Moi aussi, je veux être utile
Certains people n’hésitent pas à mettre leur notoriété, leur temps ou leur argent au service d’une cause qu’ils estiment importante. Et si on suivait l’exemple ? Choisis ta cause citoyen.
Angelina Jolie milite pour les droits des réfugiés. Bono tente de réduire la dette des pays du tiers-monde. Leonardo DiCaprio a lancé une fondation pour préserver la biodiversité. George Clooney réveille les consciences pour le Darfour. Cameron Diaz incite ses fans à lutter contre le réchauffement climatique. La bande des Enfoirés soutient les sans-abri. Sophie Marceau aide les enfants malades à réaliser leurs rêves, Sandra Bullock ouvre son portefeuille à chaque drame planétaire. Scarlett Johansson met son temps libre aux enchères sur eBay au profit d’Oxfam. Rihanna pose pour une campagne de sensibilisation pour le sidaà
La B.A. a la cote chez les people ! Les mauvaises langues diront qu’elles se rachètent une conscienceà et les plus concernées reconnaîtront que le partage des spotlights offre une visibilité quasi inespérée. Donc une aide plus importante. Et pourtant, l’altruisme n’étouffe pas Paris Hilton qui préfère dépenser ses dividendes pour ajuster sa garde-robe à la dernière mode. Alors qu’elle pourrait faire comme Victoria Beckham, une autre fashionista dans l’âme, et joindre l’utile au charitable en posant nue pour Marc Jacobs, et ainsi sensibiliser les adeptes des bancs solaires au cancer de la peau. Mais non, la bonté n’est pas innée. Elle fait partie d’un parcours personnel, d’un processus de réflexion, d’une réelle volonté d’engagement. Chacun d’entre nous a le choix : penser que les actions de solidarité sont vaines ou, au contraire, ajouter sa goutte d’eau au ruisseau et espérer qu’il devienne un jour rivière. En Belgique, ils sont déjà un million et demi à avoir franchi le pas du volontariat. Soit 17 % de la population belge (1).
Le bal des volontaires OU génération de philanthropes ?
Nous sommes visiblement de plus en plus nombreux à ressentir ce besoin d’humanité. » Nous recevons environ sept nouvelles inscriptions par jour de candidats bénévoles, explique Hélène Tovstiuk, coordinatrice de l’Association pour le volontariat ( 2). Mais concrètement, nous en rencontrons quatre par jour, soit environ 500 par an. Les autres ayant déjà été découragés par le rendez-vous matinalà » Contrairement au cliché véhiculé, ce ne sont pas les ménagères retraitées qui sont les plus nombreuses à £uvrer dans la charité. Les femmes sont certes plus nombreuses (67 %), et plus le niveau d’éducation et de vie est élevé, plus fréquent est l’engagement volontaire, principalement chez les enseignants et les cadres. Mais depuis quelques années, une nouvelle tranche de la population s’engage : les jeunes. Au point que ces deux dernières années, un tiers des candidats à se présenter avaient moins de 35 ans.
Une nouvelle génération de philanthropes ? Plutôt des chercheurs d’emplois visant à remplir leur temps libre intelligemment, en s’offrant là une expérience professionnelle intéressante. » À la sortie de l’univ, j’ai donné des cours de piano les six premiers mois, mais ensuite, j’ai été sans emploi, confie Séverine, 29 ans. J’étais inoccupée, et je connaissais la directrice de l’association Alpha à Bruxelles, qui organise des cours d’alphabétisation. Elle n’avait pas vraiment besoin de moi, mais elle m’a quand même proposé une quinzaine d’heures par semaine. Une expérience toujours bonne à prendre et à pointer sur un CV. Comme je cherchais un job dans le milieu socioculturel, cela me permettait d’être présente sur le terrain, que l’on me remarqueà » Séverine a donné des cours d’alphabétisation durant quatre mois avant d’être engagée ailleurs à temps plein.
Trouver sa voie
Le bénévole idéal ? » Une personne positive, ponctuelle, régulière, disponible, ouverte d’esprit, capable d’initiatives et consciente des responsabilités dans lesquelles elle s’engage, souligne Hélène Tovstiuk, Parce que s’engager, c’est bien, mais respecter ses engagements, c’est mieux. » D’où l’utilité de l’entretien organisé par l’Association pour le volontariat qui aide les candidats à trouver leur voie en se posant les bonnes questions. Du type : » Quel temps suis-je prêt à consacrer ? « , » Quelles sont mes compétences ? « , » Quels sont les secteurs qui m’intéressent (l’éducation des jeunes, l’aide aux malades, la protection de l’environnement, la conservation du patrimoineà) ? « , » Ai-je des appréhensions ? « , » Quelles sont mes motivations réelles ? « à Parce que c’est évident : il n’existe aucun acte totalement désintéressé. Celui qui donne reçoit forcément en retour.
