Autrefois vitale, la lueur des bougies reprend place dans les foyers tel un accessoire de mode qui égaye une tenue. Ambiance romantique, conviviale ou chaleureuse, tous les prétextes sont bons pour enflammer la mèche. Le marché belge ne fait pas défaut à la tendance.

Eclats de cire sur les murs en briques brutes, machines massives du milieu du siècle passé, colorants disposés sur des étagères en bois vieilli, l’atelier de la Maison Cremers est loin d’avoir succombé au diktat de la modernisation industrielle. Riche de 150 ans d’expérience, l’entreprise a commencé à inscrire son nom dans l’histoire de la bougie belge en blanchissant la cire, sans porter d’intérêt envers la chandelle dans un premier temps. Au moment de la généralisation de l’électricité dans les foyers, la mèche était vouée à disparaître et, pourtant, elle s’est au contraire tracé un avenir dans le milieu ecclésiastique. L’atelier a donc naturellement étendu son savoir à la création de cierges et autres dérivés. Aujourd’hui, son activité est double : d’une part, les bougies d’église, qui continuent à constituer la majeure partie de sa production, et d’autre part, depuis une quarantaine d’années, les modèles décoratifs, sans senteur ajoutée, vendus entre autres dans le bâtiment où s’est établie la famille Cremers depuis plus d’un siècle. Toujours sur la base de cire blanche, en partie coulée à l’étranger pour des raisons économiques, Pablo, le maître des lieux, met un point d’honneur à apporter sa touche, à la main, en colorant l’objet brut.  » Il y a dix ou quinze ans, le principe du centre blanc n’était pas qualitatif aux yeux des gens. Ce procédé nous permet de stocker les bougies et de les finir au fur et à mesure des commandes. L’avantage, c’est qu’on a ainsi peu de stock, peu de personnel, mais par contre, beaucoup de formes et de couleurs.  »

LE LUXE S’EMBRASE

Là où Eliot & Lila, la marque des productions à but décoratif issues de l’atelier de Pablo Cremers, se démarque par son aspect éphémère et, comme le qualifie l’artisan lui-même,  » de consommation, qu’on ne va pas exposer « , Baobab, lui, signe la première bougie parfumée de luxe. Les fragrances de la griffe et son positionnement dans les rangs de la décoration haut de gamme séduisent depuis une quinzaine d’années ceux qui veulent offrir un cachet à leur foyer.  » Il y a vingt ans, personne ne parfumait son intérieur ou n’avait de bougie qui brûlait. Aujourd’hui, la tendance s’est démocratisée.  » Baobab a débuté en s’inspirant de l’Afrique du Sud ; au fil des années, la référence belge en la matière propose un voyage olfactif aux quatre coins du monde.  » Côté effluves, c’est la vague de l’unisexe qui l’emporte, peut-être même plus les parfums masculins que les choses très douces fleuries.  »

Bien que le public semble avoir une affinité avec les senteurs boisées, le fabricant offre une large gamme pour plaire à tous les nez. En outre, il a été pionnier dans les verres aux motifs divers et de grande taille.  » Dans le luxe, ce qui est important, c’est d’évoluer, de surprendre, d’être créatif.  » Implanté dans une cinquantaine de pays, à travers cinq continents, Baobab dégage des tendances.  » Il est vrai qu’il y a des clichés. En Arabie Saoudite, le style ostentatoire avec de l’or, de l’argent va très bien se vendre, tandis qu’en Belgique ou en France, les gens vont plus se tourner vers le bohemian chic.  »

La bougie, secteur en pleine croissance, s’est hissé incontestablement au rang d’article design, particulièrement en ces mois d’été. Il y a encore cinq ans, l’offre ne se différenciait que par le parfum. Celui-ci a toujours sa place aujourd’hui, mais l’objet en soi prend de plus en plus de valeur.  » En ce qui concerne la déco, on ne change pas un canapé tous les deux mois, contrairement à la bougie, relève-t-on chez Baobab. On est sur des produits de luxe abordables.  » Ces véritables institutions partagent le flambeau avec des initiatives naissantes qui apprivoisent la cire à leur manière. Focus sur deux mèches qui ont leur propre cachet.

PAR ISABELLE ZAWADZKA

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