Aux looks sobres de la saison, répondent des accessoires fastueux. Talons, sacs ou bijoux : les créateurs optent pour la démesure.

Chez Nina Ricci, les belles culminent à des hauteurs vertigineuses, dans des bottines étincelantesà sans talons. Dans la collection automne hiver 09-10 de Dolce & Gabbana, compensées, sacs, boutons ou chapeaux s’inspirent de l’univers de la créatrice Elsa Schiaparelli (lire en p. 76), mais aussi des artistes Jean Cocteau, Salvador Dalí et Man Ray. La maison Valentino, comme d’autres griffes, a recouvert plusieurs de ses sacs de vison. Quant à John Galliano, ses beautés slaves se promènent sur des sandales composées de deux plates-formes et d’une kyrielle de pompons grimpant jusqu’aux genoux.

Cette saison encore côté accessoires, les designers jouent la carte de l’opulence. Toujours plus de faste, de matières luxueuses, de formes réinventées, d’ornementsà Le tout sans être ostentatoire, une attitude bien trop démodée. Un exercice de style à outrance qui contrecarre largement la sobriété de nombreuses silhouettes, très années 40, aperçues sur les catwalks. Place aux pièces majestueuses, qui apportent davantage de fioritures aux looks bien sages. Un peu de plaisir dans un monde redevenu raisonnable, crise oblige.

Gardant à l’esprit que l’accessoire constitue un produit d’appel par excellence – qui donne la possibilité à tout un chacun d’entrer dans le monde du luxe -, les marques griffées apportent un soin tout particulier à leur collection de sacs, chaussures, foulardsà A l’instar d’Hermès, notamment. Cette maison résiste particulièrement bien à la récession, grâce aux ventes de ses sacs, qui ont augmenté de 21 % au second trimestre 2009. Tout comme  » les carrés de soie, les accessoires de mode et le prêt-à-porter masculin, qui ont aussi tiré la croissance « , confiait cet été Patrick Thomas, le gérant d’Hermès, au Figaro.

Question tendances, les accessoires réchauffent l’atmosphère cet hiver. Par le biais de couleurs chaudes, comme le rouge et le violet. Par l’abus de notes punk et rock : on privilégie les clous, les rivets et autres pièces métalliques. Sans oublier les reflets brillants, les belles matières et les formes travaillées, comme s’il s’agissait d’objets ultra-construits. Revue de détails.

Se serrer la ceinture

Comme la mode est aux tailles de guêpe, les ceintures se repèrent partout. Elles s’accompagnent de bijoux, pampilles ou breloques. Obi (chez Hiroko Koshino) ou corset de cuir (chez Fendi ou Ann De Meulemeester), elles serrent autant les robes et jupes crayons que les manteaux. Un accessoire indispensable cette saison.

Prendre ses cliques et ses sacs

Cette saison encore, on observe de grandes besaces fourre-tout ou des formats extrasmall, dont le nombre de détails est inversement proportionnel à la taille. Mais une tendance forte se dégage par ailleurs : les sacs deviennent rigides, presque stricts. Ils prennent même une forme carrément cartable, chez Chanel par exemple. La it Brit Agyness Deyn a déjà perçu le potentiel de cette nouvelle vague. Dans les rues de New York, elle se promenait dernièrement avec le modèle Gatsby de Longchamp. Un format tout sauf souple et mouà

Autant en emporte le gant

Pour se protéger du froid, on n’hésite pas à cacher ses mains, voire même ses bras. Les gants longs – en cuir verni, de préférence – ont eu droit à une place de choix sur les podiums. Chez Giorgio Armani, ils accompagnent admirablement des silhouettes où résonnent des accents eighties. Ceux de Givenchy sont ornés de plumes d’autruche, qui caressent les avant-bras des tops. Les versions mini ne sont pas en reste, pour autant que leur coupe s’arrête bien avant le poignet. A voir par exemple chez SportMax, où les doigts du gant sont même dotés de petites pièces métalliques, évoquant des ongles. Enfin, il reste l’option des manchons, cousus ou non à même le vêtement, le plus souvent en fourrure et repérés chez Marni, Missoni, Iceberg, Pollini, Dolce & Gabbanaà

Mon chou, mon bijou

C’est particulièrement dans les bijoux que les créateurs font preuve de démesure, tandis que Marni, habitué du genre, propose des plastrons gigantesques, Christian Dior fait pleuvoir des pluies de médailles ajourées. Le Belge Kris Van Assche réchauffe ses silhouettes avec un triple ras-du-cou et des bracelets en métal doré. Même philosophie chez Christian Lacroix, qui travaille sur des chaînes en or de longueurs diverses. Et on ne présente plus les bijoux graphiques d’inspiration Art déco de Lanvinà A chaque fois, les notes dorées, diamants, pierres et cristaux éclairent les visages et les looks.

Sur les talons

Lors du défilé de Dolce & Gabbana résonnaient les notes du tube Get on your boots. U2 ne croit pas si bien dire. Cette saison, les marques proposent une large déclinaison de bottines, mais aussi de cuissardes (lire notre Dress Code en page 20), mocassins, salomés ou escarpins. Un seul mot d’ordre : la hauteur du talon, qui oscille facilement entre 10 et 12 centimètres. Voire plus :  » Nos talons compensés peuvent aller jusqu’à 17 centimètres de haut, détaille-t-on chez Kenzo. Cela fait de cette paire de chaussures un accessoire fort de notre collection. Elle permet aussi d’apporter de la féminité et de compenser l’aspect militaire russe et folklorique de la collection.  »

Outre ces hauteurs vertigineuses, on remarque également un travail sur la forme du soulier. Les talons de Givenchy sont par exemple sculptés et moulés, dorés à l’or fin. Ceux de Dries Van Noten sont en python, tandis que Chanel y plante un anneau au milieu. Un engouement pour des modèles très graphiques, architecturaux, que l’on retrouve aussi du côté des chausseurs.  » Notre collection doit être équilibrée, informe-t-on chez Roger Vivier. Nous proposons des modèles de sacs ou de souliers pour différents types de femme ou différents moments : un côté pratique dans la journée, plus recherché pour un cocktail ou un dîner, ou extravagant pour une soirée. « 

A noter cependant que le plat opère une petite percée cet hiver. On voit des sneakers chez Issey Miyake, des baskets à tête de Mickey Mouse chez Jeremy Scott, des Dr. Martens chez Jean Paul Gaultierà Même Carine Roitfeld, rédactrice en chef du Vogue français et droguée au stiletto, a opté pour un modèle plat de ghillies, lors du dernier Festival de Cannes. Signe avant-coureur d’un changement des mentalités ?

par Catherine Pleeck

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