C’est un charme, un style, une aisance. Un  » presque rien  » qui se remarque aussitôt et de loin. Mieux qu’une signature, le luxe à l’italienne est un art de vivre la mode de manière très attachante.

Carnet d’adresses en page 96.

« Je préfère m’acheter de bons basiques un peu tendance, très légers mais chauds, plutôt que des pièces en grosse maille, qui gonflent la silhouette « , explique Roberta Molin-Corvo, journaliste de mode d’origine transalpine. La matière et la façon sont les premiers atouts de l’Italie.  » Historiquement, ce pays n’était pas versé dans le luxe, mais dans l’amour du travail bien fait, précise Jean-Jacques Picart, consultant auprès des grandes griffes et des créateurs. Ce goût de la qualité n’a jamais dérogé aux codes de l’artisanat, devenu rare, donc luxueux.  » Un savoir-faire qui n’a pas échappé à Tod’s : sa toute nouvelle boutique parisienne consacrée  » temple de la qualité  » (dixit la griffe), regroupe la totalité des compétences maison.  » La prouesse fut de réussir à industrialiser l’artisanat national « , analyse Ampelio Bucci dans son livre sur le système de production italien,  » Quand les idées mènent l’entreprise  » (Dunod).  » En Italie, chaque région est spécialisée dans la réalisation d’une pièce en particulier, rapporte-t-il. Les souliers mode, de Prada, de Gucci… sont fabriqués en Vénétie ; les plus classiques, Tod’s par exemple, dans les Marches…  » Les créateurs sont ainsi assurés de trouver une production adaptée quel que soit leur style. Ajoutez à cela  » une note glamour, née dans les années 1980, observe Jean-Jacques Picart, et vous obtenez cette allure à l’élégance raffinée et confortable « …  » Et même si la mode italienne cherche aujourd’hui un second souffle, à l’instar du groupe Prada, qui vient de rappeler Jil Sander, elle garde, relève le décrypteur de tendances Vincent Grégoire, cette petite étincelle de créativité qui change tout.  »

Le luxe selon….Christian Lacroix pour Pucci

 » C’est un tête-à-tête, une affaire entre soi et soi, une doublure, intime, secrète, rituelle, qui n’a rien à voir avec l’exhibitionnisme. C’est une histoire de rareté et de mystère. De plaisir aussi. C’est la quête de ce qui nous transcende et nous manque. Chez Pucci, cela se manifeste par le pari audacieux des couleurs et des imprimés à une époque où on associe l’élégance et le chic à la sobriété. Mais au-delà des motifs, il y a aussi l’effet seconde peau d’un jersey, la main d’un cachemire double face… Et la fourrure, luxueuse de par son prix, certes, mais aussi parce qu’on en joue et qu’on la transforme sur le mode de l’autodérision en toque mi-cartoon, mi-Teletubbies.  »

Tom Ford pour Gucci

 » Se présenter aux autres avec élégance, avoir une allure impeccable, être vraiment habillée, voilà, selon moi, le comble du luxe. Quand une femme porte les robes de Gucci, elle sent la somme de travail nécessaire à leur réalisation. Le luxe est donc cher, par définition. Et je ne vois pas de raison d’en critiquer l’existence. Ce n’est pas parce qu’une personne dépense de l’argent qu’elle ignore ce qui se passe dans le monde.  »

Martino Scabbia pour Fay

 » Ce n’est pas une question de saison. C’est une affaire de style, de matière, de détails : le luxe aide à se sentir bien dans sa peau quand on porte un vêtement. La parka Norton n’est pas une tenue luxueuse parce qu’elle est chère mais bien parce qu’elle est chic, confortable, pratique et un peu tendance. Notre Moon Bag nacré blanc et rouge est un sac luxueux parce qu’il recèle une double ouverture nécessitant une très grande quantité de cuir… Le luxe est un investissement mais à la fonctionnalité, à l’esprit intemporel d’un produit et à l’identité de sa griffe.  »

