Sur scène, il est parfois Nelson, parfois Perry Rose. C’est selon qu’il joue et chante, pour le jeune public, avec Les Déménageurs, ou sous son vrai nom de pop-folk-rockeur qui a le cirque dans le sang.

S’il avait pu inventer son arbre généalogique, il aurait sans doute recopié celui que la vie lui a légué. Avec Perry Rose, la réalité a des airs saltimbanquo-romanesques. C’est qu’il est  » zinneke  » et  » fils d’immigrés « , né à Bruxelles, cela aurait pu être Londres. Une mère irlandaise, un père belge, tous deux artistes de cirque, avec numéros de jonglerie en couple d’une élégance ravageuse, des grands-pères dans le même genre, l’un clown, l’autre directeur du Duffy’s Circus, créé par l’arrière-grand-père, c’était le meilleur de toute la terre irlandaise, il y en avait deux, l’autre n’était  » pas terrible « , du moins c’est ce que prétend la légende de la famille Duffy-Rose.

Comment voulez-vous qu’avec une lignée pareille, il n’ait pas brûlé lui aussi d’être dans la lumière ? Pourtant, avant de rêver de devenir batteur, guitariste, comédien, danseur ou éclairagiste pourquoi pas –  » j’aime toutes les facettes de cet univers-là…  » -, il a d’abord imaginé être à la fois mécanicien et George Best,  » le gaucher formidable « , footballeur mythique du grand Manchester United des Swinging sixties. En lieu et place, il joue au foot en amateur et du pied gauche, de la guitare à droite, en professionnel, tandis que pour la batterie, il change d’hémisphère, idem pour le bodhran et les cuillers, le talent naturel des touche-à-tout doués. Ce qui va de pair avec une scolarité bruxelloise sans intérêt, on changera donc de sujet. Perry Rose est un amateur, au sens noble du terme, qui aime, apprend, souvent en autodidacte, parfois en Académie, et puis est. C’est d’ailleurs ce qu’il revendique quand il travaille sous son nom, c’est le sien, et il sonne mieux qu’un pseudo,  » quand je chante, je ne joue pas, je fais tout pour être moi-même, au plus près « . Par contre, quand il enfile sa toque de trappeur canadien avec Les Déménageurs, c’est une autre histoire, qui a débuté il y a douze ans, pour le jeune public (3-8 ans), sur une idée d’Yves Barbieux, leader d’Urban Trad et  » cerveau  » de l’affaire, qui signe leur cinquième spectacle, Danse avec les gnous, où il sera question, dès octobre prochain, de bébés animaux, parfois  » moches  » comme l’araignée que  » personne ne veut mettre dans sa poche « . Avec cette évidence propre à ceux qui ont le feeling avec les enfants, sur scène, Les Déménageurs déménagent, quand Lili (Marie-Rose Mayele) chante et danse, petits et grands  » gardent les yeux écarquillés « , de même le band, car c’en est un, qui tourne depuis si longtemps déjà. Avec ce nouvel opus, il démontre qu’on peut être tout à la fois à hauteur des enfants et faire de la pop-rock, naturellement. L’adverbe convient bien à Perry Rose. A 53 ans, il s’est laissé pousser la barbe, s’émerveille de la vie qu’il vit, lui dont les héros s’appelaient Paul Weller, James Taylor, Roger Daltrey ou Pete Townshend, il avait juste envie d’être comme eux, il trouve qu’il a de la chance. D’avoir un mentor, son grand frère, qui lui a tout appris. D’avoir fait la première partie de Sinéad O’Connor à Forest National en 1990,  » la frayeur, je me suis dit que j’étais fou d’accepter ça « . D’avoir signé dix albums depuis quatorze ans, avec ce dernier Splendid, sorti en avril –  » Je suis content, j’ai l’impression d’avancer « . D’avoir deux filles, Jody, 23 ans, photographe, et Nell, 17 ans, étudiante en dessin à Saint-Luc, qu’il endormait enfants à coups de ballades au piano et d’histoires à dormir debout –  » derrière la cheminée, il y a une vieille dame qui élève des pigeons parce qu’elle ne pouvait pas en avoir quand elle était petite…  » Souvent, il joint la chanson et le geste à la parole, il reconnaît qu’il fait  » feu de tout bois « , Perry Rose aurait été parfait lors des longues veillées d’hiver au coin de l’âtre. Si vous tendez l’oreille, pour peu que vous soyez familier avec l’anglais ou le celte, vous remarquerez qu’il s’arrange toujours pour glisser dans ses chansons du soleil, de la pluie, des nuages, une rivière, des rues, des gens, des regards, c’est plus fort que lui. Pour boucler la boucle, Perry Rose se verrait bien faire un concert dans un cirque,  » et que tout se regroupe « . On peut être  » raisonnable  » avec ses rêves et cependant les trouver  » grandioses « .

CD Perry Rose : Wonderful / Splendid chez Team4action. www.perryrose.com

Spectacle Danse avec les gnous, dès le 19 octobre prochain. www.lesdemenageurs.be

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

 » J’ai l’impression d’avancer.  »

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