L’auteure aime parfois mêler sa voix à d’autres destinées. Comme à celle de la championne de boxe française, Aya Cissoko, dont la vie n’a pas pris de gants pour la faire chuter, mais qui a réussi malgré tout à se relever avec dignité.

Les mots des parents dessinent-ils l’avenir de l’enfant ?

Sûrement. Le meilleur copain de mon père m’a dit un jour :  » Toi, tu ne seras jamais jolie, mais tu auras toujours quelque chose de plus : le charme.  » Ça m’a sauvée.

L’écriture, un besoin ou un rêve ?

Cette pratique remonte à l’enfance. J’ai appris à lire et à écrire très tôt. Que ce soit dans mes rédactions ou mon courrier d’ado, j’aimais raconter des histoires. Alors que j’ai fait des études de lettres et de journalisme, je ne me rêvais pas écrivain car je ne pensais pas que je pouvais l’être.

Que vouliez-vous devenir ?

Médecin, or j’étais nulle en maths. C’était d’autant plus décourageant que je travaillais. Ainsi, j’ai fait l’expérience de l’imbécilité, celle du môme qui fait des efforts, mais qui ne réussit pas.

La vie d’Aya Cissoko est aussi faite d’efforts. Comment est né ce livre ?

Nous nous sommes connues par une amie. Je savais que son histoire était spectaculaire. La vie des autres est héroïque, romanesque. Quel trésor.

Qu’aimez-vous dans l’écriture à quatre mains ?

Le partage. On en apprend toujours sur soi et sur le monde en écoutant les autres.

Qu’est-ce qui vous a touchée chez Aya ?

Son courage. C’est peut-être un don, une attitude devant la vie. Parfois, j’ai pleuré en écrivant son histoire, mais Aya ne pleure pas. Elle est l’héroïne d’un drame, où il se produit des choses terribles et belles. J’aime l’idée que son histoire soit la nôtre.

La vie est-elle un ring de boxe ?

Non, c’est plus compliqué qu’un combat. Il s’agit de tenter l’aventure, même si on peut mourir. Or il n’y a pas d’échelle du malheur. La vie est très violente !

Qu’aimez-vous dans la boxe ?

Les combats sont grisants. Ils m’ont donné envie de me lever et de crier. Ça fait remonter des choses primitives. L’idée que les boxeurs puissent mourir est horrible.

Quelle est la force d’Aya ?

Sa colère. Elle se révolte contre tout, y compris contre elle-même, mais c’est son moteur. Sa dignité (danbé) est une vertu cardinale, une valeur immatérielle que sa mère met en elle et qui la sauve.

À qui êtes-vous fidèle ?

À mon enfance, à l’idée qu’on s’en fait et à celle qu’on était. Et à mes amis, sans qui je n’imagine pas ma vie. L’amitié est un pacte renouvelé de fidélité.

Où vous sentez-vous chez vous ?

À Paris, dont j’aime le mouvement, le stress, l’adrénaline, le côté beau et figé.

Qui incarne pour vous la Parisienne ?

Aya Cissoko, parce qu’elle a vachement du charme, de la gouaille et de l’élégance.

Votre signe astrologique ?

Capricorne. Je suis énervée, surexcitée, obstinée, mais pas précoce (rires) !

Danbé, par Aya Cissoko et Marie Desplechin, Points, 185 pages.

KERENN ELKAÏM

IL N’Y A PAS D’ÉCHELLE DU MALHEUR. LA VIE EST TRÈS VIOLENTE !

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