Londres, Milan, Paris. Trois capitales de la mode dont nous avons arpenté les podiums. Entre une Fashion Week londonienne surmédiatisée, un Milan superbrillant et un Paris romantique, voici une sélection des meilleurs moments des défilés printemps-été 2007.

Londres

Dimanche 17 septembre. Kate Moss superstar. Au défilé  » Unique  » de Topshop, Kate Moss a créé l’événement. Habillée d’un jeans et d’un simple tee-shirt, son look supernature, genre  » je viens de me réveiller « , suscite, comme toujours, une bousculade de commentaires dans la presse dès le lendemain. Sa présence au premier rang auprès de Philip Green, le PDG de Topshop, aussi. On apprendra, en effet, quelques jours plus tard, que la belle a signé un contrat avec le grand magasin britannique pour lancer, dès le mois d’avril prochain, sa ligne Kate Moss by Topshop ( lire aussi Weekend Le Vif/L’Express du 13 octobre dernier). A Londres, une Fashion Week sans Kate Moss est-elle encore vraiment fashion ? La saison dernière, la top se faisait remarquer par des photos sulfureuses où on la voyait absorber des lignes de coke ; cette fois-ci, la Britannique de 32 ans affiche son défilé… de contrats (Rimmel, Chanel, Vuitton, Dior, Burberry, Calvin Klein, l’Agent Provocateur, Belstaff, Bulgari…, elle en compte 14 au total !), le top de cette Fashion Week.

Mardi 19 septembre. La leçon de style de Paul Smith. Le créateur britannique livre un défilé où il décline avec virtuosité son habituel registre masculin-féminin. Les jeans sont portés à la manière des hommes, c’est-à-dire très bas sur les hanches laissant entrevoir… le caleçon, une tendance également repérée dans les rues de Londres. Les pulls débardeurs s’affichent en vert pomme, le bermuda s’associe avec une veste d’homme, les tailleurs pantalons sont accessoirisés de petits tennis blancs, un accessoire récurrent du défilé (Paul Smith  » himself  » viendra saluer en costume et tennis blancs), les robes chemisiers sont en superposition sur un short, les cravates se nouent sur un débardeur, les chemises à jabots s’associent à des derbys rétros et, nouveauté cette saison, on ressort ses sabots ! Bref, étrangement, chez Paul Smith, plus c’est masculin, plus c’est féminin. Le créateur britannique joue avec les genres et on en redemande.

Le retour de Biba. Un des événements attendus de cette Fashion Week londonienne, c’était le retour, sur le devant de la scène, de Biba, la griffe mythique des années 1960 et du Swinging London. Pour célébrer l’événement dignement, l’acteur Hugh Grant était invité au défilé. En vrai gentleman, Mr Hugh Grant arrive à l’heure, ignorant sûrement que dans le monde de la mode, il faut retarder sa montre d’une bonne heure. Résultat : l’acteur le plus sexy du royaume a dû patienter à l’extérieur comme les autres… l’occasion de passer quelques coups de fil. Les journaux du lendemain devaient nous révéler que son côté accro au téléphone portable lui avait valu une dispute avec sa compagne Jemina Khan. Pour le défilé Biba, la styliste Bella Freud offrit un festival d’imprimés 1960 et 1970 qu’elle avait redessinés, de tailleurs en velours vert, d’étoiles distillées sur les vêtements, de salopettes en jean courtes, de bandeaux noirs dans les cheveux façon B.B., de robes portées sur des tee-shirts, de salopettes enfilées sur des chemisiers, de léopard, de paillettes… bref un look qui ravit les amateurs des années 1960 et 1970, mais que l’on peut aussi désormais trouver dans les boutiques vintage…

