Rome, Paris, Londres et New York… Weekend a fait le tour des capitales noctambules pour débusquer les nouvelles façons de faire la fête. Voici notre guide : dress codes, bonnes adresses et coups de cour compris.

à Rome…

La Ville éternelle multiplie les séductions. Voir et se faire voir… Les nuits blanches se dégustent à toutes allures.

Vespa, birra et dolce vita.

 » A Veltro’ ! Qui nun se dorme… Notti in bianco tutto l’anno…  » (Dis-donc Veltroni, ici on ne dort plus… Les nuits sont blanches toute l’année). Cette supplique écrite dans le savoureux dialecte de Rome, et adressée à Veltroni, le maire de la ville, s’étale en grosses lettres noires sur un drap du Trastevere, un quartier populaire de la rive gauche du Tibre. Avec humour, elle exprime le ras-le-bol des habitants, un tantinet excédés par l’effervescence qui s’empare de ce  » rione  » à la nuit tombée… Dès les premières lueurs nocturnes, des bandes d’étudiants, des artistes et des bobos tendance glam’grunge succèdent en effet aux artisans, matrones et barbiers dans ce dédale de rues pavées. Les plus alternatifs se donnent rendez-vous au San Calisto, un bar un peu interlope où se mêlent intellos branchés, noctambules désenchantés et beatniks chics. Plus convivial, le Freni e Frizioni (Freins et Embrayages) s’est imposé depuis quelques années comme un must de la fiesta romaine, qui est avant tout chaleureuse et décontractée. Dans cet ancien garage, qui a conservé son nom d’origine et son mobilier industriel, la jeunesse dorée vient prendre l’apéritif au buffet, qui décline une belle palette d’antipasti et de primi, avant de se déverser dans la place adjacente, qui tient jusqu’à deux heures du matin le haut du pavé noctambule. Hiver comme été, on vient y siroter un mojito, paraît-il le meilleur de la ville, retrouver des amis, fêter un anniversaire, voir et se faire voir.

Un prosecco à Campo de’ Fiori.

Mais pour goûter à un véritable défilé de styles à l’italienne, rien ne vaut la Piazza Campo de’ Fiori, en plein c£ur du centre historique. Cette place est depuis des lustres l’un des hauts lieux de la movida romaine. Après avoir commandé un Bellini à la Vineria, lieu idéal pour commencer la soirée, on sort humer l’air nocturne son verre à la main, près de la statue du moine Giordano Bruno. Loin du style preppy (chemises à fines rayures l’été, loden vert l’hiver) qui fait les délices de Parioli, un quartier chic au nord de Rome, le dress code est ici moins sage, mais tout aussi griffé. La  » meglio gioventù  » ne lésine en effet ni sur la provocation sexy – tendance Asia Argento pour les filles, Brad Pitt pour les ragazzi – ni sur les marques – Dolce & Gabbana en tête. On exhibe volontiers sa Vespa flambant neuve ou superbement customisée (un vieux 50 peint en turquoise ou en doré) et, l’été, ses dernières lunettes style aviateur ou XXL.

Testaccio, QG des noctambules branchés.

Pour les fêtards aguerris, le pèlerinage se poursuit à Testaccio…. Jusqu’au bout de la nuit. Un temps populaire et ouvrier, ce quartier aimé de Pasolini et de Fellini conserve encore son charme gouailleur, agrémenté le soir d’une touche hype et festive. Les  » locali  » (un mot qui englobe le bar à la mode comme la discothèque) ont en effet poussé ici comme des funghi. La plupart s’alignent à proximité de la Via Galvani, près des anciens abattoirs (il Mattatoio), reconvertis en centre d’exposition pour l’art contemporain. Il y en a pour tous les goûts, de l’ Akab, pour écouter de la house ou danser sur du R&B, à l’ Alibi, la première boîte gay de la ville, en passant par le Caffè Latino, pour des rythmes caliente, le Bluecheese Factory, pour une musique electro d’avant-garde, et le Ketumbar, un joli  » locale  » inspiré du célèbre Bouddha Bar, à Paris. Mais où que vous alliez, la meilleure façon de finir la nuit est de prendre un croissant chaud et un cappuccino dans l’un des nombreux bars qui ouvrent à l’aube…

L’amour toujours à Ponte Milvio.

