Les antiquaires en auraient presque tiré la tronche. Non pas que la biennale qui leur était consacrée en septembre dernier à Paris ait vu son taux de fréquentation chuter ; pour cette 27e édition, près de 100 000 personnes ont arpenté les allées du Grand Palais. En réalité, ce qui chiffonnait les principaux exposants, c’est que les vraies vedettes de ce rendez-vous incontournable du secteur depuis soixante ans, ce n’était pas eux mais les joailliers, vers les stands desquels la foule convergeait en rangs serrés. Et de fait, si les noms prestigieux ont toujours été de la partie – dès 1964, Cartier et Boucheron étaient représentés -, leur importance ne cesse de croître. Ils étaient six en 2008, quatorze cette année, chacun déployant une débauche de moyens pour mettre en valeur des collections plus spectaculaires les unes que les autres. Jugez plutôt. Scénographie du starchitecte Peter Marino pour Chanel, qui emmenait le visiteur dans la Café Society qu’aimait tant Mademoiselle, ce club cosmopolite où se croisaient riches fêtards de tous bords mais aussi Braque et Picasso, Erik Satie, Serge Diaghilev et ses ballets russes, Jean Cocteau ou Misia Sert… Un creuset stimulant qui a donné naissance à un nouveau langage, débarrassé des codes jusqu’alors en vigueur, infusant désormais toute la sphère créative. C’est cet élan inédit que les artisans de la griffe entendaient traduire dans leur haute joaillerie. Ainsi de ce collier Sunset  » en or blanc et rose 18 carats, saphir rectangulaire Padparadscha taille coussin de 5,5 carats, 8 saphirs taille ovale, 44 saphirs taille fancy et 2387 diamants taille brillants « , misant sur la légèreté (si si…) et sur les constructions en 3 D.

Du côté de Dior, le jeu sur les volumes était également à l’honneur puisque Victoire de Castellane s’est inspirée des robes iconiques de la maison, que son fondateur concevait comme des édifices de tissus savamment structurés. Les bijoux se nomment dès lors Corolle, Aladin ou encore Bar, à l’instar du fameux tailleur qui fit scandale en marquant la rupture avec le passé, et évoquent des étoffes drapées, ceinturées ou plissées. Même volonté de se replonger dans une des périodes les plus marquantes de son histoire pour Piaget, dont on célèbre cette année les 140 ans. Ici, ce sont donc les sixties et les seventies qui sont mises en avant à travers 88 bijoux et 37 montres traduisant les lignes de force de la marque suisse : les manchettes, les associations inédites de couleurs, la valorisation de pierres semi-précieuses, comme la turquoise ou l’opale, associées à des diamants ou des émeraudes. Face à tant d’éclat, on peut comprendre que les antiquaires prennent ombrage…

Rédactrice en chef

Delphine Kindermans

Une débauche de moyens pour des collections plus spectaculaires les unes que les autres.

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