Stefano Gabbana pour Dolce & Gabbana

 » Le vrai luxe, c’est d’avoir de la personnalité, dans sa vie et dans son style. On peut alors tout se permettre en restant soi-même : des robes frangées des années 1930, des imprimés floraux romantiques, des tenues extralarges et techno. Nous vivons dans un temps où le commercial domine ; nous avons souhaité, au contraire, faire redécouvrir le plaisir de tenues sur mesure, très  » atelier  » et très  » show « .  »

Domenico Dolce pour Dolce & Gabbana

 » Le luxe sert à interpréter chaque instant de la vie avec passion et sensualité, en misant à la fois sur le savoir-faire traditionnel et le goût du jour. Dans notre collection se mélangent ainsi les robes guêpières, les imprimés animaliers et des silhouettes rétro à la Marilyn, rendues moins dramatiques par de la fausse fourrure de Mongolie, une robe sexy portée sous un anorak très flashy et des sacs en croco aux couleurs éclatantes du pop art : orange, lavande, blanc pur…  »

Patrizio Bertelli pour Prada

 » Certaines catégories de personnes, dont l’appartenance historique et culturelle est étroitement liée à des produits de grande qualité, ne s’identifient plus avec de nombreux produits qui sont maintenant définis  » de luxe  » mais qui, en fait, n’ont rien à voir avec lui. Le vrai luxe repose sur la qualité, la tradition et l’innovation. C’est aussi une question de culture, d’identité, d’appartenance, d’éducation ; c’est une façon de porter un regard critique sur son époque. Ces valeurs transparaissent à travers le produit et celui qui le crée, mais aussi à travers ceux qui savent reconnaître et apprécier ces concepts.  »

Giovanna Gentile pour Salvatore Ferragamo

 » La maison Ferragamo s’inscrit dans l’univers du luxe en revendiquant non seulement les valeurs qui ont fait le succès du made in Italy û la qualité des matériaux, l’imagination, les couleurs… û mais aussi d’autres, plus modernes : la sandale Galilea, dotée d’un talon en  » F  » recouvert d’une mosaïque de nacre et d’une empeigne en PVC, réinterprète la chaussure  » invisible  » créée par Salvatore Ferragamo en 1947. La veste ajustée en astrakan allie la rigueur militaire de sa coupe et l’éternelle touche féminine Ferragamo.  »

Giorgio Armani pour Armani

 » J’aime la discrétion et la sophistication. Et plus la forme est pure, sobre, plus le défi créatif est difficile à relever. Toute l’idée du luxe est là, car elle transcende celle de la mode et s’inscrit dans la continuité. En témoigne notre manteau court en Néoprène qui raconte à lui seul le travail des coupes, qui allonge la silhouette et la magnifie dans de belles matières riches et innovantes où l’on se sent bien. Ou le Night and Day Bag, un sac de facture classique mais travaillé en noir et blanc pour mieux capter le regard et peut se porter le jour comme le soir. A la fois pratique, universel et chic. Car le luxe n’est pas seulement l’exception, c’est aussi un rêve qui doit rester accessible à tous. A cette fin, je prends soin de réaliser de nombreuses lignes qui s’adaptent à la vie quotidienne et offrent une gamme de prix très variée.  »

Silvia Fendi pour Fendi

 » Mon idée du luxe implique la recherche de nouvelles matières, d’idées, de concepts. Ce désir d’innovation associé à un savoir-faire traditionnel s’exprime, par exemple, à travers nos sacs au design architectural, qui se métamorphosent selon l’envie du moment grâce à des jeux de bandes en cuir, des Zip, des pressions, des formes, des textures particulières. Comme pour notre sac tubulaire en cuir craquelé métallisé.  »

Valentino Garavani pour Valentino

 » Le premier rôle du luxe, et le plus important, est économique. En réalisant des produits de mauvaise qualité, fabriqués notamment dans les pays asiatiques, on contribue à faire mourir une main-d’£uvre exceptionnelle. Je défends le luxe de la manufacture, les centaines d’heures que demande un bel ourlet, le raffinement des détails, comme pour cette mini-bourse du soir en soie tissée, entièrement brodée à la main.  »

Catherine Maliszewski et Colombe Pringle

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