Dans la Ville éternelle, faire la fête n’est cependant pas l’apanage de ceux qui font  » le ore piccole  » (littéralement  » les petites heures « , c’est-à-dire une nuit blanche). En famille, on festoie en pizzeria, à coups de grandes tablées joyeuses, ou dans les plus beaux parcs de la ville, comme la Villa Borghèse et la Villa Doria Pamphili. En couple, rien de tel, en revanche, qu’un dîner dans les jardins ou sur le roof-top d’un hôtel de luxe comme l’hôtel de Russie, QG des stars, ou le Portrait Suite, récemment ouvert par la maison Ferragamo. Ou encore une escapade à Ponte Milvio, du nom d’un quartier qui monte mais aussi d’un pont, mythique pour les indécrottables romantiques. Des amoureux venus de l’Italie entière viennent s’y jurer un amour éternel en inscrivant leurs prénoms sur un cadenas, dont ils jettent ensuite la clé dans le Tibre… Une version moderne et légère du Matrimonio all’italiana.

à Paris…

Les nuits parisiennes sont régies par des codes… Mais cool ! Une petite initiation suffit pour les maîtriser avec brio et obtenir le sésame des places to be.

Entre amis : à chacun sa tribu.

En marge de la frénésie de soirées fixées en ligne ou par textos, à Paris, on peut aussi compter sur les bars, restaurants ou clubs s’affichant sans complexe comme points de rencontre incontournables. Exemple : La Perle, un modeste bar du Marais devenu, en quelques années, l’épicentre des nuits branchées. A la nuit tombée, on est toujours certain d’avoir accès à des drinks à prix doux et à une ambiance surchauffée. Question look, jeans slim et tee-shirts sérigraphiés sont appréciés… L’essentiel étant de se démarquer par quelques détails tels qu’une étole en fourrure, de grosses lunettes ou une pochette vintage.

Le Paris Paris et Le Baron sont les deux clubs phares où aller danser. Tous deux détenus par André – le graffeur underground devenu icône de la jet-set – et son associé Lionel, ils offrent chacun une ambiance distincte : alors que Le Paris Paris se veut accessible, bon enfant et ouvert aux jeunes touristes, Le Baron, lui, est plus élitiste. Excentré dans le viiie arrondissement, cet ancien bar à hôtesses à l’ambiance intimiste nécessite 15 euros de taxi pour s’y rendre. A l’intérieur, les clubbers sont en revanche assurés d’y écouter une musique alternative de qualité (funk, rock, hip hop, électro) mixée par des DJ qui changent chaque soir.

Loin des boîtes où il faut être vu, les amateurs de rock préfèrent l’atmosphère brute de pubs du xie arrondissement tels que Le Pop In ou Le Bottle Shop. Portés par le renouveau du rock au début des années 2000, ces bars sans prétention doivent leur succès plus à leur sélection musicale pointue qu’à leur déco. Pour s’en convaincre, il suffit d’assister aux Open Mic du Pop In, le dimanche soir. La cave microscopique se transforme alors en salle de concert accessible à tous. Dans les autres pièces, la clientèle cosmopolite, et souvent elle-même musicienne, se presse au comptoir ou sirote des bières dans les canapés, suivant l’affluence.

Changement de décor au Mathis, ce bar ultrasélect situé au bas des Champs-Elysées. Son ambiance feutrée incite à la confidence, on y savoure des  » piscines  » (grands verres de champagne servis avec des glaçons) à 30 euros et l’on y croise des peoples que l’on reconnaît à peine, lumière tamisée oblige.

Entre collègues : la décompression de l’afterwork.

Une bonne alternative au club. On s’y rend directement à la sortie du bureau, on y boit (beaucoup), on y dîne (frugalement) et on y danse entre collègues, puis on rentre se coucher tôt pour terminer la semaine en forme. Le rôle d’Internet est déterminant. Chez Maxim’s, par exemple, les afterworks ont traditionnellement lieu certains jeudis (s’inscrire sur la mailing list pour être tenu informé). Ici, le dress code interdit le jean et les baskets. Les hommes sont en costume, et les filles très pomponnées.

En couple : on soigne le cadre.

Plusieurs restaurants sont prisés pour leur cadre atypique et leur accueil chaleureux. C’est le cas de L’Hôtel du Nord, au bord du canal Saint-Martin, un lieu qui résonne dans la mémoire collective en raison du film éponyme de Marcel Carné (1938).  » J’avais envie de recréer une atmosphère de maison de campagne « , se félicite Julien Labrousse, le patron. A noter aussi : l’équipe de Dany, une Brésilienne enjouée, y mitonne une carte simple, mais authentique et abordable.

