Mylène, la vie devant elle
Dans Gainsbourg (vie héroïque) de Joann Sfar, Mylène Jampanoï incarne une Bambou solaire et maternelle. Juste avant de retrouver Clint Eastwood sur le tournage de son prochain film, à Hawaii, la jeune actrice, égérie de Dior pour l’Asie, nous a donné rendez-vous à Paris. Rencontre avec un sacré brin de fille.
Du côté des atouts – et la liste est longue -, il y a d’abord ces grands yeux » bleu je veux » qu’elle plonge franchement dans les vôtres tout en envoyant promener sa chapka noire pour vous faire une place sur le canapé, juste à côté d’elle. Dehors, le mercure fait le plongeon dans le négatif, catégorie records olympiques. Dans quelques jours, Mylène Jampanoï s’envolera pour Hawaii, retrouver Clint Eastwood, sur le tournage de Hereafter, un thriller surnaturel mettant aussi en scène Matt Damon et Cécile de France. La belle Eurasienne n’a pas peur des chocs thermiques. En 2006 déjà, elle avait passé quatre mois dans l’Himalaya, sublime décor de l’épopée romantique La Vallée des fleurs dans laquelle elle tient le rôle féminin principal. À voir sa filmographie, on se dit qu’elle n’a pas peur de grand-chose, d’ailleurs. Il y a deux ans, elle défrayait la chronique, à Cannes, pour sa prestation dans Martyrs, un gore movie à la française, signé Pascal Laugier. » J’avais été bluffée par la transformation physique de Charlize Theron dans Monster, se souvient Mylène Jampanoï. J’ai eu envie de mon petit » monster » à moi. »
On l’a vite compris, les postures de belles plantes, ce n’est pas trop sa tasse de thé. Même si elle concède que jouer les égéries, cela fait aussi partie du métier d’actrice, aujourd’hui. » Nous avons besoin d’être des icônes, poursuit celle qui représente Dior en Asie depuis plus de deux ans déjà. Être égérie d’une marque comme celle-là, cela vous donne un statut, une notoriété, des possibilités de voyager et de rencontrer de grands réalisateurs, aussi. » Pourtant, ce qui l’a convaincue à tenter sa chance dans le cinéma, ce ne sont pas des rêves de glamour et de paillettes. » J’ai vu Emilie Dequenne dans le film Rosetta des frères Dardenne. C’était décidé : c’était cela que je voulais faire. »
Mylène Jampanoï décroche un premier job dans la série télé Sous le soleil, mais elle n’y reste que quelques mois. Très vite, elle a la chance de » faire de belles rencontres avec de grands réalisateurs « , insiste-t-elle. Olivier Dahan lui offre son premier (petit) rôle sur grand écran. Elle roule aussi sa bosse en Asie et tourne même un film en chinois, Les Filles du botaniste, sous la direction de Dai Sijie. Mais l’année qui commence, Mylène en est convaincue, ne sera pas comme les autres. » Je sens que je suis à un tournant de ma carrière, admet-elle. Il y aura un avant et un après le Joann Sfar et le Clint Eastwood. Je reçois aujourd’hui des propositions de scénarios qu’on ne m’envoyait pas avant. » Après Hawaii, elle tournera avec Harvey Keitel dans Clean Out, le nouveau long-métrage du Suisse Barthélémy Grossmann. » Mais je me verrais bien travailler avec Bouli Lanners, sourit-elle, malicieuse. J’adore son cinéma. » La tête dans les étoiles, peut-être. Mais les pieds bien sur terre.
