Direction la plage, au creux des vagues, dans un crépuscule d’orage, entre chien et loup. Riccardo Tisci met en scène la campagne de pub de sa collection printemps-été 2012 pour Givenchy. Portfolio dark et sexy, légendé par le créateur.

D’habitude, il préfère les studios. Mais Riccardo Tisci s’est fait violence. Lui qui shoote ses campagnes de pub entre quatre murs a préféré cette fois-ci emmener son équipe (et quelle équipe) sur une plage près de Barcelone. C’est là, dans une lumière orageuse, qu’il a mis en scène sa collection printemps-été 2012 pour Givenchy. Une histoire de sirènes sexy qui tombent amoureuses de surfeurs beaux et vénéneux, à moins que ce ne soit l’inverse. C’est que ces créatures marines ont toujours habité son imaginaire : Riccardo Tisci vient d’un village parfaitement italien, dans les Pouilles, où les vieux parlent de sirènes comme si elles avaient toujours vécu là, pour de vrai, entre deux eaux. Ajoutés à cela ses souvenirs de petit garçon élevé par ses huit s£urs, durablement impressionné par les processions, la Vierge Marie et les rosaires, formé à l’école de la survie -comme portier, serveur, homme de ménage -, puis venu à la mode via le Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, promotion 1998.

D’habitude, il préfère le noir. À la folie, mais il s’en est éloigné, un peu, oscillant entre le rose, le crème et le saumon dans cette collection printemps-été 2012 pour Givenchy où il officie depuis 2005 sans rien renier de ses démons et salutairement loin de la garde-robe d’Audrey Hepburn. Il y avait donc comme une lumière nouvelle lors de son défilé, un bestiaire aquatique, une langueur romantique, des dents de requin démesurées, des mannequins muses, Mariacarla Boscono et Gisele Bündchen plus quelques volants destinés à faire des vagues. Tout cela, photographié sur le sable catalan par Mert Alas et Marcus Piggott, a repris quelques accents plus sombres, stylisés par Carine Roitfeld, ex-Vogue France, incarnés par quatre tops qui dégagent – le casting d’enfer. Et quand Riccardo Tisci légende les photos du making of, cela donne ceci, en français dans le texte.

A.-F.M.

HARD WORKERS

 » Avec les photographes Mert (Alas) et Marcus (Piggott), nous sommes comme une petite famille. Ils comptent parmi mes meilleurs amis. Depuis notre rencontre, nous collaborons ensemble. Notre première campagne remonte à l’hiver 2009. J’adore travailler avec eux car ils n’ont pas peur de repousser les frontières. Ils aiment oser. Un trait de caractère qui nous unit. « 

THE MERMAID MUSE

 » J’ai rencontré Mariacarla (Boscono) à Londres il y a plus de quinze ans. Elle est comme ma 9e s£ur ! Nous avons partagé tant de moments, privés et professionnels. Elle est forte et fragile à la fois, intense et intelligente, extrêmement féminine et androgyne aussi. Elle incarne tout ce que j’aime chez une femme. « 

MY DREAM MEN

 » À côté des deux sirènes, Chris (Moore) et Simone (Nobili) sont les surfeurs. Ils sont les garçons Givenchy du moment. Ils symbolisent deux aspects de ma vision de la masculinité. « 

THE REAL GISELE

 » Gisele (Bündchen) est la sirène parfaite. Le rêve de tout surfeur ! Le sexy à son plus haut point… Cette campagne est une extension du défilé, poursuivant l’histoire, explorant un peu plus les propos exprimés. Ces photos doivent incarner l’essence de la collection en étant différentes du podium. Une élégance langoureuse. L’expression d’une part de moi un peu plus douce et romantique, c’est ce que j’aimerais que l’on retienne de ce printemps-été 2012. Du coup, la campagne rééquilibre cela avec quelque chose d’un peu plus « dark ». « 

THE END

 » Le shooting a eu lieu sur une plage dans les environs de Barcelone. Pendant la préparation du défilé, il m’est apparu qu’une plage était l’endroit où photographier la campagne – habituellement, elles sont plutôt shootées en studio. Je voulais quelque chose d’évident sans que cela le soit vraiment. Donc, seul cet endroit-là pouvait rendre grâce à cette love story entre surfeurs et sirènes. Toutefois, je ne voulais pas du cliché grand ciel bleu, soleil de plomb, etc. Il fallait qu’il se dégage quelque chose d’un peu « dark » car c’est justement ce qu’il n’y avait pas dans le défilé. D’où cette lumière presque d’hiver. « 

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