’a pas son pareil pour imaginer des vêtements  » cocon  » ultraféminins, reconnaissables entre mille pour leur tombé léger, leurs formes fluides, leurs tons pastel.

Le printemps-été 2013.

Donna Karan joue sur une douce géométrie avec des silhouettes déstructurées mais poétiques, des vestes courtes sur des robes taille haute pour une allure de ballerine, dans des matières naturelles, soie, organdi, raphia déclinés en tons tout doux. Le dos et les épaules se dévoilent dans cette collection à porter au grand soleil.

2. TOMMY HILFIGER LE CLASSIQUE ROCK’N’ROLL

La success-story.

Le rêve américain de Tommy Hilfiger débute quand il abandonne l’école à 18 ans pour ouvrir sa propre boutique de jeans, The People’s Place, au nord de New York. Il se retrouve vite à la tête de sept enseignes et dessine ses propres modèles très rock’n’roll. Dans les années 80, grâce à un investisseur indien et une brillante stratégie marketing, il change de registre pour faire concurrence à Ralph Lauren. La manoeuvre paie et le styliste devient une légende urbaine. Même s’il a vendu sa société en 2006 pour 1,6 milliard de dollars, Tommy Hilfiger reste impliqué dans le processus de création de la marque.

L’ADN.

Incarner l’Amérique, de Hollywood aux cow-boys du Texas, en passant par Apple, Microsoft et le football américain… La vision de Tommy Hilfiger est plus grande que nature et il n’hésite pas à dépoussiérer les classiques avec une pointe d’excentricité. Chez les hommes par exemple, le blazer croisé sera porté sur un pantalon chino décontracté ou sur un jeans plutôt que sur un pantalon à pinces. Les femmes dévoilent leurs gambettes avec des robes-chemises et des robes-pulls inspirées par le vestiaire masculin.

Le printemps-été 2013.

Tommy Hilfiger a fait mouche à la dernière Fashion Week new-yorkaise avec un défilé très alluré aux couleurs du drapeau américain : rouge, blanc et bleu sur toute la ligne et dans tous les sens. Les rayures sont omniprésentes sur les tailleurs pyjamas, les robes-chemises bi-matières, les jupes légères, les polos près du corps et les maillots. Idéal pour les week-ends à la mer.

3. RALPH LAUREN LA QUINTESSENCE DU CHIC AMÉRICAIN

La success-story.

Né en 1939 dans une famille d’immigrants pauvres du Bronx, Ralph Lifshitz de son vrai nom est un self-made-man qui a fait ses classes en vendant des cravates à ses camarades de lycée. En 1967, il lance une ligne, Polo, qui fait fureur chez Neiman Marcus et Bloomingdale’s. Quatre ans plus tard, à 31 ans, il reçoit le Prix Coty, l’ancêtre du prestigieux trophée du CFDA (Council of Fashion Designers of America), pour ses costumes Homme. Il tire alors son inspiration des campus de Princeton, Harvard et Yale, et de la bourgeoisie de la côte est américaine. Quarante ans plus tard, l’empire Ralph Lauren n’en finit plus de s’étendre et se décline en plusieurs lignes : Black Label, Blue Label, RLX, Rugby…

L’ADN.

Ses grands classiques – la veste d’équitation, le jodhpur et des robes de soirée scintillantes pour les femmes, le costume Homme d’influence anglaise impeccablement taillé pour les hommes – rappellent la grande époque de la Metro Goldwyn Mayer et de ses acteurs fétiches, Audrey Hepburn, Gary Cooper ou Cary Grant. S’il incarne la quintessence du chic américain, le créateur n’a cessé de repousser ses horizons : esprit marin et croisière, ligne  » polo  » et plus récemment des collections insufflées par l’Asie ou l’Amérique latine.

Le printemps-été 2013.

Puisant sa source dans la corrida et ses toréadors, son vestiaire printemps-été 2013 nous emmène dans les rues de l’Espagne profonde. Robes en crochet qui épousent les formes, chemisiers à volants, châle à franges, chapeau andalou et petits foulards au cou sont une ode au flamenco, déclinée en quatre couleurs franches : blanc, noir, rouge carmin et bleu turquoise. Comme à son habitude, Ralph Lauren clôt le spectacle avec des robes du soir dignes d’un conte de fées, et une standing ovation.

