Christine Laurent
Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

Marre des  » hommelettes  » ! C’est un macho qui le dit. Et le confirme par écrit dans un livre pamphlet sobrement intitulé  » Le Premier Sexe  » (1). Très irrité, Eric Zemmour jette un pavé lourd de ranc£ur dans la mare du politiquement correct. L’objet de son courroux ? La féminisation de la société avec, pour corollaire des hommes devenus de véritables mollassons. Elevés désormais quasi exclusivement par leurs mères, ils sont tout juste bons à conduire des poussettes et à langer les bébés ! Un brin provoc, le sieur Zemmour ? Bien sûr. Mais en dénonçant avec virulence le déclin de l’empire masculin, il emprunte, aussi, la voie royale qui le conduit à tous les plateaux de télé friands de polémiques.

En fait, à l’en croire, c’était mieux avant. Chacun dans son rôle. L’homme en mâle affirmé, la femme toute de féminité, voire de soumission. Le premier au boulot, au foot ou lisant son journal dans son fauteuil, tandis que sa douce moitié jongle avec ses casseroles en mouchant le petit dernier. Bref, que du bonheur ! Mais patatras, voilà que l’image idyllique se craquelle, la révolution féministe est passée par là, et plus rien n’est comme avant. Changement de culture, changement de programme ! Dans une société où chacun désormais ne part plus à la conquête du monde, mais bien à la seule conquête de soi, il reste bien peu de place pour la virilité dans son expression la plus mâle et dominatrice. Sans parler des rites d’initiation, de passage de l’état d’enfant à l’état adulte, comme le service militaire par exemple, qui ont complètement sombré dans l’oubli.  » Autrefois, les hommes étaient des dobermans. Aujourd’hui, ce sont plutôt des cockers. Ils sont davantage amoureux d’eux-mêmes que des femmes, affirme le psy-sexologue Willy Pasini (2). Ils n’ont pas trouvé les modèles d’identification à mettre à la place du macho. Du coup, ils ne savent pas comment s’y prendre. Les filles qui trouvent plus facilement un compagnon sont celles qui font preuve d’une certaine tolérance à l’égard du narcissisme masculin.  »

Pas facile. Car dans nos sociétés imbibées d’une nouvelle forme de matriarcat, les femmes affichent le même appétit de pouvoir, le même ego, le même besoin de reconnaissance statutaire que les hommes. Le duel s’annonce donc serré. Mais pas aussi intense dans toutes les catégories d’âge en réalité. Prenez Zemmour ! Il râle, mais dans sa tranche d’âge, 50 ans, c’est normal. Il est dépassé. Les hommes de cette génération sont bel et bien encore en conflit avec les femmes, notent les observateurs avisés. Dans la trentaine, en revanche, tout s’arrange, hommes et femmes concluent une forme de contrat qui permet une cohabitation plus harmonieuse. Quant aux tout jeunes, les moins de 30 ans, ils se sont déjà inscrits dans une vraie complémentarité avec l’autre sexe.

Au petit jeu  » les femmes se virilisent, les hommes se féminisent « , il n’y a plus guère de place désormais pour les dobermans. Reste l’animal. A promener, sous haute surveillance, dans les allées des parcs le dimanche.

(1) éd. Denoël.

(2)  » Le Couple amoureux « , éd. Odile Jacob.

Christine Laurent

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