Début février, Louis Vuitton inaugurait son plus grand flagship store sur la très chic 5e avenue de New York. La marque au célébrissime monogramme a profité de l’occasion pour y fêter son 150e anniversaire. Gros plan sur un événement on ne peut plus hype.

Une réception comptant quelque 1 500 invités n’est pas le genre d’événement qui passe inaperçu. D’autant plus s’il s’agit de l’inauguration d’un magasin implanté dans le c£ur commercial de Manhattan. Pour l’ouverture de son Global Store situé au coin de la 57e Rue et de la 5e Avenue, Louis Vuitton a mis les petits plats dans les grands. Tout le quartier était littéralement ceinturé par la police pour laisser passer les dizaines de limousines empruntées par les nombreux VIP et stars se rendant à cette folle soirée. Parmi les célébrités les plus en vue du moment on pouvait épingler, dès 21 heures, les acteurs Antonio Banderas et Mélanie Griffith, les top models Naomi Campbell et Iman, la créatrice de mode Donna Karan ou encore l’ex-maire de New York, Rudolph Giuliani. Bernard Arnaud, le PDG du groupe LVMH, affichait un optimisme à toute épreuve.  » L’année sera bonne, déclara-t-il d’emblée lors de son discours. L’économie mondiale reprend du poil de la bête et les Etats-Unis bénéficient de taux d’intérêt particulièrement bas. Le Japon se relève et la Chine et l’Extrême-Orient affichent un taux de croissance soutenu. Alors que d’autres maisons de luxe adoptent un profil bas et se rapprochent du niveau de la chaîne espagnole Zara, Louis Vuitton ne fera aucun compromis : pas question de rogner sur la qualité ou de proposer des marchandises au rabais. Nos listes d’attente ne cessent de s’allonger et nous n’avons plus de concurrents directs.  »

Le contrat qui lie Marc Jacobs, le directeur artistique, à la maison jusqu’en 2008, et l’ouverture de ce flagship store en plein centre de Manhattan soulignent la santé florissante de Louis Vuitton aux Etats-Unis. Les ventes y ont en effet progressé de 38 % et représentaient du chiffre d’affaires du groupe en 2003, soit 3 milliards d’euros. Ce n’est donc pas sans raison que le champagne coulait à flots lorsque la véritable fête a commencé au Lincoln Center, siège du Metropolitan Opera et du New York City Ballet. Un show multimédia spectaculaire d’une durée de 20 minutes y célébra le succès de la marque.

Les temples du luxe de la 5e Avenue à New York ont donc un nouveau concurrent et non des moindres. Tel un aimant, le nouveau Global Store de Louis Vuitton attire irrésistiblement tous les regards. Le building de 11 étages, construit en 1930, appartenant au New York Trust a été racheté par Louis Vuitton après la fermeture du Warner Bros. Entertainment Store. Les étages supérieurs sont réservés à des espaces de bureaux mis en location alors que les 4 premiers niveaux sont occupés par le magasin.

Le design du magasin a été confié à l’architecte new-yorkais Peter Marino qui y a installé une colonne centrale illuminée à l’aide de LED représentant le fameux motif à damiers. Celui-ci change constamment de couleur et offre une vue magnifique à tous les clients évoluant sur les escaliers en bronze et châtaignier. Le dernier étage de cette véritable  » cité commerciale  » accueille des salons privés somptueusement décorés pour recevoir les clients de marque.

Les clients peuvent admirer une superbe collection de malles qui retracent l’histoire du célèbre malletier et, bien sûr, les dernières collections. Collections qui comprennent désormais de la haute joaillerie avec, entre autres, des pendentifs et des breloques en diamant, en rubis ou en saphir à l’effigie de Big Apple et une version à tourbillon de la montre Tambour valant la modique somme de 200 000 dollars (199 824 euros). Du luxe à l’état pur.

