dans la belle campagne des environs de mons, l’architecte eric durieux a mis en scène une demeure calme et sereine. dès qu’il le peut, franco dragone y atterrit en douceur : pour décompresser et se ressourcer au milieu de la nature.

Carnet d’adresses en page 71.

Pour Franco Dragone, l’actualité palpite sur un rythme effréné. Le mégaspectacle de Céline Dion, au nouveau Colosseum du Ceasar’s Palace de Las Vegas, c’est donc parti, pour de longs mois… Mais la sève créatrice du metteur en scène star n’arrête pas de couler. Il planche déjà sur un nouveau spectacle. Aquatic Show, produit par le milliardaire Steve Wynn, est prévu pour 2004, également à Las Vegas. Il promet de titiller notre imagination et mettre tous nos sens en effervescence.

Dans la voiture qui nous emmène vers la maison qu’habite Franco Dragone avec sa famille dans les environs de Mons, on s’attend donc au tumulte, à un décor hollywoodien, avec ses couleurs phosphorescentes et son gigantisme bariolé, parsemé de strass et de paillettes. Et puis, non. Ici, c’est un autre univers : luxe, toujours, mais dans le calme et l’élégance d’un grand espace clair aux lignes sobres, et dans la volupté d’une nature bien domestiquée alentour. Pas d’objets, pas de détails anecdotiques ni de  » bavardage  » inutile. Tout incite au repos, à la sérénité. Bref, une qualité de vie très prisée actuellement, composée avec la complicité de l’architecte-designer Eric Durieux.  » Franco et moi, on se connaît depuis trente ans, nous avons les mêmes origines italiennes, confie l’architecte. Je faisais de la musique, j’en fais toujours, et à l’époque j’étais connu comme Kiki, le batteur du groupe Quo Vadis. Franco faisait déjà du théâtre. En 1984, il est parti au Canada. Le Cirque du Soleil l’a propulsé vers une carrière et une notoriété internationales. Puis a commencé la belle aventure avec Céline Dion et on s’est un peu perdu de vue.  »

A la fin des années 1990, le célèbre metteur en scène désire retrouver ses racines, aspire à une maison dans la région de son enfance. A Las Vegas, un ami lui parle d’un très bon architecte. C’est ainsi que Franco Dragone croise à nouveau la route de Kiki le batteur, dont la carrière a bifurqué vers l’architecture et le design. Lors des retrouvailles, les décisions sont prises rapidement. Eric Durieux construira donc la  » maison de ses rêves « , prévue dans trois ans. En attendant, Franco Dragone opte pour un habitat provisoire, une location, lui permettant de se régénérer dans le confort, durant ses séjours en Wallonie. Ses conditions ? Une piscine intérieure et un grand jardin.  » Notre choix s’est porté sur l’aile d’une ancienne abbaye, fraîchement rénovée, explique Eric Durieux. Le terrain qui l’entoure n’est pas très bien orienté, mais il y a, effectivement, une piscine et une surface d’environ 350 m2. Les défauts de conception étaient nombreux, mais nous ne nous sommes pas lancés dans de grands travaux de restructuration, car il s’agit d’une location.  »

L’architecte s’est contenté de rectifier les circulations, les rendre plus logiques et plus fluides, tout en préservant le concept du loft, un grand espace aéré et accueillant, cher à Franco Dragone. A peine franchie la porte d’entrée, le regard embrasse un vaste salon, la salle à manger et une cuisine très conviviale, légèrement surélevée. L’aménagement intérieur, entièrement conçu par Eric Durieux, vise l’unité, la symétrie et la sérénité. Peu de matériaux, mais choisis en fonction de leur beauté et de leur noblesse. Les deux tables, celle de la salle à manger et celle du salon, ont été dessinées par Eric Durieux et réalisées en noyer américain huilé. Le même bois habille l’étagère et le rangement à côté de la cheminée. Deux grands tapis quasi identiques, noués en laine de mouton d’Irlande et ornés de petites incrustations de verre, unifient et agrandissent la surface. Trois canapés en cuir chocolat, aux belles proportions, respectent l’architecture. La cuisine, dessinée sur mesure, est signée Snaidero. Les placards, laqués gris plume, créent une belle harmonie avec les éléments en inox et en verre. Le coin petit déjeuner, placé dans l’axe de la table de la salle à manger, est  » suspendu « , pour plus de légèreté, entre le plan de travail en granit Cachemire White et le garde-corps.  » Ici, on est loin de la lumière naturelle, souligne Eric Durieux. D’où ce parti pris d’un éclairage intense, dispensé par de nombreux spots.  »

La chambre est en réalité la pièce, prévue originellement pour le salon. Ses dimensions sont donc particulièrement généreuses et les immenses baies vitrées font entrer la lumière à flots. Un décor très dépouillé, conjugué à une déclinaison de beiges et de blancs cassés, favorise une ambiance très douce. En face du lit, tout un mur de placards a été conçu par Eric Durieux de façon à la fois éphémère et durable. Il pourra être déménagé dans la maison définitive. Dans le dressing, les portes coulissantes ont été remplacées par des portes pliantes à grande section, plus maniables et plus pratiques : en un mouvement, on ouvre 1 m 50. Dans la salle de bains, la fonctionnalité prime. Le mobilier de cuisine Snaidero, équipé de poignées différentes, y est du plus bel effet.  » Le challenge consistait à aménager une maison reposante et confortable, mais provisoire. Tous les éléments sont donc transitoires, faciles à récupérer et à déménager « , conclut Eric Durieux. Le jardin a été aménagé selon le même principe. Les arbres et les arbustes pourront être, un jour, facilement replantés ailleurs. L’eau joue un élément important dans cette ambiance zen. Autour de l’étang et de la cascade, qui s’éclairent le soir, de nombreuses aires de repos promettent des instants de calme et de méditation. Loin des lasers et des décibels…

Barbara Witkowska

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