La créatrice de Lilù imagine des sacs personnalisables selon les envies de ses clientes. De l’artisanat made in Belgium, qui fête cette saison ses 10 ans d’existence.

Quand on l’invite à prendre la pose dans son atelier, le temps d’un cliché, Emmanuelle Adam donnerait cher pour se cacher complètement derrière ses sacs. Ce sont eux qui constituent la griffe Lilù, pas elle, estime-t-elle. Pourtant, depuis dix ans, cette presque quadra a réussi à donner une place à part à son label d’accessoires. Et ce en toute discrétion.

Dans cette histoire, rien n’a été écrit à l’avance.  » Je suis issue d’une famille qui n’a jamais considéré les formations artistiques comme étant de véritables études « , raconte-t-elle. A l’époque, bosser dans la mode ne lui semblait même pas de l’ordre du possible. C’était sans compter sur les hasards de la vie…

Si on remonte un peu plus de vingt ans en arrière, Emmanuelle Adam, originaire de Charleroi, parents oeuvrant dans le milieu pharmaceutique, commence le droit,  » le genre d’études qui permet de faire ce que l’on veut ensuite, dit-on généralement. Je rêvais de m’investir dans l’humanitaire. Ce à quoi on m’avait répondu qu’il n’était pas possible de changer le monde sans diplôme.  » Après ses candis, la voilà qui part un an en Italie, à l’Ecole polytechnique de Milan, pour y suivre une formation en gestion d’entreprise. La jeune femme travaille ensuite quelques mois pour son père, avant d’être tenaillée par l’envie de voler de ses propres ailes. Via une connaissance, elle est engagée par la styliste Johanne Riss.  » Une bonne école. Comme il s’agit d’une micro entreprise, on est forcé de toucher à tout, que ce soit le choix des matériaux, le design, la production, la gestion d’une boutique… J’y ai appris énormément.  » Elle y rencontre aussi Géraldine Raulier, avec qui elle jure qu’un jour, c’est sûr, elles feront le grand saut et écriront ensemble les pages de leur récit personnel.

L’opportunité se présente avec la maison Dequanter, fondée en 1937, dans la galerie du Roi, à Bruxelles. Une vénérable institution, qui cherche repreneur et vend des boutons bijoux, boucles, parures et maroquinerie haut de gamme, tout en collaborant avec plusieurs maisons, comme Natan. Les deux collègues relèvent le défi. Et réalisent, en parallèle, quelques commandes spéciales de sacs pour le compte de magasins. Des demandes qui ne sont pas vraiment rentables et ne laissent que peu de place à la créativité. Réflexion faite, ces accessoires, ce sont elles qui les dessineront, au gré de leurs envies ; elles les proposeront ensuite à des boutiques multimarques, et non plus l’inverse. Ainsi naît le label Lilù…

Un déménagement et une décennie plus tard, la marque a pris énormément de poids dans l’activité d’Emmanuelle, même si des connaisseuses, souvent aux cheveux argentés, viennent encore puiser dans la réserve de beaux boutons de la maison Dequanter. Désormais seule à la tête du navire – son associée est partie tenter une autre aventure -, cette grande blonde, qui confesse être une shoes addict, imagine patiemment des pièces qui lui ressemblent. Ses besaces et autres cabas sont ainsi fabriqués en Belgique – elle y tient – dans son atelier, installé dans l’arrière-boutique de la rue du Bailli, à Bruxelles. Ses cuirs de teintes et textures variées sont choisis en Italie,  » c’est là que se trouvent les plus belles tanneries  » ; ses créations sont doublées de cuir,  » c’est tellement plus beau  » ; et peuvent, surtout, être personnalisées au gré des envies.  » L’idée de porter quelque chose de différent des autres me touche particulièrement. J’aime imaginer des modèles, chaque saison. Mais j’apprécie aussi quand les femmes se les approprient.  »

Une démarche qui plaît de plus en plus, même s’il n’est pas toujours évident, pour ses clientes, de trouver les bonnes combinaisons de peaux et couleurs.  » Elles n’ont plus l’habitude de choisir et sont donc à l’écoute des conseils « , explique celle qui puise son inspiration dans la rue, l’oeil attiré par un vêtement, un pli, un bouton. Et qui, lorsqu’il s’agit d’élaborer un nouveau sac, a appris à laisser ses mains être guidées par la matière première.  » Créer, c’est d’abord trouver des solutions à des problèmes de forme ou de tombé du cuir.  » Si c’est pour arriver à de tels résultats, on ne la contredira pas.

PAR CATHERINE PLEECK

 » Les femmes n’ont plus l’habitude de choisir. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content