Incontournables temples du shopping, les grands magasins londoniens abritent des rayons beauté qui méritent vraiment le détour. Enquête derrière les façades de ces majestueux bâtiments, histoire de savoir où dénicher best-sellers et exclusivités en matière de soins, de maquillage ou de parfums.

SELFRIDGES, le plus démesuré L’HISTOIRE

Depuis son ouverture, en 1909, le magasin d’Oxford Street n’a cessé de jouer la carte du glamour et de la démesure. Son fondateur, l’Américain Harry Gordon Selfridge, véritable showman dans l’âme, décide d’en faire un lieu où le shopping se mêle au spectacle. Du jamais-vu jusque-là. Quelques mois après une inauguration en grande pompe, il expose dans son magasin l’avion dans lequel Louis Blériot vient de traverser la Manche. Un exploit qui fait de Selfridges le troisième  » monument  » le plus visité par les touristes en ville, juste après Westminster Abbey et la tour de Londres. Élu  » meilleur grand magasin du monde  » lors du Global Department Store Summit, à New York, en juin 2010, le magasin continue de perpétuer cette tradition de l’extravagance. Le bâtiment lui-même, avec ses colonnes romaines et sa façade Art déco, a été agrandi à plusieurs reprises, pour occuper aujourd’hui quelque 65 000 mètres carrés sur six étages. En septembre dernier, il fit frétiller d’envie les fashionistas du monde entier en inaugurant ses Shoe Galleries : 3 200 mètres carrés consacrés exclusivement aux chaussures ; le rêve de toute  » shoeholic « .

AU RAYON BEAUTÉ

Son beauty hall, où l’on peut croiser Alexa Chung, Sienna Miller ou Lily Allen, n’est pas en reste. Avec près de 2 000 mètres carrés, il s’agit du plus grand espace au monde consacré à la beauté, réunissant le plus grand nombre de marques. Les griffes les plus prestigieuses y côtoient des stars montantes comme Le Métier de beauté. Fraîchement débarquée de New York, cette marque de maquillage y fait un tabac avec Peau vierge, un

complexe antiâge teinté, le secret bonne mine de la chanteuse Rihanna. L’empreinte du fondateur, grand amateur de Guerlain, plane sur ces rayons où 300 000 visiteurs défilent chaque

semaine. Ils peuvent s’y procurer aussi facilement un tube de Lippy Cow de Cowshed, un baume à lèvres à 6,50 euros qu’un flacon de 900 ml de Chanel N°5 à 2 900 euros. Harry Selfridge fut le premier à placer les fragrances et les cosmétiques à l’entrée du magasin. Loin des comptoirs de pharmacie où ils étaient jusqu’alors le plus souvent relégués. Un coup de maître repris dans le monde entier.

400 Oxford Street, Londres, tél. : +44 113 369 8040.

www.selfridges.com

NOS PRÉFÉRÉS

DWS, d’Illamasqua, 16 euros les 15 ml.

Une teinte gris nacré exclusivement créée pour Selfridges et baptisée du nom de son directeur des achats beauté, David Walker-Smith. Peut-on faire plus snob ? Difficile !

Exquisite, de Bella Bellissima, 79 euros les 100 ml.

Un riche bouquet de roses, de jasmin et de lis fondus dans des notes boisées. Addictif et sensuel.

Cleanser, d’Eve Lom, 58 euros les 100 ml.

Le must des démaquillants nettoyants à base de camomille et d’huile d’eucalyptus. Un produit culte depuis son lancement dans les années 80.

HARVEY NICHOLS, le plus pointu L’HISTOIRE

Les fans de la série Absolutely Fabulous se souviendront de Harvey Nicks – les Britanniques le surnomment ainsi familièrement – comme de la deuxième maison des héroïnes du feuilleton télévisuel, Patsy et Edina. Le magasin chic de Knightsbridge, adresse fashion par excellence, est né en 1820 du mariage entre la boutique de M. Harvey, spécialisée dans le lin, et celle du colonel Nichols, réputée pour ses tapis et soies d’Orient. Situé à deux pas de Harrods, ce bâtiment de cinq étages datant de 1880 s’illustre rapidement en proposant ce qu’il y a de plus à la page en matière de mode. Quitte à faire l’impasse sur le reste. L’année dernière, son étage dévolu à la maison a tout simplement été supprimé au profit d’un espace créateurs encore plus important, où règnent désormais des griffes comme Halston, Alice by Temperley ou Marc by Marc Jacobs.

