Si Sébastien Delaunoy aime les beaux accessoires, ce n’est pas un hasard, c’est génétique, il a grandi avec Ciel mes bijoux ! Au Sablon, à Bruxelles, dans sa boutique Excelsior, il prouve définitivement que les chiens ne font pas des chats.

Si vous grandissez entre deux collectionneurs, spécialistes des bijoux et des paruriers de la haute couture, qui, en plus, ont pignon sur rue avec une boutique bruxelloise mythique, baptisée Ciel mes bijoux !, joliment située dans la galerie du Roi, le destin vous rattrapera un jour ou l’autre, forcément. C’est ce qu’il fit avec Sébastien Delaunoy, 35 ans, mais avec détours préalables. Rétroactes : les puces durant les années 80, la place du Jeu de Balle, le stand de sa mère qui  » tranchait avec tout le reste, il était juste magnifique « , elle était alors tombée en amour pour les boutons vintage ; le dimanche, avec son frère, il la rejoignait là, jouait à brocanteur avant  » d’aller manger un paquet de frites « . De vocation, on l’aura compris, il n’en est pas encore question. Même si, le soir, à table, chez Godelieve et Patrick Sigal, on parle beaucoup de bijoux –  » j’ai mille souvenirs de maman qui sort des colliers de son sac, elle nous montrait ce qu’elle avait trouvé, des pièces parfois complètement dingues « , Sébastien conserve intact l’émerveillement partagé. Pourtant, quand il s’agit de trouver sa voie estudiantine, il s’inscrit en Sciences politiques à l’ULB, ça lui paraît logique, il aime l’actualité, est un lecteur assidu de quotidiens. Il vire alors dessinateur de presse, sans avoir pourtant jamais beaucoup crayonné, ça lui a pris en rédigeant son mémoire sur La position de la France dans le conflit Iran-Irak ; il signe Mabi des esquisses percutantes et conceptuelles parfois, illustrant avec constance le site de Skynet, des chroniques de philosophe ou des textes de prisonniers québécois. Mais ce genre de dessin-là ne nourrit pas son homme, il a bien fallu se rendre à l’évidence, d’autant qu’entretemps, il est devenu père de famille,  » avec un petit bout et un deuxième en projet « . Sans regret et dans la légèreté –  » j’avais fait ce qui me plaisait et cela m’avait permis de me développer personnellement  » -, il sait qu’il est temps de se reconvertir, ça tombe bien, sa mère et son beau-père lui proposent alors de travailler pour Ciel mes bijoux !, il accepte, l’idée n’est pas saugrenue, depuis toujours, il les a vus s’enflammer, chiner, étudier, collectionner. Il les a même secondés quand, en 2006, ils initièrent la très belle exposition au Grand-Hornu sur Les Paruriers de la haute couture et puis, il a été à bonne école, les amis artistes gravitent dans l’univers familial, Christian Astuguevieille et Hervé Van der Straeten l’ont biberonné, ou presque.

Sébastien apprend le métier et se prend au jeu. Un jour, un espace se libère au Sablon, rue Ernest Allard, juste en face de la boutique Vintage où s’est installée sa mère – elle y donne libre cours à son amour des sacs, de l’illustre Brillant au légendaire Kelly, ne délaissant que physiquement son Ciel mes bijoux ! dont découle vraiment tout le reste.  » Je m’imaginais bien dans mon petit magasin « , se souvient-il. Novembre 2012, il inaugure son Excelsior, épaulé par son beau-père, l’idée est que les trois lieux soient complémentaires, et qu’ici ils puissent proposer des accessoires essentiellement contemporains, que du beau et des matières nobles  » qui sortent de l’ordinaire « , des écharpes et des cravates en maille des incroyables soeurs De Clercq & De Clercq, les baskets éthiques et solidaires Twins for Peace, des sacs NSEW, les fleurs en résine de Ciléa, la petite maroquinerie de Michael Guerisse O’Leary, les montres Briston, les bijoux contemporains d’Hervé Van der Straeten, ceux en trompe-l’oeil, coton et silicone d’Uli Rapp, plus une petite sélection de bijoux vintage essentiellement griffés Chanel. En guise de décor, du mobilier signé Astuguevieille, un plafond peint en rouge sur son conseil, une grande et belle tapisserie de Mario Botta et derrière le comptoir, la structure résille Algues des frères Bouroullec. Sébastien rêvait de créer une  » atmosphère « , pari tenu. Quant au nom, Excelsior, comparatif latin de l’adjectif  » excelsus « , rien de prétentieux, juste une référence, une révérence à un poème d’Henry Wadsworth Longfellow, on ne se refait pas.

Excelsior, 10, rue Ernest Allard, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 502 67 90. www.cielmesbijoux.com

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

Que du beau et des matières nobles  » qui sortent de l’ordinaire « .

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