Aujourd’hui, l’improvisation se conjugue à la technologie pour mieux organiser nos vies. Zoom sur une tendance a priori paradoxale.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier sur la Première (RTBF radio).

Petit scoop : les nouvelles technologies de la communication ont bouleversé nos vies. E-mail, chat, SMS et tout le toutim plantent désormais le décor d’une existence  » connectée  » où l’organisation de la journée et le rapport à la séduction passent inévitablement par les voies froides de l’informatique. Grand scoop : cette dérive comportementale donne aujourd’hui naissance à un nouveau phénomène de société que l’on pourrait appeler  » l’improvisation organisée « . En clair : grâce à ces puissants gadgets technologiques, l’être humain du XXIe siècle dispose d’une rapidité d’action phénoménale et d’un rapport au temps complètement accéléré. Ses loisirs, ses sorties et même sa vie sentimentale s’organisent en deux bips trois clics pour le lendemain, le soir même, voire l’heure qui suit. Exemple significatif : la prolifération des free parties, ces soirées clandestines dont l’adresse n’est révélée qu’ à la dernière minute par SMS ou par e-mail auprès des initiés. En général, il s’agit d’entrepôts abandonnés ou d’usines désaffectées (parfois des clairières isolées en été) où les responsables installent un groupe électrogène et une sono assourdissante le temps d’une nuit  » hors la loi « . Pour adhérer à ces improvisations festives, il suffit d’être attentif aux flyers qui garnissent généralement magasins de disques, boîtes de nuit et autres salles de concert : ces  » invitations volantes  » sont en effet le passage obligé vers des sites Internet où il convient de laisser son numéro de téléphone portable ou son adresse e-mail pour être informé le jour J du fameux lieu L à l’heure H. Idéal pour ceux qui ne cessent de répéter que les meilleures soirées sont toujours improvisées. Plutôt récent, ce phénomène du  » coup de tête organisé  » ne concerne toutefois pas que la jeunesse bondissante. Gagnées par la fièvre des bonnes surprises, les autres générations sont, elles aussi, de plus en plus touchées par le syndrome de la dernière minute, notamment dans le secteur des voyages. Grâce à l’émergence de ces compagnies aériennes qui bradent le prix des city-trips ( www.ryanair.com, www.virgin-express.com, www.easyjet.com…), il n’est plus du tout déplacé ni excentrique de s’offrir un week-end à Madrid ou à Rome sur le pouce. Avant, on suggérait à sa bien-aimée :  » On n’irait pas voir Mamy ce dimanche ? » ; aujourd’hui, c’est plutôt :  » Un p’tit Venise, ma chérie ?  » A 20 euros le vol simple, il y a de quoi succomber à l’improvisation d’un aller-retour rondement mené grâce à la réservation on line. Côté c£ur, l’air du temps est, lui aussi, aux opportunités aléatoires offertes par la sphère Internet. Grâce à la multiplication des sites de cyber-rencontres, il est de plus en plus facile de fixer, en quelques minutes, un rendez-vous à très court terme pour prendre un café, oser un restaurant et plus si affinités (notamment sur www.rendez-vous.be). Mais attention, car les nouvelles technologies qui glorifient cette spontanéité organisée ont aussi un revers à leur belle médaille. Ainsi, en Malaisie, un tribunal islamique a récemment autorisé un citoyen de sexe masculin à divorcer par SMS ! Là-bas, un musulman peut en effet répudier son épouse en disant simplement, à trois reprises,  » Je divorce de toi  » et,  » progrès  » oblige, les autorités malaisiennes compétentes peuvent ainsi accepter que le mari le fasse désormais par SMS. Joli thème pour la Ligue d’impro. Technologie, quand tu nous tiens…

Frédéric Brébant

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