Après Paris et le Grand Palais, où elle s’était installée du 4 décembre au 21 février derniers, l’expo Volez, Voguez, Voyagez, retraçant l’histoire de Louis Vuitton, aurait pu atterrir à New York, Milan ou Londres, autres capitales incontournables de la mode. C’est toutefois à Tokyo qu’elle a posé ses bagages, démontrant par là la place prépondérante de la mégapole nippone sur la carte du monde hype. Bien sûr, les visées commerciales ne sont pas à négliger dans ce choix : on sait l’enjeu que représentent les marchés asiatiques pour les labels de luxe. Mais au-delà de toute stratégie mercantile, il faut bien admettre que, dans un certain milieu du moins, tout est tellement plus cool quand l’adjectif  » japonais  » y est apposé. Musique, menus, produits de beauté, ça fonctionne à peu près à chaque fois. Mais c’est surtout dans la sphère fashion que la technique se montre imparable – faites le test avec  » denim « ,  » sneakers  » ou encore  » lunettes de soleil « . C’est que la sape prend là-bas une importance quasi obsessionnelle, même quand la taille rikiki des appartements dans les grandes villes ne permet pas d’y inclure un dressing… Les créateurs y sont adulés, la preuve notamment avec Paul Smith qui ne peut pas pointer le nez dehors sans voir une nuée de jeunes femmes se ruer sur lui, alors que ce n’est pas le cas dans sa Grande-Bretagne natale.

Mais pas question pour autant pour la jeunesse tokyoïte de copier-coller les modèles européens ou américains sans y apporter un twist unique, reconnaissable entre mille. Chez les modeuses les plus pointues, cela se traduit par le cosplay, cet art de s’inspirer des héroïnes manga pour se façonner un look associant cheveux roses ou bleus, jupes de collégiennes et accessoires cyberpunk. C’est donc bien d’une réelle appropriation qu’il s’agit, dans ce pays où l’ouverture aux vêtements occidentaux est pourtant relativement récente – jusqu’à l’arrivée des GI lors de la Seconde Guerre mondiale, les costumes traditionnels étaient la seule option.

Globalisation oblige, les stylistes à la tête des grandes maisons parisiennes ou milanaises, biberonnés aux dessins animés – Les Chevaliers du zodiaque, Dragon Ball Z ou Gigi – et jeux vidéo – Final Fantasy, Kingdom Hearts… – des années 80 et 90, se nourrissent à leur tour de ces références lorsqu’ils imaginent leurs collections. Le meilleur exemple ? Nicolas Ghesquière, directeur artistique de Vuitton, et son printemps-été où l’on retrouve sandales de Samouraï et autres détails kawaï. Pourquoi voler très loin pour se sentir en voyage, alors qu’il suffit parfois de voguer sur les tendances pour être dépaysé ?

DELPHINE KINDERMANS

LA SAPE PREND LÀ-BAS UNE IMPORTANCE QUASI OBSESSIONNELLE.

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