Jeudi 21 septembre. Zoom sur les jeunes talents. La London Fashion Week, c’est aussi l’occasion de découvrir des jeunes talents, comme Christopher Kane, tout fraîchement diplômé du Central Saint Martins College de Londres et déjà embauché chez Donatella Versace ; ou Gavin Douglas, lauréat de la Fashion Fringe qui comptait cette saison Tom Ford dans son jury ; et aussi Gareth Pugh, suivi depuis deux saisons déjà avec attention pour ses créations extravagantes, son jeu sur les volumes et les proportions. Notre coup de c£ur s’est porté sur le duo Antoni & Alison, qui a livré une collection très fraîche de tops smockés, de jupettes bloomers, de petits shorts en lamé argent, de chapeaux en forme de pâquerettes, d’imprimés ananas, de jupons jaune fluo. Du merveilleux à l’état pur…

Le sacre de Giorgio Armani. Le moment tant attendu, la big highlight de cette Fashion Week londonienne, c’était l’entrée d’Emporio Armani dans le calendrier des défilés. Et la soirée organisée par le maître italien au profit de (Product) Red ( lire Weekend Le Vif/L’Express du 13 octobre dernier). Ce jour-là, Giorgio Armani est nommé directeur artistique de l’édition du très sérieux quotidien  » The Independent « . Pour annoncer son événement, qui choisit-il en cover ? Kate Moss, of course, dont le visage repeint en noir et photographié par le célèbre Nick Knight rappelle que la soirée d’Armani, baptisée  » One Night Only « , est destinée à la lutte contre le sida en Afrique.

Milan

Lundi 25 septembre. Le triomphe du brillant. Pas de doute possible : le brillant sera LA couleur de base de notre garde-robe estivale. On met de l’argenté partout. Chez Burberry, mais aussi plus tard chez Gucci, comme dans la plupart des défilés de cette semaine milanaise… Bref, on frôle parfois l’overdose. Le lamé argent a même remplacé le doré qui ne subsiste plus que par petites touches. La couleur sied bien à l’esprit futuriste qui domine les collections.

Mardi 26 septembre. Antonio Marras : romantisme pas mort ! En marge des tendances, le créateur italien, qui est aussi le directeur artistique de Kenzo, nous ravit avec une collection très romantique, très fleurie, légèrement hors du temps, servie par des airs d’opéra. On est en Italie, et ici la mode se veut lyrique. Antonio Marras nous offre un beau moment d’émotion.

Mercredi 27 septembre. Raf Simons pour Jil Sander. Même quand il fait de la couleur, Raf Simons reste austère. Sa robe orange est impeccable. Teintes acidulées certes (vert pomme, orange, jaune canari), mais coupes cliniques, rigoureuses. Un véritable tour de force du créateur belge qui signe une sublime deuxième collection pour la griffe allemande.

Retour vers le futur avec Dolce & Gabbana. Un grand moment de cette semaine de la mode milanaise. Collant parfaitement à l’esprit futuriste qui flotte sur la plupart des collections, le duo Dolce & Gabbana nous offre un fabuleux retour vers le futur avec une collection à dominante lamé argent (encore une) où les corps sont transformés, gonflés, comme s’ils étaient passés dans les mains du scalpel d’un chirurgien esthétique. Bref, on se croirait dans un épisode de  » Nip Tuck « , la fameuse série américaine à succès.

Vendredi 29 septembre. Prince chez Versace. Après un défilé très enlevé, imbibé du graphisme et de la coupe des robes de Gianni des années 1960, un petit comité d’invités, dont Weekend, est convié à la soirée Versace avec, en guest star, Prince en concert privé. Avec un événement d’autant plus exclusif qu’il se murmurait qu’après cette prestation, le chanteur aurait annulé tout le reste de sa tournée ! Il a fait un véritable tabac. Beyoncé chez Armani, Prince chez Versace, à Londres… Placebo chez Agnès b. et Boy George chez Jean Paul Gaultier, à Paris… Nul doute que cette saison, plus que jamais, les créateurs de mode envoient la musique.

