Un bébé en croisière, horreur ou bonheur ? Une seule manière de le savoir : se jeter à l’eau pour tester en live ce nouveau type d’offre destinée aux familles. Journal de bord.

J-7. PANIQUE À QUAI

Y a-t-il un lit pour bébé ? La poussette passera-t-elle dans les couloirs ? Babycook or not ? Face à la Baby Must- Haves List qui s’allonge méchamment, les questions fusent. Les nouvelles en provenance de la compagnie sont rassurantes : lit de voyage, chaise haute et panades à la demande sont compris. La poussette, elle, sera l’alliée indispensable de ce séjour maritime. Basile, 6 mois pile le jour de l’embarquement (l’âge minimum conseillé), passe au check-up chez le pédiatre pour décrocher son permis de naviguer.

SAMEDI. JOUR J. BABY (A)PHONE ?

Réveil à l’aube. Nous avons l’habitude : Basile ne fait toujours pas ses nuits. Les valises sont prêtes (trois jours de Tetris…), nous aussi (cernés, mais heureux : enfin des vacances !). Seule ombre au tableau : et si notre petiot transformait le vol Bruxelles-Marseille en showcase de la Castafiore ? Armés de jouets  » silencieux « , tenue de rechange et bibi prêts à dégainer, nous sommes de véritables inspecteurs lingettes. D’ailleurs, à l’exception d’un change sportif dans les toilettes, ce vol est un franc succès. Dans le taxi, à l’approche du MSC Fantasia, nous réalisons son gigantisme : 333 mètres de longueur, 38 de largeur et une capacité de 3 274 passagers. Un véritable village sur l’eau. Première mission : trouver notre chambre. Ce bateau est un labyrinthe. D’ailleurs, il nous faudra deux jours pour repérer le  » raccourci  » pour aller de notre chambre au restaurant. 12.192… 12.194… 12.196, trouvée. Petite mais cosy, la cabine est dotée d’un immense balcon. Idéal pour parquer la poussette. Deuxième mission : réserver le lit bébé.  » Allô la réception ?  » Les valises arrivent dans la foulée. Service impeccable. Nous fêtons ça au buffet… gargantuesque ! Et, chose rare dans les All in, appétissant : pizza à la pâte fine, plats exotiques mijotés, salade bar, fruits frais… Les passagers sont comme des abeilles autour d’une ruche. La première après-midi se joue façon farniente : petite balade digestive sur le ponton, Jacuzzi en famille, premier cocktail sur fond de coucher de soleil. Bonheur avec un grand B.

17 h 30. Tôôôôôôt. Le paquebot quitte le port. Damned, nous avons loupé la séance d’information. Grossière erreur. Car les infos glanées in extremis sont erronées : nous arriverons à 19 h 30, soit avec trois quarts d’heure de retard, au restaurant ! De retour dans la cabine, le lit bébé nous attend, phagocytant le dernier mètre carré d’espace libre. Il est bancal d’un côté.  » Allô la réception ?  » Dans le quart d’heure, le dépanneur débarque. Ses tentatives pour le réparer restent infructueuses, mais il est trop tard pour le remplacer. Basile partagera notre lit.

DIMANCHE. PAS DE PLAISIR SANS GÊNES

5 h 30.  » Il est mort ?  » Tous les parents du monde se posent cette question le jour où leur bébé passe sa première nuit complète. Le nôtre a visiblement le pied marin. Au petit déjeuner, nous sommes choyés par une équipe de serveurs très attentionnés. Ensuite, direction le spa, pour un massage relaxant. L’endroit est zen, la masseuse discrète. Je sens les tensions s’envoler sous ses pouces.

11 h 15. Nous partons à l’assaut de Gênes. Face à la trentaine de marches d’escalier pour accéder au métro, nous nous réjouissons d’être deux à porter la poussette. Au c£ur de la ville, nous entrons dans le premier hôtel pour obtenir un plan et des conseils avisés. Les lieux à ne pas manquer ? Le port. Que nous venons de quitter ! Petit marché gastronomique, boutique pop-up, musiciens de rue : moments simples et parfaits. Sur le port donc, nous repérons une épicerie fine qui se fait cantine familiale le dimanche midi. C’est bruyant, mouvementé, international et il y a autant de poussettes que d’adultes. La pizza pepperoni engloutie, nous nous évadons pour nous rafraîchir et… faire la sieste.

Tôôôôt, tôôôôt… Sept coups de sirène. Le test de sécurité. Nous devons nous regrouper avec nos gilets de sauvetage, bébé aussi.

18 h 15. Déjà l’heure de se préparer pour le dîner. Grâce à un astucieux bouchon universel, nous parvenons à transformer le bac de douche en bain d’appoint. Bébé s’éclate, la pièce est sous eau, mais notre défi réussi : nous sommes à l’heure au resto. Basile s’endort, nous profitons de son sommeil pour visiter le navire dans son habit de nuit. C’est l’effervescence, nous découvrons un endroit quasiment désert, à proximité d’un pianiste. Alors que nous nous laissons bercer par les notes classiques, d’autres jeunes parents nous rejoignent peu à peu. Sourires complices. De retour dans la cabine, nous découvrons le nouveau lit : bancal lui aussi, mais pas dangereux.

LUNDI. SANTONS SOUS LA PLUIE

5 h 30. Basile confirme son amour du roulis. Nous bénissons les croisières ! Même le ciel gris napolitain ne parvient pas à nous rendre maussades. Cap sur la Via Toledo, la rue commerçante, pour grimper jusqu’au Musée archéologique national. Les boutiques sont moches, mais le musée, lui, révèle de véritables trésors : les céramiques pompéiennes. Déjà 14 h. Le plan du Routard nous indique des raccourcis… dans des rues  » coupe-gorge « . Est-ce le temps gris qui nous rend si critiques ? La pluie, après un crochet par la via San Gregorio Armeno célèbre pour ses boutiques de santons, nous raccompagne jusqu’au navire.