AU RAYON BEAUTÉ

Côté cosmétiques, la sélection est tout aussi pointue. Plus de 200 marques, des plus établies aux plus sélectes, rivalisent en formules innovantes et cocktails high-tech dans cet espace de 1 000 mètres carrés. C’est ici, par exemple, qu’on a pu découvrir en exclusivité, en 2005, la surprenante création Molecule 01, de This Company. Une fragrance quasi inodore qui agit comme des phéromones, et qui est désormais un best-seller. Dernièrement, la marque norvégienne Skin Science a raflé toute l’attention avec sa gamme qui se targue de pouvoir réduire les effets du vieillissement de 20 %. Même l’espace spa du magasin cible des soins d’avant-garde comme le  » coolsculpting « , une méthode pour déloger les bourrelets sans chirurgie, en réfrigérant les cellules adipeuses. Non loin du Champagne Nail Bar, où manucure et fines bulles font bon ménage, se trouve l’incontournable corner Beyond Beauty, où se dénichent les dernières nouveautés, souvent confidentielles. Lancé il y a dix ans, ce concept store des cosmétiques est l’endroit où l’on trouve les crèmes de la marque anglaise Rodial, dont les produits phares portent des noms aussi éloquents que Boob Job et Bum Lift. Le premier promet une poitrine à la Scarlett Johansson ; le second, des fesses dignes des plages d’Ipanema. Pas étonnant que certains articles soient ici régulièrement en rupture de stock !

109-125 Knightsbridge, Londres, tél. : +44 20 7235 5000.

www.harveynichols.com

NOS PRÉFÉRÉS

Travel Kit, de This Works, 43 euros les 8 miniatures.

Un kit de produits indispensables à emporter en vacances, dont un baume multiusage, un sérum pour les yeux fatigués et une lotion extrahydratante aussi bien pour le corps que pour le visage. Un best-seller de l’espace Beyond Beauty.

Molecule 01, de This Company, 89 euros les 100 ml.

Toujours avec son approche radicale et minimaliste, le parfumeur Geza Schoen célèbre ici le vétiver dans sa forme la plus pure. Unisexe.

Hydrate Shampoo, d’Electric Hair dressing London, 20 euros environ les 250 ml.

Shampooing nourrissant à base d’extraits de canne à sucre, idéal pour avoir des cheveux aussi brillants et soyeux que ceux de Kate Middleton.

LIBERTY, le plus incroyable L’HISTOIRE

Impossible de ne pas tomber sous le charme de l’étonnante bâtisse de style Tudor qui trône majestueusement sur Great Marlborough Street. Difficile aussi de croire qu’à ses origines, en 1875, elle n’est qu’une modeste échoppe spécialisée dans les objets rares et les soies d’Orient, qui, sous l’impulsion de son fondateur, Arthur Liberty, lancera la vague de l’imprimé qui porte son nom. La boutique s’attire les faveurs des artistes préraphaélites, de Frederic Leighton à Dante Gabriel Rossetti, au point qu’Oscar Wilde qualifie l’endroit de lieu de prédilection pour l’artistic shopper. Le magasin tel qu’on le connaît, construit avec le bois de deux navires de la Royal Navy (sa façade principale affiche la longueur de l’un de ces bateaux), voit le jour en 1924. À l’intérieur, boiseries, poutres apparentes et une série de petites salles intimes, avec parfois même des cheminées… Entre une vision luxe d’un marché élisabéthain et la version XXL d’un charming cottage.

AU RAYON BEAUTÉ

C’est dans cette atmosphère feutrée qu’a ouvert début juin un tout nouvel espace beauté. Avec près de 400 mètres carrés, il double la surface de l’ancien beauty hall et propose plus de 50 marques, souvent de niche et toujours sélectionnées avec le soin d’un commissaire d’exposition. Des comptoirs au look plus contemporain sont entourés de tables qui attirent l’attention sur les dernières exclusivités maison, à l’instar de la crème miraculeuse Egyptian Magic, un des grands favoris de Madonna, ou des sets de vernis à ongles Strange Beautiful. Au fond, entre le corner Diptyque et le Labo – un bar à parfums où l’on vous concocte un jus unique -, se trouve l’un des endroits les plus exquis : la fragrance room. Un petit salon cosy où les créations des artisans parfumeurs comme Miller Harris ou Francis Kurkdjian sont à l’honneur. Le must du must : se faire conseiller par Stuart Williams, qui y officie depuis onze ans et connaît les secrets de chaque flacon. Les pros du make-up vous souffleront que c’est chez Liberty qu’il faut se rendre pour essayer poudres et fards. La raison ? Ici, point de spots artificiels, c’est à la lumière du jour qu’on teste ses palettes de couleurs. Une adresse indispensable, donc, pour choisir son prochain fond de teint.

Great Marlborough St, London, tél. : +44 20 7734 1234. www.liberty.co.uk

NOS PRÉFÉRÉS

Baume à lèvres Andrea Garland, à partir de 22 euros pour 6 ml environ.

De jolies boîtes de pilules, de crème ou de bonbon recyclées et remplies de baume à base de beurre de cacao, d’huile d’amandes douces, de vitamine E… Du 100 % naturel, avec la touche vintage en plus.

Rose en Noir, de Miller Harris, 136 euros environ les 100 ml.

Créée par Lyn Harris spécialement pour Liberty, une eau de parfum riche, envoûtante et sophistiquée, à base de rose et de patchouli avec des notes boisées. Très femme fatale.

Rosehip and Clover Body Lotion, de Liberty of London, 14 euros environ les 250 ml.

Lotion pour le corps à base de cynorhodon, un best-seller de cette marque maison lancée en 2005. On la trouve également au Bathshop, au 3e étage, aux côtés d’autres marques anglaises comme Bamford et Green & Spring.

PAR SIMONA GOUCHAN

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