Elle est différente des autres tops, Mariacarla Boscono. Elle n’a pas l’air, comme ça, sur les photos, mais en privé, elle est drôle. C’est pour ça qu’on l’aime, mais pas seulement.

Il faut avouer faute à demi pardonnée qu’on aurait préféré se mettre en mode chipie et la détester ouvertement – la faute à sa vie de conte de fées, ses jambes de faon, son accent italien. Mais pas moyen, Mariacarla Boscono est juste charmante et drôle, donc désarmante, et nous, consentante. Déclaration d’amour.

Parce qu’elle est habillée des pieds à la tête en Givenchy et que l’on n’a pas trouvé mieux comme égérie. Aujourd’hui, par exemple, dans la suite 515 de l’Hôtel Bristol, Paris VIIIe, Mariacarla a enfilé un pantalon noir extralarge qui ressemble plus à une jupe, un pull du même acabit, même couleur, serré ses cheveux longs et corbeau en une queue de cheval très lisse, sur les lèvres, du rouge Rouge Givenchy, teinte 305. Nicolas Degennes, make-up artiste maison, s’est contenté de sublimer son teint d’albâtre, ses yeux si sombres et sa bouche qui laisse s’affoler les mots à la sortie, avec passage du français à l’anglais new-yorkais très Little Italy. S’il la chaperonne aujourd’hui, c’est parce qu’elle est le visage du nouveau lipstick star, tout ça à cause d’un  » très joli feeling  » en la maquillant sur un shooting il y a deux ans… et qu’on la verra encore, de façon récurrente sur d’autres campagnes de pub pour d’autres  » grands produits Givenchy « , prochaine étape, le teint.

Parce que Rouge, numéro 305, version Egérie, c’est le nom de code de cet  » accessoire de lèvres aux accents couture « , au raisin gravé de 4G, au parfum de mimosa, cassis et benjoin, avec cire d’abeille et microsphères d’acide hyaluronique  » redensifiantes et hydratantes « , mais ça pourrait aussi être le nom de code de Mariacarla. Dire qu’on n’est pas les seuls à l’aimer : Riccardo Tisci, directeur artistique chez Givenchy était là avant. Londres, 1998… Lui :  »  » Elle est comme ma 9e soeur ! Nous avons partagé tant de moments, privés et professionnels. Elle est forte et fragile à la fois, intense et intelligente, extrêmement féminine et androgyne aussi. Elle est d’une élégance subtile que j’adore et d’une sensualité dérangeante. Elle incarne tout ce que j’aime chez une femme.  » Elle :  » J’ai posé pour la photo sur le carton d’invitation de son show de fin d’études au Central Saint Martins College of Art and Design à Londres. Et on ne s’est plus quittés. Maintenant nous avons grandi, je suis maman, on est très occupé chacun mais on se parle tous les jours et on prend nos vacances ensemble.  »

Parce que son tiercé gagnant, c’est 1 mètre 77, 40 (pour les shoes), 85-60-88 (pour le reste), 27 kilos en sus pendant sa grossesse, 9 restant après son accouchement, c’est un détail pour elle. Rapport à sa mère qui ne lui répétait pas qu’elle était belle mais intelligente.

Parce qu’elle déteste les bébés avec iPad  » qui n’ont plus le temps d’être des bébés « . Elle, elle veut que sa fillotte soit sauvage.  » Comme Tarzan « . Le pourquoi de sa nouvelle vie à Ibiza.

Parce qu’en 1995 après que Kate Moss fut surprise en flagrant délit d’usage prohibé de substances nocives pour son cerveau, elle la remplace dans la campagne Stella McCartney pour H&M pour la bonne raison qu’elle est  » clean « . Elle ne l’a jamais ramenée, c’est classe.

Parce qu’elle a un fiancé drôlement joli, Vladimir Restoin Roitfeld (1982), rencontré sur le catwalk du défilé d’Helmut Lang et qu’à deux, ils sont doublement jolis, c’est mathématique.

Parce que, suite logique, belle-maman s’appelle Carine Roitfeld (Paris, 1954), rédactrice en chef de la version française de Vogue, de 2001 à 2011. C’est plus cool que le Diable en Prada.

Parce qu’elle est née à Rome, le 20 septembre 1980, y a grandi jusqu’à l’âge de 9 ans avant de filer en famille vivre une vie idyllique dans le bush kenyan, comme  » une hippie « , avec ses deux frères  » très beaux, cheveux blonds, yeux verts « , elle était plutôt  » vilain petit canard « , Dieu rend toujours au centuple.

Parce qu’en 2006, elle étudie le théâtre durant un an au Lee Strasberg Theatre and Film Institue à New York. Méthode Stanislavski.  » J’ai adoré, je ne prétendais pas être actrice, mais ce travail sur la mémoire sensorielle m’importait : j’aimerais avoir la chance de me souvenir de chaque instant que je vis, et de la sensation de chacun d’entre eux.  » Elle joue Solange dans Les Bonnes de Jean Genêt puis Imogène dans Cymbeline et Florizel dans Winter’s Tale de Shakespeare, Nina dans La Mouette de Tchekov. C’est dire si elle refuse les rôles sans imagination.  » Je suis déjà mannequin dans la vie pourquoi ferais-je le mannequin sur scène ou dans un film ?  »

Parce qu’elle hait ceux qui créent des vêtements  » que l’on ne peut porter si on n’a pas l’âge ni le genre, au risque d’être ridicule « .

Parce qu’elle a des sourcils sauvages, qu’elle dompte à la laque Elnett vaporisée sur une brosse à dent et qu’elle s’en vante.

Parce qu’elle la ramène tout le temps (dixit Jean Paul Gaultier).

Parce qu’elle ne dit rien d’elle et puis tout, comme ses  » oeuvres  » qu’elle n’a jamais montrées, sauf une fois, dans A magazine dont Riccardo Tisci était l’invité – son corps passé aux Rayons X et puis collages par-dessus de photos de fleur. La vie après la mort.

Parce que si elle est  » un ouistiti « , elle est parfois aussi  » Stromboli « .

Parce qu’elle a quelque chose d’Anna Magnani.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

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