L’entrepreneur de jardin belge Stefaan Parret se plaît à faire sans cesse évoluer son domaine privé. En jouant avec les lignes et les perspectives, il réussit à créer un paysage à la personnalité très affirmée.

Carnet d’adresses en page 105.

L orsqu’on pénètre dans le jardin privé de Stefaan Parret, le regard est aussitôt attiré par une immense arcade découpant le paysage à la façon d’un grand coup de pinceau sur une toile abstraite. Elle n’est pas encore complètement recouverte de végétation mais on imagine bien l’effet qu’elle produira d’ici deux à trois ans. Partageant le jardin en deux, elle laisse spectaculairement entrevoir un de ses éléments essentiels : une pièce d’eau circulaire à l’allure sauvage.

Près de la maison, dans un des angles du terrain, se niche une autre pièce d’eau, composée, elle, d’une succession de plans rectangulaires reliés entre eux par de petites cascades. Les nombreuses plantes aquatiques qui y ont été plantées confirment sa fonction purement décorative. Dans le même axe se dressent une imposante table en pierre bleue et des bancs assortis.

Le terrain, un ancien champ de céréales, a été aménagé en profondeur afin de créer de subtiles différences de niveau. Le creusement des pièces d’eau et aussi d’un étang a libéré de grands volumes de terre qui ont permis de rehausser le premier jardin, proche de la maison, et de créer de petits promontoires arborés.  » Il y avait tant de terre que j’ai même pu construire une petite butte où se trouve la petite folie de ce jardin, une gloriette à douze côtés, explique Stefaan Parret. Tout autour, je fais pousser une rose Hansa à grosses fleurs rouges.  »

En tant qu’entrepreneur de jardins, le propriétaire se livre bien entendu à des expérimentations. Ainsi, le bois d’azobe qui ceignait autrefois la pièce d’eau aux plans rectangulaires a été remplacé, l’an dernier, par de la pierre bleue. Avec le temps, ce bois s’était en effet endommagé et laissait sourdre l’eau vers la pelouse environnante, la transformant ainsi en véritable éponge.

Les plantations, elles, privilégient les arbres. L’essence reine est le charme fastigié (Carpinus betulus  » Fastigiata « ) qu’on retrouve également dans le mur de verdure qui sépare les deux jardins. Plus originaux, des tilleuls de Hollande forment un élégant rideau vert masquant les hauts murs d’un hangar inesthétique. Plutôt que de les palisser en hauteur, comme c’est souvent le cas, les pousses latérales ont été favorisées dès la base de la plante. Pour le plaisir des yeux, Stefaan Parret a parsemé cette haie de tilleuls de nombreux rosiers. Lorsque leurs boutons éclosent, ce sont des milliers de petits points blancs qui semblent émerger de l’écran de feuilles.

Planté de chaque côté de la grande arche et subtilement intégré dans le feuillage des charmes, le rosier  » New Dawn  » joue lui aussi un grand rôle dans  » l’architecture  » du jardin. Grâce à sa croissance rapide, il atteindra bientôt le sommet du portique et lorsque ses boutons commenceront à fleurir, l’ensemble sera souligné d’un superbe liseré blanc rosé.

Depuis quinze ans déjà, Stefaan Parret £uvre à l’embellissement de son jardin. Et il n’a de cesse de le faire évoluer encore. De nouveaux tilleuls ainsi que des dizaines de boules de buis ont été plantés. Lorsqu’ils seront plus étoffés, des Taxus baccata taillés en forme de cône donneront à la propriété un petit air de jardin anglais. Ces ifs ont cependant besoin d’une protection car ils sont attaqués par divers parasites tels que des tordeuses, des otiorhynques ou des cochenilles. Les larves de ces insectes peuvent causer énormément de dégâts et faire périr les spécimens plantés. Au lieu de les éliminer à l’aide de produits chimiques toxiques, Stefaan Parret a trouvé une parade biologique aussi distrayante qu’efficace. Il laisse en effet évoluer en liberté des coqs et des poules qui se font un plaisir de picorer ces larves envahissantes.

Mais cet homme aux doigts verts ne compte pas s’arrêter en si bonne voie. De nouvelles idées germent déjà dans le terreau fertile de son imagination. Il n’a cependant pas de plan précis en tête.  » Dans mon métier, j’ai l’habitude de résoudre les problèmes directement sur place, sourit Stefaan Parret. C’est d’ailleurs ainsi qu’est née la gloriette située près de l’étang…  »

Texte et photos : Jean-Pierre Gabriel

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