Elle est l’une des étoiles les plus scintillantes au firmament de la mode. Margherita n’est pas qu’une belle image sur papier glacé : c’est une jeune femme qui croque avec gourmandise dans la (vraie) vie. Rencontre exclusive avec une héritière… qui ne manque pas d’aplomb.

La journée est chaude et la lumière particulièrement éclatante à New York. Le soleil zénithal de midi plonge ses rayons à travers le toit vitré de la Cabane Nord, un espace VIP de l’hôtel Maritime, non loin de la rivière Hudson. L’astre généreux inonde le spacieux salon recouvert d’un sisal en fibres naturelles, dressé de coussins aux coloris vibrants de la maison de couture italienne, créée par Rosita et Tai Missoni en 1959. Un buffet de petits mets gourmands et de rafraîchissements s’inspire des grandes tablées estivales des Missoni, trois générations qui vivent en un clan uni.

Melon-prosciutto, riz safrané et fines tranches de magret sortent tout droit du livre de recettes des vacances en Sardaigne. La fourchette à la main, piquant allégrement dans son assiette colorée, une jeune femme à la longue chevelure brune fait dignement honneur à la tradition familiale, faisant peu de cas des calories absorbées. Elle a la figure encore ronde de la tendre jeunesse. Vêtue d’une mini-jupette et d’un top Missoni, elle dévoile un corps sain aux belles proportions, loin des silhouettes de brindilles de certains tops ou actrices.

La jeune héritière et porte-flambeau de la griffe ultrafashion n’affiche pas non plus l’attitude de la diva que l’on prête parfois aux célébrités. Car, vous l’aurez reconnue, Margherita Missoni, en chair et en os, est surtout un esprit sain dans un corps sain. Accessible et décontractée, elle se répand en sourires une fois les présentations faites. Disponible et spontanée, elle répond gracieusement mais sérieusement à une interview improvisée. Ses propos n’ont rien de formatés. La Margherita que l’on rencontre en personne ressemble peu à son image de  » Socialite  » et de  » jet-setteuse  » déclinée dans les magazines. Avec sa voix grave, presque rauque, et des idées bien trempées, la belle de 24 ans affiche un tempérament de feu, à l’italienne…

Petite-fille de Rosita et Tai Missoni, les fondateurs du label, et fille aînée d’Angela, qui a repris les rênes de la société en 1997, Margherita est la nouvelle ambassadrice de la marque. Elle prête son minois aux campagnes publicitaires des deux derniers parfums Missoni et Missoni Acqua. Ses apparitions aux soirées les plus sélectes de New York déclenchent des avalanches de photos dans la presse people, contribuant à rajeunir l’image d’un des couturiers les plus chics de Milan. Avec sa fille pour muse, Angela a apporté une touche sexy au motif en zigzag, signature de Missoni, et les ventes s’envolent de 20 % chaque année. La famille s’investit actuellement dans l’hôtellerie et planifie d’ouvrir des hôtels Missoni à Londres, Dubaï et Milan.

Ironiquement, la contribution Margherita à l’entreprise correspond à son départ du giron familial. Aînée de trois enfants et d’une clique de cousins, elle a grandi au pied des Alpes dans une propriété entourée de forêts, près du lac Majeur, à une centaine de kilomètres de Milan, où se trouvent aussi les ateliers de Missoni. C’est là que trois générations du  » clan  » vivent et travaillent ensemble, sous la houlette de Rosita et d’Angela, des femmes de caractère.  » Nous n’avons jamais déménagé. J’ai toujours la même chambre à la maison « , confie Margherita.

Il y a quatre ans, à 19 ans, Mademoiselle Missoni a fait ses bagages pour New York. N’est-ce pas un peu tôt pour tomber du nid ?  » Allons, tout le monde quitte ses parents un jour, dit-elle le plus simplement du monde. Si vous avez la chance de partir loin, de l’endroit où vous avez grandi, c’est une très bonne idée. Cela élargit vos horizons, vous découvrez de nouvelles choses. New York est super pour cela. Quand vous avez 20 ans et que vous voulez vraiment faire quelque chose de votre vie, New York vous pousse vraiment de l’avant, vous fait accomplir des choses.  »

Margherita a entrepris des études de philosophie à la Columbia University de New York, avant d’intégrer la fameuse école d’acteurs Lee Strasberg, là où Marilyn Monroe, Robert De Niro et Dustin Hoffman ont fait leurs premiers pas. Mais même en foulant des traces aussi prestigieuses, l’actrice débutante n’aspire pas à la reconnaissance à tout prix.  » Beaucoup de très bonnes actrices deviennent tellement populaires que cela enlève le charme du métier, explique-t-elle. C’est ce qui est arrivé à Nicole Kidman par exemple. On sait combien d’enfants elle a, ce qu’elle mange au déjeuner et avec qui elle partage sa vie. Je trouve que ce sont des choses que l’on ne devrait pas savoir d’une actrice.  » Cette tête bien faite et bien pleine a-t-elle un modèle dans le métier ?  » Je voudrais avoir une carrière comme Sean Penn. Je trouve qu’il a fait de très bons choix professionnels.  »

Margherita est-elle elle-même tentée par Hollywood, ou peut-être par le cinéma italien ?  » Il n’y a plus de grande industrie du cinéma en Italie depuis longtemps, rectifie-t-elle. Mais honnêtement, cela m’est égal où je joue. Je ne cherche même pas à être dans de grands films.  » Que pense-t-elle de cette image d’icône de la mode qui lui colle à la peau ? La jeune femme, qui a figuré sur la liste de  » Vogue  » des 100 personnalités les mieux vêtues de la planète, objecte vigoureusement :  » Je ne pense pas que quiconque puisse se considérer de son vivant comme une icône. De plus, il est vraiment difficile de trouver des icônes aujourd’hui. Les gens sont tellement influencés par la mode au quotidien, et par les collections saisonnières qui changent tous les six mois, qu’ils ne sont pas fidèles à leur propre style. Or, pour moi, c’est le style personnel qui crée l’icône.  »

Sa propre garde-robe n’a rien d’impersonnel. Elle déborde de pièces favorites collectées par trois générations de reines de la mode. En plus des créations Missoni, Margherita raffole de vêtements vintage et de seconde main, dénichés aux puces de Paris ou de Londres.  » On dit que j’ai un style bohémien, mais je ne fais pas d’effort pour m’habiller d’une certaine façon, s’amuse-t-elle. Car je ne prends pas cela vraiment au sérieux.  »

La mode coule pourtant dans ses veines, de mère en fille. Margherita compte-t-elle un jour prendre le relais à la tête de la maison familiale ?  » Si j’investis aujourd’hui mon temps et mon énergie pour être actrice, je ne le fais pas en me disant que plus tard je vais tout laisser tomber pour la mode, affirme-t-elle avec beaucoup d’aplomb. Actuellement, je ne compte pas m’investir dans la mode.  » Son plus grand rêve ?  » Etre maman.  » La lignée Missoni a décidément de beaux jours devant elle…

Elodie Perrodil

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