Ça bouge dans l’univers de la mode. Au sens propre comme au figuré. Le terme qui fait le buzz cette saison ? Athleisure. Ou quand les créateurs se mettent à imaginer des tenues sportives qui servent à tout… sauf à faire du sport !

La tendance la plus marquante de la saison – et probablement des années à venir – s’apparente davantage à un style de vie qu’à une allure vestimentaire. Il existe même un mot – presque imprononçable – pour designer ce phénomène :  » athleisure « . Soit lacontraction de  » athletics  » et  » leisure « . Ou comment réunir deux termes opposés – effort et détente – sous un seul vocable servant à qualifier des vêtements réservés aux activités physiques mais qui ne sont pas utilisés en tant que tels. Un exemple ? Les sneakers. Elles ont en effet été pensées pour courir mais personne ne les chausse dans cette optique. La question ne porte dès lors plus sur l’utilité mais bien sur l’esthétique de l’objet.

Selon les chiffres récents du bureau américain d’études de marché NPD Group, la moitié des tenues dédiées au running, body-training et autre gym, achetées aujourd’hui, seraient destinées à une  » utilisation quotidienne non active « . En 2014, la vente de pièces de type athleisure a augmenté de 8 % et cette valeur devrait grimper à 20 % dans les années à venir, surpassant ainsi la popularité du denim.  » Les leggings sont les nouveaux jeans. Il s’agit à l’origine d’un produit pour la gym mais le look prend désormais le dessus. S’il y a une chose que nous avons apprise en sondant notre segment Femme, c’est que le sport sans style n’existe pas « , assurait dernièrement Mark Parker, CEO de Nike, à l’occasion d’une conférence à New York.

Une constatation qu’Alexandra Vanthournout confirme. Cette Belge, londonienne d’adoption depuis plus de dix ans, a lancé l’an dernier Fashercise, un magazine online et un e-shop misant sur le  » stylishly fit « .  » Les ventes ont débuté il y a cinq mois et elles augmentent de jour en jour. Par rapport à nos débuts, l’offre du secteur s’est considérablement élargie. A l’époque, il y avait tout au plus deux collections de ce type en Grande-Bretagne. Aujourd’hui, nous recevons quotidiennement des mails de jeunes stylistes souhaitant distribuer leurs produits chez nous.  »

 » Aux Etats-Unis, cet habillement décontracté mais pas trop est courant depuis un bout de temps déjà. En Europe, on n’en est encore qu’aux balbutiements mais on sent que l’intérêt grimpe peu à peu « , poursuit Alexandra Vanthournout. L’acteur Web le plus important de ce secteur ? Net-a-sporter, la division sport de l’e-boutique de luxe Net-à-porter. Soit des leggings à 300 euros qui ne verront jamais une goutte de transpiration !  » Nous avons à peu près débuté à la même période que ce site. Cela prouve que la tendance était dans l’air. Nous profitons bien entendu du battage médiatique généré par des plates-formes comme celle-là, qui veillent à ce que l’on parle du phénomène de façon permanente afin de faire évoluer le marché dans ce sens. Avec Fashercise, nous essayons de nous différencier en distribuant exclusivement de jeunes noms introuvables ailleurs.  »

RAPPROCHEMENTS

 » Le sportswear fait son entrée dans le monde de la mode « , confirme Dirk Schönberger, directeur artistique d’Adidas. Cette marque a dernièrement annoncé une collaboration avec Junichi Abe du label japonais Kolor, tandis qu’elle continue à bosser avec Raf Simons et Rick Owens.  » Travailler avec ce type de personnes est une manière d’élargir notre écosystème créatif et de maintenir l’enthousiasme du consommateur dans un domaine qui évolue rapidement, explique le D.A. Le succès de ces projets se calcule davantage en popularité qu’en chiffre d’affaires. Nous sommes réputés pour notre capacité à briser les règles et à proposer des choses inattendues. C’est ce que nous visons avec nos partenariats. Cela enclenche une dynamique et permet au public de voir la griffe d’une autre manière.  »

Si ces lignes de sport cherchent à se rapprocher de la sphère modeuse, le mouvement inverse s’observe également, les créateurs dessinant désormais leurs propres gammes athlétiques. Notamment Tory Burch et Michael Kors. La dernière collection d’Alexander Wang pour H&M était aussi consacrée à cette thématique.  » Je vis en survêtement. Regardez les gens dans la rue : c’est le nouvel uniforme « , affirmait-il d’ailleurs dans le New York Times. Même dans sa propre collection, l’Américain joue cette saison avec ces codes, tout comme, entre autres, Victoria Beckham, Marni et Carolina Herrera.

Pour celui ou celle qui ne serait pas encore convaincu(e) qu’il s’agit bien là d’une lame de fond, même Rihanna et Beyoncé, les reines de la pop, prennent leur part du gâteau. La première a ainsi été nommée directrice artistique des collections fitness et training de Puma. Quant à Queen Bé, elle sera, dès l’automne prochain, à la tête d’une marque internationale de  » sport et streetwear « , fruit d’une collaboration avec Topshop.  » Cela faisait un moment que nous pensions investir dans cette branche, déclarait le directeur de la chaîne de grands magasins, Philip Green, dans le magazine Women’s Wear Daily. C’est une évolution sur laquelle nous devons rebondir. Débuter un partenariat avec cette chanteuse, une des personnalités les plus talentueuses et travailleuses au monde, qui passe de nombreuses heures à danser, répéter et s’entraîner, est une chance unique pour nous. « 

PAR ELLEN DE WOLF

 » Je vis en survêtement. Regardez les gens dans la rue : c’est le nouvel uniforme. « 

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