Les affiches interactives s’apprêtent

à débarquer en Europe.

Attention, la publicité  » intelligente  » fourbit doucement ses armes…

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

Voyage dans le temps, destination 2054. A cette époque, les passants sont interpellés, en rue, par des publi-cités interactives qui leur vantent, en trois dimensions, les vertus des derniers produits à la mode. Chaque individu est décortiqué, à son insu, par un système d’identification rétinienne et les consommateurs sont dès lors approchés, personnellement, en fonction de leur profil et de leurs habitudes commerciales. Intrigant, ce scénario futuriste est l’une des brillantes subtilités du film  » Minority Report « , de Steven Spielberg, sorti il y a quelques mois déjà. Histoire d’imaginer à quoi pourrait ressembler notre futur à moyen terme, le réalisateur américain s’était entouré d’une série d’experts disposés à poser les bases réalistes de l’évolution de notre société. Aujourd’hui, à un demi-siècle de cette échéance, force est de constater que la fine équipe de Mister Spielberg semble avoir vu juste. Ainsi, aux Etats-Unis, une nouvelle génération d’affiches révolutionnaires envahit doucement le marché publicitaire (photo). Fabriqués par la société new-yorkaise Thinking Pictures, ces panneaux interactifs génèrent des images qui se mettent à bouger lorsqu’un passant les regarde. Pas de magie dans ce système obscur : un capteur intelligent détecte simplement la présence humaine et active l’animation au moment opportun (www.thinkingpictures.com). Pour l’instant, ces affiches d’un genre nouveau ne sont déployées que dans les cinémas pour séduire les indécis avant leur choix de film définitif, mais il se pourrait bien que cette technologie inédite gagne petit à petit d’autres terrains de prédilection comme les gares, les aéroports, les toilettes publiques, les stations-service et, pourquoi pas, les banquettes des taxis. Imaginez un peu le scénario : vous arpentez les vitrines d’un centre commercial à la recherche d’une paire de baskets. Entre deux boutiques, un panneau publicitaire exhibe, au loin, la nouvelle montre Machin. Vous vous approchez et hop ! l’image s’anime pour une présentation choc du plus bel effet. Et si, finalement, vous laissiez tomber les baskets pour la montre ? C’est précisément le but et ce n’est qu’un début. Car on pourrait envisager, à l’avenir, que ce capteur apparemment anodin soit de plus en plus performant. Rusé, il pourrait adapter ses images et son message en fonction de la personne qu’il détecterait par les bienfaits de son intelligence artificielle : homme ou femme, ado ou adulte, look classique ou branché… Et dans les cinquante prochaines années, qui oserait affirmer que la technologie d’identification rétinienne ne soit pas, in fine, le maître étalon de nos futurs achats ? L’idée n’est pas si folle puisque les stratèges du marketing délaissent, de plus en plus, la notion de masse pour une vision personnalisée du consommateur. Avec les progrès de la science, on peut donc s’attendre à une exacerbation de cette logique commerciale. Objectif : une séduction publicitaire 100 % adaptée à l’individu reposant sur des  » messages-miroir  » en quelque sorte. D’ailleurs, les fameux cookies laissés sur notre ordinateur par les sites marchands que nous visitons sur Internet n’ont-ils pas d’ores et déjà annoncé la tendance ? Big Brother dans toute sa splendeur…

Frédéric Brébant

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