M. : realisateur
Côté vert : roule à vélo.
Côté obscur : s’est fait 3 continents depuis janvier, et pas à vélo.
Mes ancêtres se sont battus contre les Hollandais, mes arrière-grands-parents contre les Allemands, mes grands-parents aussi contre les Allemands et mes parents se sont battus… contre mes grands-parents. Et moi, et moi, et moi ? J’ai hérité d’une situation parfaite. Je suis né dans un Caddy Delhaize lancé à pleine vitesse sur la grande pente de la consommation. Aujourd’hui, il suffit d’acheter pour être heureux. Facile ! Maintenant que les soutiens-gorge ont brûlé, la liberté sexuelle acquise et la plage découverte sous les pavés, que vais-je pouvoir incendier ? Quelle sera ma grande cause, ma merveilleuse utopie, mon monde meilleur à moi ?
L’écologie ? Version 2.0 alors. Branchée, si vous préférez. Car s’il est bon d’être un brin marginal, je ne me vois pas dans la peau d’un Khmer vert. Depuis, lost in paradox, j’oscille entre mes efforts quotidiens pour » sauver la planète » et mes envies irrépressibles qui anéantissent les bons points accumulés. Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Mais si enfin, je veux parler de ces bucoliques » dimanches sans voiture » où l’on se félicite d’avoir été jusqu’au Cinquantenaire à la force de ses mollets, où l’on se promet de faire du vélo chaque semaine, de prendre le bus, le train… Et le lendemain, on reprend sa bagnole pour aller promener le chien. Mais oui, oui… Je pense aussi à cette sélection méticuleuse des aliments, qu’on opère au supermarché pour éloigner de notre chariot tous ces vilains produits plein de pesticides et ensuite, esquinté par cet effort studieux, on termine quand même par prendre un ravier de kiwis qui ont traversé la Terre à grands coups de CO2…
C’est vrai qu’on peut paraître comique avec nos grands écarts entre le confort consumériste qu’on nous a vendu et ce que nous dictent nos nouvelles valeurs. Caricatural d’imaginer que j’emprunte consciencieusement les transports en commun et me déplace à vélo toute l’année, pour exploser ensuite mon quota CO2 en prenant deux avions destination l’hémisphère Sud pour un grand voyage sac au dos. Risible de réduire le temps de mes douches, de tirer des demi-chasses d’eau et de porter des gros pulls dans mon appartement pour ne pas trop le chauffer l’hiver et d’ensuite partir skier une semaine sur des pistes enneigées artificiellement. Si les voyages déforment la planète, ils continuent de former la jeunesse.
Tout ça porte à rire et d’ailleurs c’est ce qu’on fait, mais rire n’empêche pas de réfléchir. Et » prendre sa bagnole en pensant à peut-être utiliser son vélo le lendemain « , c’est toujours mieux que juste » prendre sa bagnole » (et c’est encore mieux d’aller en vélo le lendemain !) Alors pardonnez nos contradictions, nos grands discours que nous peinons parfois à suivre nous-mêmes et rejoignez-nous ! On discutera bio, poubelle papier et couloir de bus dans un bar branché et oui, c’est promis, on rentrera à vélo.
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