Marie Robert

Marie Robert © PASCAL ITO @FLAMMARION

Via son compte Instagram @philosophyissexy (110K abonnés), son podcast éponyme et ses romans, cette Française explore différents formats, histoire de faire s’épanouir une philosophie la plus inclusive possible, « les mains dans le cambouis du réel ».

« J’ai ressenti l’urgence de rendre cette matière vivante. J’ai adoré mes études de philo, mais même si c’était très stimulant, j’ai été troublée par l’élitisme de la discipline, son côté poussiéreux, bourgeois et soyons honnête… très masculin! Je ne comprenais pas comment on pouvait enfermer une matière aussi passionnante dans une tour d’ivoire. Il fallait lui trouver d’autres supports. Je ne propose pas de remplacer Kant pas une chaîne YouTube, je dis simplement que cette chaîne pourrait amener des gens à oser ouvrir Critique de la raison pure. Beaucoup d’hommes se sont imposés comme des figures d’autorité et de raison. Et pour s’imposer, souvent, il faut se mettre au-dessus des autres. Donc se mettre au-dessus des femmes. C’est en train de changer mais il faut faire attention à ne pas limiter ces dernières à la philosophie du genre ou la philosophie féministe. Les femmes dans l’histoire de la philosophie ont souvent exploré des formes hybrides. On a longtemps considéré que Simone de Beauvoir ne faisait pas complètement de la philo, mais plutôt de l’autobiographie. Christine de Pizan proposait aussi une forme particulière. Je pense qu’il y a une autre manière de faire de la philosophie qu’on n’a pas encore examinée et qui ne passe pas par l’élaboration de systèmes. Les femmes philosophes passent davantage d’un sujet à l’autre, elles ont moins besoin de nomination, moins besoin d’être dans un rôle. Je pense à Claire Marin et son livre bouleversant sur la rupture ou à Mona Chollet qui touche un public large parce qu’au fond elle s’inclut dans la réflexion. Avec les femmes, il n’y a pas ce détachement, ce piédestal typique aux hommes. Elles ont une facilité à être ancrées. Mais la pensée appartient à tout le monde, ça va bien au-delà de la question des femmes. Il y a aussi le sujet essentiel de classe sociale. Notre histoire de la pensée est faite par le seul et même regard d’homme occidental ; c’est quand même très limité! »

‘La pensu0026#xE9;e appartient u0026#xE0; tout le monde.’

La suite du Voyage de Pénélope (désormais disponible chez J’ai Lu) est sortie cet automne chez Flammarion et s’intitule Les chemins du possible.

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