Un livre magnifique, une belle occasion de se livrer pour cet antiquaire, architecte d’intérieur et Anversois de pointure internationale.

Axel Vervoordt s’est imposé pour son élégance et ses alliages époustouflants. Dans  » Intérieurs intemporels  » (1), le grand antiquaire et architecte d’intérieur nous ouvre les portes de ses créations : le château de ‘s Gravenwezel, son chalet perso, le Palais royal, une ferme toscane. Derrière  » l’homme pressé  » se trouve un être passionné, un mélomane, philosophe, zen et épicurien.

Qu’est-ce qu’un intérieur harmonieux ?

C’est un intérieur qui ressemble aux gens qui l’habitent et qui les rend heureux. Personnellement, j’apprécie les grands espaces, les belles bibliothèques et les pièces dépouillées, aux objets très forts.

A quelle époque aurait aimé vivre l’antiquaire que vous êtes ?

Aujourd’hui ! J’aime être dans le mouvement. Nous avons cette chance de vivre dans le présent en regardant le passé. Quel plaisir d’être de ceux qui bâtissent l’avenir.

Quelle est votre £uvre d’art préférée ?

Il s’agit d’un portrait chinois, datant du xiie siècle. Ce moine en méditation a une présence extraordinaire. Il dégage une telle énergie, que je le perçois comme mon maître. L’art nous apprend à regarder le monde. J’aime aussi les toiles minimalistes de Fontana, car il crée une troisième dimension du vide : celle où tout va renaître.

Quel est le comble du mauvais goût ?

L’ostentatoire. Tout ce qui fait plus que ce qu’il n’est. J’ai horreur du paraître.

Un grain de folie ?

Pour mes 60 ans, je vais faire partie de la Biennale d’Art contemporain à Venise. Je vais restaurer le palais Fortuni, qui est rongé par le temps. Les vieux murs sont comme de l’art abstrait, car le temps est le plus grand sculpteur. L’expo organisée sera pleine d’artistes. Je prévois aussi une fête au Palais des Doges, avec une table pour 500 personnes, digne d’un tableau de Véronèse.

La mode c’est…

Très important. J’aime qu’elle soit classique, intemporelle et vintage. Aujourd’hui, je porte un costume en tweed, fait sur mesure à Londres, il y a vingt ans.

L’invention la plus prodigieuse ?

L’avion. A chaque fois que je suis dans les airs, je suis impressionné. C’est si extraordinaire de pouvoir voler.

Quel livre ou CD emporteriez-vous sur une île déserte ?

Aucun. Autant emporter tous les souvenirs vécus, car ce sont des cadeaux inestimables. Les plus beaux tableaux sont ceux qu’on a dans la tête… L’air, le soleil, la mer, je préfère tout redécouvrir, car il y a des microcosmes en tout. J’aimerais me sentir en harmonie avec ces éléments.

Votre pays favori ?

Le Japon rural m’inspire énormément, car les artistes m’y reçoivent chez eux. Ils possèdent un raffinement extraordinaire et ne connaissent pas le gaspillage. La moindre chose leur est précieuse. C’est une belle leçon de vie.

A quand remontent vos dernières larmes ?

C’est très récent… Issu de la Fondation Gutaï, un tableau Shiraga a été déballé puis accroché au mur. J’étais tellement ému par la force de cette toile, que j’en ai pleuré.

Le bonheur, c’est…

Etre capable de rendre les autres heureux.

(1)  » Axel Vervordt – Intérieurs intemporels « , par Armelle Baron & Christian Sarramon, Flammarion.

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Propos recueillis par Kerenn Elkaïm

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