Paris

Lundi 2 octobre. La valse audacieuse de Viktor&Rolf. Ce n’est pas nouveau, chez Viktor&Rolf, mode rime avec marketing. Pour le lancement de leur parfum pour l’homme,  » Antidote « , les créateurs néerlandais ont misé sur un défilé à l’ambiance légèrement surannée. Pour nous accueillir, un décor de bal, lustres en cristal, suspendus au plafond d’une des salles du Carrousel du Louvre. Au premier rang, des petites tables éclairées de lampes ont été installées pour quelques journalistes privilégiés. Ambiance très voiture-restaurant de l’Orient Express. Après une belle collection de trenchs étoilés et de sublimes robes aux franges entièrement perlées présentées sur une bande-son live, des hommes en couple entament une valse. Un final époustouflant. On applaudit l’audace.

Mardi 3 octobre. John Gallianosuscite la polémique. Il y a ceux qui ont aimé, et ceux qui ont détesté. Ceux qui ont apprécié ce retour à une certaine forme d’épure (exigée par la maison ?), au chic, au vrai Dior… Et ceux, qui au contraire – Suzy Menkes, Fashion Editor de l’  » Herald Tribune  » en tête -, n’y retrouvent plus l’âme créative de Galliano, fustigeant un défilé ennuyeux, où l’esprit même du directeur artistique de la griffe française semble avoir été vidé de sa substance. Nous, on a aimé ce retour aux sources, cette succession de robes du soir, même si le gris présenté en début de défilé ne nous a pas paru très estival.

Mercredi 4 octobre. Hussein Chalayan : notre coup de c£ur absolu. Le créateur chypriote turc signe le défilé de la semaine de la mode de Paris et sûrement LE défilé de la saison. Jouant à fond la carte futuriste, Hussein Chalayan propose des vêtements modulables, transformables, qui s’ouvrent, se ferment ou enfin disparaissent complètement sous un chapeau semblable à une soucoupe volante. Sont-ils téléguidés backstage ou dotés d’un mécanisme interne ? On promet de vous en dévoiler davantage très bientôt… Quoi qu’il en soit, on est complètement sous le charme de cette mode en mouvement…

Jeudi5 octobre. Les Belges en superforme. Lauréat du prix de l’Andam (Association nationale française pour le Développement des Arts de la Mode) qui lui a permis de financer ce défilé, Christian Wijnants présente, dans la cour de l’école des Beaux-Arts, une collection au style très personnel, aux couleurs minérales, aux matières délicates. Comme souvent chez les Belges, pas de hiérarchie dans les rangées, ici tout le monde est assis au premier rang. Un point de détail très apprécié. Christian Wijnants confirme la bonne forme de nos compatriotes. Le dimanche, Martin Margiela offrait, enfin, un vrai défilé à la tonalité très 1980, avec des corps sculptés sur des bodys, des simulations d’épaulettes, où des tailleurs veste-pantalon qui tombaient impeccablement sur des accessoires en PVC transparent. Le mercredi suivant, place à un défilé ultraféminin, d’un raffinement extrême, parfaitement orchestré. Haider Ackermann enfin, éblouissait le vendredi à la Sorbonne, avec une collection où l’on retrouve à la fois sa patte, leggings fins, superposition, cuir, mais aussi de belles surprises comme cette superbe robe du soir, couleur framboise écrasée.

Vendredi 6, samedi 7 et dimanche 8 octobre. Un final tout en beauté. Chez Chanel, des lolitas raffinées se succèdent dans une mise en scène remarquable signée Etienne Russo. Sensuelle nonchalance au défilé Hermès, avec un premier rang installé sur des transats. Au carreau du Temple, John Galliano, lui , émeut avec une collection au plus près de lui-même. Sobriété, romantisme, épure sont les mots qui définissent le mieux ce nouveau Galliano, loin du tapage et des excentricités auxquelles le créateur britannique nous avait habitués. Louis Vuitton, enfin, livre un défilé plein de vitalité et une collection un peu  » boudoir « , où le rose poudré prédomine, et les sacs à main prennent des allures champêtres. En leitmotiv, un LoVe très romantique s’affiche, insolent, en référence au sigle de la marque. On ressort du show regonflé, comme nourri par ce message de vie. C’est ça aussi le pouvoir des défilés.

Agnès Trémoulet

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