18 h 45. C’est sport ! Nos voisins de table, séduits par la petite chose, babillant joyeusement devant sa soupe aux carottes, nous interrogent à son sujet.  » Quel âge a-t-il ? Comment s’appelle-t-il ?  » Nous répondrons à ces questions au minimum 300 fois durant ce séjour. Mais ce soir, Basile-la-vedette a envie de profiter de son public… et ne s’endort pas !

MARDI. PIAZZA & PALAZZO

Nuit difficile. J’attends patiemment l’ouverture du buffet en dressant le profil psychologique de nos compagnons de voyage. À l’aube, on croise trois espèces : les jeunes parents, les Japonais  » jetlaggés  » et quelques sexagénaires tôt levés. Ce matin, je ressemble aux trois réunies. Quatre cafés ne parviennent pas à me réveiller. Basile, lui, séduit la serveuse du Tropical Park.

9 h 45. Nous partons visiter Palerme sous le soleil. Émerveillés par son théâtre Massimo Vittorio Emanuele, son église de la Martorana, son Palais des Normands, sa cathédrale. Nous prenons un plaisir fou à nous promener dans les ruelles animées. Soudain, le manque de sommeil frappe sans prévenir. Je tangue. Le fameux mal de terre. Nous rebroussons chemin pour retrouver le bateau. Direction l’espace Zen, à l’abri du tumulte des piscines. Nous croisons un couple d’Allemands avec un bébé de 3 mois… Respect. Dès que le mien ferme les yeux, je fais pareil.

18 h 45. Cette fois, on connaît la chanson. Nous sommes à l’heure pour la soirée de gala, tous trois en habit de lumière. L’ambiance est animée et bon enfant.

MERCREDI. C’EST TUNISIE

Les dents ? La chaleur ? Le mal de mer ? Finies, les nuits complètes. Un vent de force 6 rafraîchit notre envie de descendre à quai, nous préférons Basile et moi passer la journée à bord. Au calme. Quoique… Nous testons le buffet de midi : un véritable  » struggle for food « . Pas simple avec une poussette de porter un plateau entre deux bousculades. Le papa rentre de Carthage et Sidi-Bou-Saïd à l’heure où notre sieste se termine. C’était beau. Et sans landau, il l’admet, cela facilite la visite.

18 h 45. Nous nous relayons au Zanzibar Café, seul endroit en soirée pour passer un moment au calme. Une fois notre baby dans les bras de Morphée, nous profitons de l’accalmie pour partager un frozen mojito près du piano et discuter avec le couple d’Allemands venu avec un nourrisson.

JEUDI. DEUX MILLE LIEUES SUR LES MERS

Un des avantages du lever à l’aube est de pouvoir choisir les meilleures places le jour de navigation. Or, celles à l’abri du vent et au soleil sont très disputées. L’autre bonus ? Profiter du Jacuzzi presque seuls. À 7 heures du matin ? Étrange, certes, mais cela amuse les tout-petits. La serveuse du Tropical Park est devenue une copine. Elle garde Basile à l’£il si je dois m’absenter et connaît ma boisson préférée. Le service est parfait. Quant au bateau, il est d’une propreté incroyable : il scintille ! Nous avons même aperçu un employé qui récurait la balustrade avec une brosse à dents ! Le souci du détail, l’élégance à l’italienne… du 9/10 !

VENDREDI. SUR LES PAS DE GAUDÍ

Soleil sur Barcelone. Plutôt que la navette MSC, nous nous offrons le luxe d’un taxi qui nous dépose directement au palais Güell. Nous découvrons la ville en errant dans les ruelles. Les jolies boutiques nous font perdre la notion du temps. Mais notre mini-estomac sur pattes nous rappelle à l’ordre. Autour d’une cerveza (pour nous, pas pour lui) et de quelques tapas, nous établissons un itinéraire : la maison Gaudí et la Sagrada Familia. Déception : les queues sont inter-minables. Nous manquons de temps (mémo : penser à réserver ses billets sur le Net, la caisse destinée à ces entrées était vide !).

18 h. Dans la cabine, le journal de bord nous signale qu’il faut déposer les valises devant la porte avant 1 heure du matin. Nouveau casse-tête : qu’est-ce qu’on garde ?

22 h 30. Basile endormi, nous nous accordons cinq minutes pour observer la voie lactée. Comme dans une pub, nous nous embrassons sous les étoiles filantes.

SAMEDI. COQUILLAGES ET CRUSTACÉS

Marseille, le retour. Avant de quitter le navire, il faut patienter. Trois heures sans commodités (plus de chambre dès 7 heures). C’est long. De Marseille, nous ne visiterons que le port… et sa mini-plage. Remplie de familles avec enfants en bas âge. Cette journée off, au soleil, nous donne l’occasion de faire un débriefing de la semaine. Les moins ? La contrainte des horaires (à coupler avec ceux de Basile) et l’absence de moments en amoureux. Les plus ? Pas de ménage, pas de courses, pas de repas à préparer. Conclusion ? L’idéal serait de voyager avec un bébé qui fait ses nuits… et d’ajouter un service baby-sitter chez MSC. Là, ce serait du 10/10 !

PAR VALENTINE VAN GESTEL / PHOTOS : MERLIN RIETSCHEL

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