Ma Bambou. » Le film de Joann Sfar est un projet unique. Ce n’est pas un docu-fiction mais une lettre d’amour d’un artiste, Joann, à un autre artiste. Eric Elmosnino qui interprète Serge Gainsbourg est complètement bluffant. J’avais parfois l’impression d’avoir » le vrai » en face de moi. En ce qui concerne Bambou, j’avais l’image d’une femme sombre, plutôt junkie. On m’avait raconté des histoires improbables sur le couple qu’elle formait avec Gainsbourg, qu’elle le poursuivait avec un couteau, se levait à l’aube pour chercher de l’héroïne. Mais Joann voulait montrer une femme heureuse, lumineuse, épanouie. Ma Bambou est un mélange de ces deux visions. A aucun moment je n’ai essayé de la rencontrer, ni de faire une pâle copie de ce qu’elle est. »
Mes rituels beauté. » Comme toutes les Asiatiques, je m’expose très peu au soleil, pour préserver la blancheur de ma peau. J’évite de me maquiller hors tournage et hors boulot. Et je prends des bains d’eau froide. Pour le démaquillage, j’utilise le Lait à la rose de Welleda. Le soir, j’applique la crème de nuit Diorsnow DNA Reverse de Dior, pour laquelle je suis l’égérie. On ne la trouve pas en Europe et pourtant elle est formidable aussi pour les Occidentales ! Une fois par semaine, je m’offre un masque Intensif Ultra Hydratant Hydraction de Dior. Il faut le poser 10 minutes, mais je le laisse toute la nuit. Dans mon sac, j’ai toujours mon parfum, Série 3 : Incense Avignon de Comme des Garçons. »
Mon tournage avec Clint. » J’étais à Cannes, il y a deux ans, pour Dior, lorsqu’il y présentait Changeling, avec Angelina Jolie. C’était » le » film de la sélection du Festival que je voulais absolument voir. Je rêvais de travailler avec lui. Quand j’ai su qu’il y avait un casting en France, je me suis battue pour le passer. Je ne me suis jamais autant appliquée, jamais ! Et ça a marché ! »
Mes voyages. » Dès que je le peux, je quitte Paris pour échapper à la pression, à l’esprit de compétition. C’est un tout petit milieu, celui du cinéma. J’ai toujours aimé voyager, en Asie en particulier. J’ai besoin de rencontrer des gens qui ne font pas le même travail que moi. Qui me communiquent leur passion. »
Mon père. » Je parle un peu chinois, mais très mal, car mon père, quand j’étais enfant, m’a appris quelques notions de dialecte. Ma fascination pour l’Asie, c’est à lui que je la dois. Le fantasme de mes origines sans doute, construit sur l’absence de mon père ( NDLR : la jeune femme a été élevée par sa mère à Aix-en-Provence). Et ça se retrouve dans mon travail. Grâce à ma collaboration avec Dior, j’ai l’occasion d’y aller une ou deux fois par an. »
Mon dernier bouquin. » Je suis fan des petites nouvelles que je glisse dans mon sac et que je lis en prenant un café. Je viens de terminer Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman. Bien sûr, ce n’est pas très drôle parce que cela parle du suicide, mais c’est superbement écrit. Il m’arrive de lire aussi des bouquins plus populaires, plus pour essayer de comprendre ce que les gens leur trouvent que par réel intérêt. »
Mon maquillage coup de c£ur. » Pour les lèvres, un rose fuchsia bien flashy. Pour les yeux, une touche de brun et surtout du mascara (Iconic de Dior). Mais attention : c’est l’un ou l’autre. Jamais les lèvres et les yeux en même temps. »
Mes personnages. » Certains me hantent plus longtemps que d’autres. Lucie de Martyrs, par exemple. Mais là, je l’avais un peu cherché. J’avais envie de mon cauchemar et quand j’ai terminé ce film, j’étais bien malheureuse et bien déprimée ! A l’inverse, après le tournage de La Vallée des fleurs, j’ai eu l’impression que j’avais vécu l’expérience de ma vie ! Je me suis même mariée avec mon partenaire – NDLR : l’acteur indien Milind Soman dont Mylène est aujourd’hui séparée – c’est vous dire à quel point je ne voulais pas quitter ce film ! »
Mes rêves de cinéma. » J’adore Michael Haneke. Le Ruban blanc m’a bouleversée. J’aime beaucoup aussi le cinéma belge. Les frères Dardenne, bien sûr. Mais aussi Bouli Lanners. Des films réalistes comme La Merditude des choses, de Felix van Groeningen (photo). Et les films coréens ou japonais un peu barrés. J’admire par-dessus tout Isabelle Huppert. Dans La Pianiste, elle est parfaite dans la perversion. Elle est l’incarnation même de la tension. »
Par Isabelle Willot
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