On ne sait plus à quel saint se vouer : après des saisons entières à vénérer la besace souple, on apprend que le sac culte de l’hiver 10-11 sera carré. Mais ce n’est pas parce que la grande pythie Mode a rendu son oracle qu’il faut s’y soumettre comme à parole d’évangileà sous peine de virer grenouille de bénitier. L’essentiel, pour éviter la confusion avec une vague cousine de Bernadette Chirac ? Bannir le premier degré. D’ailleurs, dans néo-lady, LA fashion attitude de la saison ( voir pages 36 à 41), le préfixe est capital. Si, dans néo-dandy ou néo-smoky ces trois lettres-là nous sauvent de la chemise à jabot ou du regard de panda, elles nous évitent ici le look bobonne. Parce que le kit complet twin-set en maille, jupe camel au genou, brushing laqué et lunettes papillon, c’est très joli à la télé – dans Mad Men – ou sur les podiums – chez Prada – mais il faut avouer que ça le fait moins à la sortie de l’école ou au rayon surgelés.

Son sac carré, on l’accompagne donc de chaussettes en laine, de cuissardes ou de cache-oreilles en fourrure ( voir pages 58 à 67). Bref, comme tout bon basique qui se respecte, on le malaxe, on le triture et on l’adapte à toutes nos envies mode du moment. Enfin presque toutes, parce que si on veut associer le it bag au it soulier de l’hiver, ça se corse méchamment. Jugez plutôt : réunir ces deux fashion statements, cela voudrait dire se trimballer avec, au creux du coude, un sac un peu strict et, aux pieds, à des mocassins, autre grand retour gagnant de la saison ( voir pages 42 à 46). Et là, c’est de nouveau se rapprocher dangereusement du gouffre BCBG, au fond duquel croupissent depuis vingt ans le serre-tête en velours et la jupe plissée marine.

à moins, encore une fois, de se la jouer hyper second degré, genre  » Je suis tellement hype que personne ne m’assimilera à Anne Quevrin, même avec ma sacoche de mémé et mes chaussures plates à gland « . Mais là, avouez, c’est pas donné à tout le monde. Un sage précepte à retenir, donc, même pour celles qui ne rateraient pour rien au monde les grand-messes du style : les tendances de mode, on s’en inspire puis on se fait sa propre religion. Les préceptes trop rigides, eux, doivent être mis à sac.

Delphine Kindermans – Rédactrice en chef

Même avec ma sacoche de mémé et mes chaussures plates à gland.

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