4. CALVIN KLEIN L’EMPIRE DES SENS

La success-story.

En 1968, la première collection du jeune couturier ne compte que neuf looks, mais ceux-ci font fureur à New York. L’année suivante, un de ses manteaux en laine gris pâle apparaît en couverture du Vogue américain. Le succès ne sera jamais démenti. La performance d’une Brooke Shields encore adolescente qui murmure dans un spot publicitaire, en 1980,  » Il n’y a rien entre moi et mes Calvin  » propulse les ventes de jeans du label. Le couturier s’attèle ensuite à moderniser la lingerie masculine et féminine et sera le premier à faire défiler ses mannequins en dessous. En 2003, Calvin Klein cède son empire au groupe du luxe et de l’habillement Phillips-Van Heusen et se retire du monde de la mode.

L’ADN.

Comment marier le minimalisme et la provoc ? C’est tout l’esprit deux en un de Calvin Klein, qui a révolutionné le sportswear Homme et Femme, de la tête aux pieds. Ultramodernes, ses lignes sont toujours sobres, ses tons monochromatiques. Son sex-appeal, lui, provient en grande partie de ses campagnes de pub osées où apparaissent de jeunes mannequins dans des poses lascives.

Le printemps-été 2013.

Francisco Costa prouve, saison après saison, qu’il est le digne successeur du  » sultan du minimalisme « . Pour 2013, ses silhouettes estivales, articulées autour de bustiers coniques structurés, signent un érotisme empreint de retenue. Les coupes sont droites, mais la superposition du noir et du blanc et le travail de tulle tout en transparence renforce la féminité des looks. Chic et sexy à la fois, le credo de Calvin Klein.

5. DIANE VON FURSTENBERG LA ROBE PORTEFEUILLE TOUJOURS RÉINVENTÉE

La success-story.

Née Diane Simone Michelle Halfin à Bruxelles le 31 décembre 1946, notre compatriote cumule les étiquettes : princesse à 18 ans suite à son premier mariage avec Egon von Furstenberg, puis mannequin, créatrice, femme d’affaires et philanthrope. Ses initiales DVF sont connues dans le monde entier, et elle le doit à sa fameuse robe portefeuille, imaginée au début des années 70, et entrée depuis au livre Guinness des records avec 5 millions d’exemplaires vendus en cinq ans. Si sa carrière a été marquée par un passage à vide dans les années 90, c’est pour mieux revenir sur les devants de la scène, avec des collections toujours plus riches et variées.

L’ADN.

 » Sentez-vous femme, portez une robe.  » Avec ce slogan lancé en pleine révolution féministe, Diane von Furstenberg détrône rapidement le tailleur de rigueur à l’époque pour donner à l’Eve moderne tous les atouts de la féminité. Elle est célèbre pour sa créativité débordante, ses imprimés chatoyants, sa recherche sur les matières, que ce soit pour un tailleur en tweed brodé ou une robe de plage légère. Depuis 2001, elle collabore avec de jeunes stylistes de talent, Nathan Jenden d’abord, auquel a succédé, en 2010 et jusqu’à septembre dernier, Yvan Mispelaere, chargés d’interpréter sa vision. Preuve de son statut de star au firmament de la mode américaine, elle préside désormais le prestigieux CFDA.

Le printemps-été 2013.

Pour les beaux jours, DVF signe – encore avec Yvan Mispelaere, peu avant son départ de la maison – une collection exotique d’influences orientales mais aussi personnelles.  » La plupart des contes de fées se terminent quand la jeune fille épouse le prince. C’est à ce moment-là que le mien a commencé « , écrivait-elle sur le carton d’invitation, une référence évidente à sa vie. Comme dans un conte des Mille et Une Nuits, elle superpose des tuniques de soie et sa fameuse robe portefeuille sur des pantalons sarouels ajustés à la cheville. Caftans et robes drapées sont une ode au graphisme et à la couleur. n

PAR ELODIE PERRODIL

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