» À 40 ans, j’ai eu un déclic, s’enthousiasme Laurence. J’ai réalisé que j’avais besoin de quelque chose » en plus » dans ma vie. Probablement parce que je n’ai pas d’enfants, ce qui donne généralement un sens à la vie. Ce sentiment est devenu encore plus grand quand j’ai travaillé dans le monde de la communication, un peu superficiel et fortement axé sur la consommation. Il me fallait un contrepoids pour trouver mon équilibre. » Equilibre que Laurence a trouvé en devenant permanente dans un centre d’écoute téléphonique pour personnes en détresse. » Les formations que je reçois grâce à l’association, et le travail sur place répondent à une envie de renouer avec une part de moi-même, poursuit-elle. J’avais un diplôme de psycho qui traînait au fond d’un tiroir depuis quinze ans. Ce bénévolat m’offre un ticket vers un autre monde : bousculés, pauvres, transsexuels, angoissésà Je ne sais jamais qui va appeler. Et j’avoue, cette surprise, à l’effet d’un kick. Ma motivation n’est pas altruiste mais égoïste. Je pense que c’est d’ailleurs un point essentiel : on doit faire du volontariat pour soi-même, sinon on ne tient pas. «
Des sourires et des hommes
Heureusement, de nombreuses personnes s’engagent suite à une réflexion personnelle. » Beaucoup constatent des manquements dans la société, philosophe Hélène Tovstiuk. Elles ne se reconnaissent pas dans le modèle consumériste proposé, et se rendent compte que ce n’est pas en consommant qu’on devient plus heureux. Donner, c’est recevoir. » Mais on ne peut donner que si on se sent bien. D’où l’intérêt d’évoquer d’éventuelles réserves. Comme, par exemple, désirer travailler avec des enfants… Mais pas handicapés. » Certaines personnes ont peur de ne pas être à la hauteur dans un premier temps, épingle Hélène Tovstiuk. Le volontariat s’apprend. Comme toutes autres disciplines. «
Parce que tout n’est pas toujours rose. Outre les sourires qu’on provoque par sa simple présence et le bien-être psychologique qu’on peut en retirer, on peut aussi se retrouver face à ses désillusions. » Le plus dur, admet Benoît, 51 ans, coordinateur de l’association Agapes qui distribue des repas une fois par mois aux sans-abri, est d’avoir en face de soi des personnes désespérément enfouies dans la misère et qui n’en sortiront probablement jamais. Je suis conscient de n’être parfois qu’une aide passagère qui leur permet juste de survivreà Il est donc important d’être motivé ! Certes, on leur donne à manger, mais le plus important, c’est de les écouter. Pour qu’elles aient enfin quelqu’un à qui parler. Quand on s’intéresse à elles, elles sont reconnues comme personne à part entière. Là, je sens que je suis utile. «
Une écoute attentive, un regard amical, une main tendue. Parfois, il n’en faut pas plusà Parfois, il faut autre chose. Comme une aide administrative. » On a du mal à trouver des bénévoles qui acceptent de travailler chez eux « , reconnaît Hélène Tovstiuk. Pourtant, c’est souvent le nerf de la guerre : se faire connaître du public. De nombreuses associations recherchent des personnes capables de s’occuper de leurs relations extérieures, de rédiger leurs communiqués de presse, de répondre à leurs mails ou de s’occuper des comptesà » Alors que l’offre, côté bénévole, est principalement axée sur l’accompagnement. Ce qui est évident, c’est que nous avons tous quelque chose à partager. Pour avancer, gardons à l’esprit l’idéologie des Enfoirés : » Quand je pense à toi, je pense à moi « .
(1) Enquête nationale 2007, Les Belges et le Bénévolat , réalisée par la Loterie nationale.
(2) Association pour le volontariat, 11, rue Royale, à 1000 Bruxelles. Tél. : 02 219 53 70. Internet : www.volontariat.be
Valentine Van Gestel
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