Vos héroïnes ont généralement les cheveux roux. Qu’est-ce que ces femmes ont de plus que les autres ?
Elles sont plus incendiaires que les autres femmes. J’aime celles qui sont passionnées, qui possèdent un tempérament. Esthétiquement, aussi, j’apprécie les rousses telles qu’on les admire sur les tableaux des préraphaélites. Mais j’aime également les femmes aux cheveux noirs et aux lèvres rouges. En fait, les femmes je les aime mieux en image que dans la réalité.
L’un de vos personnages affirme: » Un être qui n’a pas de jardin secret est un être mort « .
C’est ma conviction. Pour ma part, j’ai un grand jardin secret, avec plein de choses à l’intérieur que je ne connais pas moi-même: il reste encore beaucoup à explorer. Découvrir c’est vivre. Il s’y trouve notamment une partie de l’enfance; je ne l’ai jamais quittée.
Vous écrivez que les oiseaux sont plus sages que les hommes car dès que leurs petits savent voler, ils les poussent hors du nid. Une réflexion d’enfant couvée ?
Oui et je ne m’en plains pas. Ce que vous évoquez est mon point de vue de mère. La vraie sagesse c’est apprendre aux enfants à déployer leurs ailes, à ne pas vouloir les retenir à tout prix, à trouver leur voie intérieure, pourvu qu’ils sachent que le nid sera toujours là quand ils le veulent.
Vous devez une petite part de votre notoriété parisienne au » gros con à la moto jaune « .
En effet. C’est un épisode digne de Labiche. J’ai appelé le personnage d’un roman précédent » le gros con à la moto jaune « . Quelqu’un du quartier a cru se reconnaître: il correspondait rigoureusement au gros con. L’affaire a été plaidée au tribunal et tous les Montmartrois sont venus témoigner en ma faveur. J’ai gagné; mon adversaire a quitté son bistrot, lequel a été repris par M. et Mme Crétin, des voisins charmants. Je n’ai pas pour habitude d’écorcher les gens.
Montmartre c’est vraiment votre nouvelle patrie?
Oui. Pour ma série de romans articulés autour du commissaire Léon, je trouve les protagonistes dans cette petite communauté de marginaux, de personnages hauts en couleur que je fréquente quotidiennement. A chaque sortie de livre, on organise des lectures dans un café appelé le Colibri et les personnages y lisent leurs propres textes. Le succès est prodigieux: il y a du monde jusque sur le trottoir. C’est un microcosme très attachant d’individus au cheminement difficile. Arte en a tiré un court-métrage: » Pigalle nuit et jour « , dont j’ai écrit le scénario et assuré la réalisation.
Est-il vrai que » les hommes qui n’aiment pas les fleurs savent rarement apprécier les femmes » ?
La fleur est délicate, parfumée, éphémère. J’ai plaisir à offrir des fleurs aux hommes. Non, ils ne sont pas surpris parce qu’on a tous un mélange masculin/féminin. Quand j’aime, j’ai envie de donner de la tendresse. Ce qui me rassure chez un homme: qu’il ne soit pas parfait.
Paris demeure inévitable ?
Oui. Pas pour faire carrière mais pour vivre de sa passion. Ecrire est un peu une religion. Pour moi, c’est la plus belle chose au monde avec mes enfants. J’éprouve un bonheur immense à écrire que je protège très fort; je n’ai pas envie de faire de l’alimentaire. L’alimentaire, c’est ce qui est accompagné de contraintes. Un exemple ? Enseigner. Par ailleurs, sans être un rat de salon, je noue plus facilement des contacts à Paris qu’en Belgique.
Propos recueillis par Marc Emile BARONHEID
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