Petites mais ultrapuissantes, les diodes se prêtent à toutes les variations. Pleins feux sur les LED.

Comment trois petites lettres peuvent-elles déclencher une telle euphorie chez les designers, les fabricants et les architectes ? Tout simplement parce que les LED (light emitting diodes û en français, DEL, diodes électroluminescentes) promettent de nous délivrer de la tyrannie du fil, de l’interrupteur et de la prise électrique. Une petite révolution. Alimentées par capteurs ou par piles, elles n’émettent presque aucune chaleur. Leur format XXS ne laisse pas deviner leur durée de vie XXL, qui se compte en milliers d’heures.  » Pour l’instant, elles coûtent presque cinq fois plus cher que d’autres sources lumineuses, mais, quand les prix baisseront, elles remplaceront la plupart des éclairages à basse tension « , explique le créateur Jean-Luc Le Deun, spécialiste des LED. Si les premières applications dans le domaine de l’éclairage remontent à 1996, le produit, lui, est bien plus ancien. En fait, il existait depuis des années, planqué sous les claviers des ordinateurs ou des téléphones, dans les tableaux de bord et les feux stop des voitures.  » L’industrie automobile a été la première à utiliser les diodes, pour des signaux lumineux. Aujourd’hui, c’est encore elle qui finance la plupart des recherches les concernant « , souligne Benoît Bohu, ex-directeur du Groupement interprofessionnel du luminaire (GIL), aujourd’hui à la tête de Sedap France, entreprise de produits décoratifs et d’éclairage en plâtre.

La nouveauté, c’est que, grâce aux designers, les diodes ne se cachent plus, ne la mettent plus en veilleuse mais affichent sans complexe leur esthétique. Ingo Maurer ( lire aussi son interview en page 48), le pape de la lumière depuis quarante ans, fut le premier à jeter son dévolu sur ces étoiles miniatures. Pas étonnant pour celui qui a baptisé sa dernière exposition au Vitra Design Museum, en Allemagne,  » Light û Reaching for the Moon  » (lumière û décrocher la Lune). Incrustées dans l’épaisseur du verre, les diodes illuminent les surfaces les plus variées. Les tables, bancs et miroirs de Maurer deviennent autant d’objets magiques à caresser du regard comme des £uvres d’art.  » Même si elle a déjà progressé de 1 à 5 watts, la puissance des diodes reste encore faible pour l’éclairage domestique. Mais les choses avancent très vite « , s’enthousiasme Philippe Kalb, chez Osram, l’un des trois principaux fabricants de lampes au monde. Signe des temps, l’entreprise vient d’organiser un concours auprès des jeunes designers sur le thème :  » Les LED ne connaissent qu’une seule limite, votre créativité « . L’objet lauréat ? Un parasol éclairant obtenu grâce à une simple couronne de LED.  » Idéal, s’exclame-t-on chez Osram, pour les terrasses branchées.  »

Effet de mode oblige, les diodes scintillent déjà un peu partout, de la piscine à l’appartement. Pour ce dernier, les Tsé & Tsé ont imaginé Céleste, un lustre articulé, tandis que Catherine et Bruno Lefebvre ont inventé le lampadaire LD1, édité par Ligne Roset, dont les 117 LED blanches promettent de briller cent ans. L’architecture aussi est concernée. Pour le nouveau siège parisien de la Caisse des dépôts, James Turell, plasticien, responsable de la mise en lumière du bâtiment, a utilisé pas moins de 80 000 diodes (soit 100 000 heures de lumière) pour obtenir une façade multicolore changeante au gré de la météo.  » En plus de toutes leurs qualités, les diodes permettent de reproduire l’ensemble des couleurs du prisme lumineux « , précise Hervé Descottes, éclairagiste du projet. Ce n’est pas de la magie, juste un mélange de beaucoup de technologie et d’un peu de poésie.

Marion Vignal

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