Retrouvez Frédéric Brébant chaque lundi matin, vers 9 h 45,

dans l’émission  » Bonjour quand même « , de Jean-Pierre Hautier, sur la Première (RTBF radio).

Serait-ce le triomphe annoncé de la  » no attitude  » ? Apparemment, le refus est dans l’air du temps et les troupes se mobilisent lentement pour résister au système ambiant. Après la journée sans voitures organisée à Bruxelles le 21 septembre dernier et avant les journées sans shopping et sans téléphones portables ( www.mobilou.org) programmées respectivement en novembre et en février prochains, c’est une toute nouvelle philosophie du non qui est en train d’éclore. Visionnaire et pamphlétaire, le livre  » No Logo  » de la journaliste canadienne Naomi Klein jetait déjà les bases d’un nouvel esprit de rébellion citoyenne ( www.nologo.org). Certes, l’ouvrage publié en 2001 s’attaquait principalement à la toute-puissance des multinationales désireuses d’étendre sans cesse leur influence planétaire, mais il entendait surtout inculquer de nouvelles valeurs de consommation responsable. A l’époque, les bobos étaient en plein boum, conjuguant paradoxalement leurs aspirations à la fois bourgeoises et bohèmes dans un grand festival de consommation modeuse, entre produits garantis bio et gadgets informatiques dernier cri. Si les bobos occupent toujours une place de choix au sein de la société mondialisée, force est de constater qu’ils se font désormais voler la vedette par une nouvelle catégorie de personnes nées précisément de la mouvance  » No Logo  » : les nonos ou, si vous préférez, les adeptes de la consommation discrète. Car, contrairement aux apparences, le nono n’est pas nécessairement un anti-tout. Comme chacun de nous, il doit manger, s’habiller, se loger et (sur)vivre dans la jungle urbaine. La différence est qu’il souhaite simplement le faire de manière confidentielle et responsable. Vaste blague ? Pas vraiment. D’ailleurs, les bureaux de tendances prennent au sérieux l’émergence de cette drôle de tribu citadine et conseillent, en conséquence, de nouvelles stratégies à leurs clients inquiets. Comme, par exemple, éviter les logos démesurés qui transforment le quidam en homme-sandwich malgré lui. Le nono fuit, en effet, les marques ostentatoires et les diktats consuméristes. Révolté, il ne dédaigne pas pour autant la qualité ni une certaine branchitude codée. Du style : porter un vêtement Martin Margiela qui se reconnaît à sa  » non-étiquette  » extérieure tissée de quatre fils blancs obliques. Altermondialiste chic, le nono cultive, en définitive, le snobisme de la différence. Il refuse de se fondre dans la masse, adhère au boycott des grandes marques trop puissantes et s’investit même dans des actes de piraterie jubilatoire. Comme, par exemple, renvoyer les offres promotionnelles (et agressives) de certaines sociétés bancaires dans les enveloppes prétimbrées d’organismes concurrents tout aussi bien intentionnés. Juste comme ça, pour le double plaisir de dire non…

Frédéric Brébant

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