Et si la maison de demain se transformait en une  » moison  » ? Un vrai habitat de 3 m3 à peine dédié à l’individualisme galopant et censé résoudre la crise du logement.

Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45, dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur La Première (RTBF radio).

La Smart ?  » Ça ne marchera jamais !  » avaient prédit les fins limiers du marketing automobile au moment du lancement, en 1998, de la microvoiture imaginée par Mercedes. Certes, sept ans plus tard, la Smart est loin de symboliser le succès commercial tant espéré, mais la petite citadine à deux places est toujours bel et bien présente dans les grandes métropoles, surtout en Italie où son concept a véritablement séduit. Car le concept est béton : miniespace pour maxipossibilités de parking, sans parler d’une éventuelle solution à la fluidité du trafic en ville. Seul le prix – trop élevé – coince. A revoir, donc. Dans la même logique du gain de place pour résoudre d’autres problèmes urbains (notamment la crise du logement), il se pourrait qu’un concept  » similaire  » de micromaisons soit, quant à lui, une réussite davantage probante. La surpopulation étouffe les villes, les loyers grimpent et l’espace manque. Fort de ce constat, le collectif m-ch (pour  » micro compact home « ) a donc imaginé une demeure légère et modulable qui tient en moins de 3 m3 ( www.microcompacthome.com). Une espèce de cube en quelque sorte, idéal pour une (maximum deux) personne(s) et qui est à la villa de rêve ce que Smart est à la berline de luxe : minuscule, fonctionnel, suffisant. Tout le confort de base s’y trouve évidemment et le design, audacieux, s’inspire d’une maison de thé japonaise. Beaucoup plus qu’un simple prototype, la  » micro compact home  » est d’ores et déjà disponible sur le marché et habillera notamment, le mois prochain, le 02 Village de Munich, un concept de minikots pour étudiants déployés sur le campus universitaire de la ville. Outre la crise du logement qu’elle entend affronter avec modestie, cette initiative architecturale épouse également deux tendances comportementales bien ancrées dans la société actuelle, ce qui pourrait donc présager de sa réussite commerciale. D’abord, le courant  » egollectif  » (lire Weekend Le Vif/L’Express du 17 juin dernier) qui glorifie le repli sur soi en harmonie avec les autres. Autrement dit, ces nouveaux cocons individualistes pourraient facilement être déployés  » seuls mais ensemble  » au sein de structures adaptées. A ce propos, le collectif m-ch prévoit d’ailleurs, dans ses projets, un  » arbre village  » qui regrouperait ces  » moisons  » dans une structure poético-verticale. Cette idée originale rejoint précisément un deuxième courant bien dans l’air du temps : la  » néostalgie  » (lire Weekend Le Vif/L’Express du 22 octobre 2004), à savoir ce désir de retrouver les plaisirs disparus de l’enfance en y ajoutant juste ce qu’il faut de modernité. Comme, par exemple, s’offrir une jolie cabane dans les arbres avec tous les gadgets technologiques d’aujourd’hui. Le rêve de tous les kidultes ! A ce propos, une autre société canadienne propose, elle aussi, des microhabitats à suspendre dans les forêts. Baptisées  » free spirit spheres « , ces logements tout en rondeur allient le bois et la fibre de verre sur 3,50 mètres de diamètre et offrent, bien entendu, tout le confort nécessaire ( www.freespiritspheres.com). Parfait pour se mettre au vert et oublier ces villes remplies de Smart et autres alvéoles personnalisées.

Frédéric Brébant

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content