Depuis l’été dernier, il faut aussi compter avec Le Saut du Loup. Logé au c£ur du musée des Arts décoratifs, cet établissement dispose d’une terrasse XXL donnant sur les Jardins du Carrousel. Créative sans ostentation, la carte fait honneur aux poissons.

En famille : la tranquillité pour tous.

Le brunch dominical est assurément un moment de détente privilégié, tant pour les parents que pour les enfants. L’Apollo, une ancienne gare reconvertie en loft sixties, offre un vaste espace (dont une terrasse de 300 couverts) aux hordes d’enfants qui débarquent là chaque dimanche midi. Une maquilleuse et un conteur les y accueillent, permettant aux parents de déjeuner au calme. Même démarche au Showcase, une salle située sous le pont Alexandre III, habituellement réservée aux concerts. Le dimanche, les kids peuvent y apprendre à jouer de la musique pendant que les parents se restaurent paisiblement.

à Londres…

Les traditionnelles  » parties  » ou soirées au pub ont laissé place à des nocturnes sur mesure. En parfaite adéquation avec les nouveaux styles de vie.

Pour faire la fête, les Londoniens se déguisent.

Tenues de tennis agrémentées de talons aiguilles pour les unes, gants de boxe et raquettes de tennis pour d’autres… Organisées une à deux fois par mois, les  » parties  » sportives du Platinum réunissent des jeunes gens en mal de nouvelles sensations. Dédié à la détente et à la conversation, le rez-de chaussée s’organise autour du bar et de différents canapés autour desquels les  » clubbers  » peuvent se déhancher sur des rythmes techno. Le premier sous-sol entérine la tendance club, fumée à l’appui. Mais à mesure que l’on monte les étages, la tendance sportive l’emporte sur la musique. Au premier : un filet central et des raquettes de badminton donnent le ton. Un étage plus haut, ce sont les tables de ping-pong qui trônent au beau milieu d’une salle. L’esprit n’est pas vraiment à la compétition sportive mais plutôt à l’émulation vestimentaire : chacun regarde ses voisins et compare.

A vos marques, prêts… changez !

Au coup de sifflet, on se change ! Les soirées swap-a-rama de Favela Chic – du nom du bar brésilien éponyme – se multiplient depuis quelques mois dans la capitale britannique. Le concept a été lancé en janvier. Moyennant une participation de 3 livres (environ 4,5 euros), le principe est très simple : on arrive avec les vêtements dont on ne veut plus, et, au signal – c’est-à-dire un coup de sifflet – on les troque contre d’autres. Le Favela Chic met aussi à disposition des pièces rétro – en particulier d’inspiration 1970 – données par la boutique londonienne vintage Beyond Retro, laquelle peut ainsi écouler ses stocks d’invendus. Bien sympathique, ces soirées se parent d’une  » British Touch  » indéniable : certaines personnes arrivent vêtues de superpositions de pièces complètement excentriques… et les hommes en boa ne sont pas rares non plus. Le spectacle y est souvent coloré et les transgressions de styles sont à l’honneur, pour le plus grand bonheur des 18 à 30 ans.

Sur un air de cabaret…

Théâtre Vaudeville, spectacle de danse ou strip-tease inspirés des années 1940… Les soirées cabaret affichent complets dans la capitale britannique. Les clubs se mettent à l’heure glamour et rétro et, sur scène, des belles à la Dita Von Teese sont les nouvelles égéries de la nuit. Londoniens et Londoniennes arborent corsets, chapeaux et colliers de perles, ces nouveaux dress-codes empruntés à leurs grands-parents.  » Outre-Manche, on assiste, ces dernières années, à un véritable retour en force de la culture retro, orientée années 1920 – 30 – 40, conséquence aussi des tendances de la mode « , explique Chaz Royal, organisateur du London Burlesque Festival, qui se tient chaque année dans la capitale britannique pendant quatre jours et réunit près de 17 000 personnes à chaque édition. Les amateurs se bousculent aussi aux soirées burlesques qui se reproduisent une vingtaine de fois par an. Pas d’obligations vestimentaires, mais la philosophie affichée de  » dress to impress  » (littéralement s’habiller pour impressionner). Tout cela pour un prix d’entrée assez modique allant de 15 à 20 livres (de 21,5 à 29 euros). Signe que les Londoniens savent s’amuser en gardant toute mesure….

à new york…

Dans la ville qui ne dort jamais, le choix est vertigineux. Des soirées hypes dans les entrepôts aux  » parties  » zen dans les spas…

Small is beautiful.

