Dans un livre-mosaïque surprenant et pudique, Philippe Torreton nous parle de sa passion des planches et nous dévoile les côtés parfois cocasses de  » l’arrière-boutique « .

Vous vous définissez comme un amoureux. Que signifie ce mot pour vous ?

On dit que j’ai une fougue, un caractère entier, la passion d’aller au fond des choses sans regrets. Que ce soit dans le relationnel ou dans mon métier, j’aime l’investissement et la plénitude.

Et un amoureux du théâtre ?

On ne peut pas aimer le théâtre si on n’aime pas les métiers du théâtre, qui sont si riches. J’apprécie les répétitions, parce qu’elles permettent de tester, d’inventer et de chercher des choses. Ce livre reflète ma curiosité permanente. Il se veut aussi une déclaration d’amour à cette profession qui m’a tant donné.

En quoi cette profession vous a forgé en tant qu’homme ?

La lecture des £uvres nous amène à affiner ce qu’on a en soi de façon brouillonne. Shakespeare, Beckett ou Koltès m’éclaircissent sur certains points. Je fais du théâtre depuis l’âge de 12 ans. Apprendre le théâtre, c’est apprendre à se découvrir, mais la méconnaissance de soi nous fait avancer.

Vos rêves de petit garçon ?

Plein d’envies de métiers. Pompier, soldat, vétérinaire, gardien de réserve en Afrique, agriculteur, policier, instituteur, avocat. être comédien m’a aidé à concrétiser mes jeux d’enfant.

Que reste-t-il de ce  » petit gars de campagne  » ?

L’accent et mon côté rustre reviennent quand je suis fatigué ou entre copains. Mes références à l’enfance et les odeurs de la nature sont inscrites en moi. Quand je vivais chez ma grand-mère, j’allais couper du bois, nourrir les poules et les veaux, fumer en cachette.

 » Jouer, c’est trahir « , dites-vous ? Vous pensez vous trahir ?

Peut-êtreà On s’accapare le plus sincèrement possible d’une écriture, mais il faut lui être rebelle pour la faire sienne. Jouer, c’est investir, envahir, questionner et fouiller. Toutes mes joies et mes peines sont grattées sur les cordes théâtrales. Tel est mon champ d’expression et je n’ai pas fini de le labourer.

Vos planches de salut ?

Ce qui me raccroche, c’est l’essentiel : ma famille.

Votre fierté ?

Mes trois enfants, j’aime les êtres humains qu’ils sont.

Vos libertés ?

Ce métier et celle que j’aime. L’amour rend libre.

Qu’aimez-vous dans le théâtre de la vie ?

Tous les gens, même les méchants, parce que les histoires et les romans s’inspirent de la vérité. J’aime le récit, le témoignage et le journal intime. On n’invente rien, on ne fait que puiser.

Le monde est-il enchanteur ou désenchanté ?

En tant qu’optimiste réaliste, je dirais les deux.

Si  » jouer, c’est comprendre la vie « , qu’avez-vous compris ?

L’acceptation et le silence, on apprend plein de choses en se taisant.

Petit lexique amoureux du théâtre, par Philippe Torreton, Stock, 252 pages

Par Kerenn Elkaim

Jouer, c’est investir, envahir, questionner et fouiller.

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