La façade extérieure du 318e magasin Louis Vuitton de la planète est également très impressionnante. L’architecte japonais, Jun Aoki, qui a créé des magasins dans le quartier de Omotesando à Tokyo et les façades Roppongi également à Tokyo, a remplacé une partie du bâtiment en marbre par une façade en verre laminé décorée de petits motifs à damiers produisant un subtil effet moiré. Cette façade très originale crée un effet monumental grâce aussi à de grands écrans vidéo intégrés qui titillent le regard.

 » Les magasins de mode requièrent de la fantaisie dans leur architecture, souligne Jun Aoki. Mais il ne faut pas pour autant créer des bâtiments dans le style Disneyland qui n’ont rien à voir avec la réalité, surtout pas après la tragédie du 11 septembre 2001. Il faut penser une architecture qui, comme la mode, dévoile un aspect inattendu de la réalité. Malheureusement, nombre de magasins implantés sur la 5e Avenue manquent cruellement d’inspiration et de fantaisie.  »

Un succès siglé LV

L’histoire de Vuitton avait commencé quelque part au fin fond du Morvan, en 1835, quand Louis Vuitton, 14 ans à peine, quitte son Jura natal pour rejoindre Paris. Parvenu dans la capitale française, Louis invente mille et une astuces pour faire du bagage le plus beau et le plus pratique des accessoires. Il imagine une malle-lit pour l’explorateur Savorgnan de Brazza, crée des malles-armoires, véritables penderies transportables, conçoit un système de serrures inviolables et ajoute à ses bagages une collection de maroquinerie. C’est à cette époque qu’il imagine notamment un sac souple, prévu à l’origine pour transporter le linge sale, et qui deviendra vite un vrai sac de voyage : le fameux Steamer Bag.

Alors qu’il trouve trop grossière la peau de truie universellement utilisée pour l’habillage extérieur des malles, il opte dès 1854 pour une toile collée au bois, de couleur  » gris Trianon « . Plus légère que le cuir imperméable une fois vernie, elle devient vite sa marque de fabrique. Son fils Georges lignera la toile du monogramme  » LV  » que l’on connaît aujourd’hui.  » Un logo sur un sac peut paraître osé, mais je n’ai jamais essayé de le cacher. Dès mon arrivée, j’ai au contraire décidé de le mettre en valeur, de le rendre plus attrayant, plus désirable de saison en saison « , souligne Marc Jacobs, directeur artistique de la maison. Pari gagné : sous sa houlette naissent le Monogramme verni (1998), le graffiti (2001) et, l’an dernier, le multicolore, en collaboration avec l’artiste Murakami. Ce dernier modèle est d’ailleurs tellement demandé qu’il figure actuellement en liste d’attente un peu partout dans le monde.

Seul bémol à cet impeccable success story : à la suite de dissensions internes, la famille perd le contrôle absolu de l’entreprise en 1989. Bernard Arnault, devenu président du groupe LVMH, en prend alors les commandes, décidant toutefois de capitaliser sur le savoir-faire de la société.  » Louis Vuitton avait toujours fabriqué à Asnières l’ensemble de ses produits pour préserver leur qualité. 13 nouveaux sites pour la maroquinerie, un pour l’horlogerie, un autre pour les souliers viennent d’y être inaugurés « , précise-t-il.

Le fait main est toujours privilégié, sauf si la machine est capable de faire aussi bien, ou mieux. Marque internationale, Vuitton a ouvert sa première boutique à Londres en 1885. Elle est aujourd’hui implantée dans 50 pays, avec 317 points de vente. Cette année verra aussi l’ouverture de boutiques à Shanghai et à Johannesburg.

Wim Denolf avec Catherine Maliszewski

 » Un logo sur un sac peut paraître osé, mais je n’ai jamais essayé de le cacher. Dès mon arrivée, j’ai au contraire décidé de le mettre en valeur, de le rendre plus attrayant, plus désirable de saison en saison. » Marc Jacobs, directeur artistique de Louis Vuitton

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