Aujourd’hui la vogue new-yorkaise est aux endroits cosys. L’une des adresses les plus hypes du moment est le Beatrice Inn, une tanière désuète transformée en club privé. Paul Sevigny (le frère de Chloé), André, le propriétaire du club Le Baron à Paris, et quelques acolytes en ont fait le nouveau repère des hipsters de la mode et de l’art. Pour espérer pénétrer ici, mieux vaut s’assurer d’être sur  » la  » liste… et mesurer moins d’un mètre septante-cinq. Passé la cheminée et les profonds canapés de la salle principale, des marches mènent à une salle avec miroirs et banquettes. À ce moment, collés serrés, les hipsters cessent de poser et se mettent à danser.

Les Speakeasies.

Si l’alcool n’est plus interdit dans l’Etat de New York, les speakeasies, ces endroits clos où l’on en buvait illégalement durant la Prohibition, connaissent une nouvelle vogue. Dans l’East Village, derrière une fausse façade de magasin de jouets, se niche The Backroom, un club qui sert des breuvages alcoolisées dans des tasses à thé, un clin d’£il à l’époque où ils étaient clandestins. Grande cheminée, chandeliers, papier peint en velours, plafond en étain, tous les attributs du speakeasy sont présents. Seule concession au xxie siècle, les DJ les plus en vue se bousculent pour mixer. Sean Penn, Al Pacino et Robert DeNiro sont des habitués.

Les Sparties.

 » Sip, spa and celebrate  » (sirote, spa et fais la fête) est le leitmotiv de Sparty, une entreprise qui propose des  » sparties  » à domicile ou dans ses locaux. Pas de thé vert ici, seulement des cocktails et des fontaines de chocolats. Convié(e) à une soirée dans un loft, au lieu de souffrir dans ses talons aiguilles ou dans une cravate trop serrée, l’invité(e) évolue en peignoir imprimé à ses initiales et chaussons molletonnés. Entre deux coupes de champagne et grignotage de hors-d’£uvre, il s’agit de voguer entre les différentes stations de bien-être et de s’abandonner à un massage, une pédicure, une manucure, un soin du visage…

Banquiers et tops.

La scène des clubs pour banquiers et top models est toujours très animée. Préparez-vous à un safari à Cain, un club dans l’ouest de Manhattan. Poussez la porte avec une poignée en trompe d’éléphant, admirez la déco façon lodge d’Afrique du Sud avec bar en zèbre et sièges en teck et pistez la faune de banquiers qui claque primes et bonus. Autres animaux de la savane ? Les célébrités comme Lindsey Lohan qui déambule dans la lumière tamisée rougeoyante, façon coucher du soleil.

Entrepôts à Brooklyn.

La navette entre Brooklyn et Manhattan n’est plus seulement le lot des travailleurs… Elle est aussi le trip des hipsters qui se rendent à Brooklyn pour des soirées organisées dans des entrepôts. En un trajet de métro sous la rivière, les clones de Pete Doherty aux jeans moulants noirs, chapeaux vissés sur la tête se retrouvent à Williamsburg, un quartier bobo artistico branché de Brooklyn, à l’origine havre populaire d’ouvriers immigrés. Pour la soirée Master-Disaster Dancehard III : Vinyl, organisée par l’agence d’événementiel LVHRD, chaque invité prévenu du lieu par SMS deux heures à l’avance, devait apporter ses propres vinyles. Disposés le long d’un grand mur, les meilleurs DJ n’étaient autorisés à mixer qu’avec les disques des participants.

Warholstalgie.

Andy Warhol est mort il y a tout juste vingt ans, mais son esprit plane toujours sur la nuit new-yorkaise. L’endroit où il faut être vu, le Rose bar, dans le Gramercy Park Hotel rénové par Julian Schnabel (un ancien ami d’Andy Warhol) et l’hôtelier Ian Schrager, expose des £uvres originales de l’artiste (de la série Rorschach). Autre ambiance à Revolver, un club rock du Lower East Side. Le nom de l’endroit est un hommage au montage de Warhol représentant Elvis Presley avec un revolver. Éclairée de bougies rouges, l’£uvre du maître du pop art surplombe des sofas en skaï. Enfin, le Club 205 downtown va plus loin dans la  » Warholstalgie  » en recréant l’atelier de l’artiste, la fameuse Silver Factory.

Eva Bensard/Géraldine Dormoy/Stéphanie Salti et Delphine Arbonne/Laure Guibault

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