Toutes les destinations courues ont leurs chemins de traverse, fréquentés par une poignée d’initiés. Nous vous invitons à y poser vos valises, loin de la foule.
1. Damouhari dans le Pélion, en Grèce: Randonnées entre criques désertes et villages intacts
Dans le centre-est de la Grèce, la péninsule montagneuse du Pélion résiste depuis l’Antiquité aux envahisseurs de tout genre. Tout commence à l’aube de la mythologie, quand Kronos, inaugurant les comportements amoureux dissipés des dieux de l’Olympe, cacha sur ces pentes inaccessibles le sage centaure Chiron, fruit de ses amours extraconjugales avec une nymphe qu’il avait métamorphosée en jument ! Aujourd’hui encore, les habitants du Pélion se tiennent farouchement à l’écart des migrations du tourisme cosmopolite. Ils gardent sur ces escarpements tombant à pic dans la mer Egée une façon certaine d’être grecs. Mais, depuis peu, ils acceptent de partager ce petit territoire avec quelques artistes tranquilles, leurs galeristes cossus et des promeneurs discrets. Des troupes de comédiens ambulants viennent jouer sur les places des villages des satires modernes pour intellectuels rebelles à la télé et aux boîtes de nuit. En guise de cocktail, ils boivent un vin âpre et violet à l’arrière-goût de fraise des bois et se nourrissent de horta, une salade d’herbes sauvages fraîchement coupées. Entre champs toujours verts, ponctués de vergers de cerisiers et de pommiers, et rives découpées et rocheuses, on va de hameau en hameau. Sur les places, des platanes centenaires font de l’ombre aux étals de légumes et de fruits. Les murs des églises et des chapelles foisonnent d’icônes et d’entrelacs byzantins, et des pampres couverts d’or grimpent jusque dans les tabernacles. Les villages sont dominés par quelques massives maisons blanches. Ces » arhontikon » , demeures ancestrales de riches paysans, plantées sur des socles de pierres plates et hautes comme des donjons, sont coiffées de toits de lauze. Devenues maisons d’hôte, elles offrent une étape dans des décors folkloriques sans complexe. Dévalant vers la mer, les chemins croisent des torrents qui se précipitent entre des roches blanches, éclaboussant noyers et châtaigniers. De baies en criques – ne le dites à personne, notre favorite est Damouhari – les jeux de la mer et du hasard font alterner rivages sablonneux et plages de galets ourlées de forêts. Les branches des arbres servent de parasols aux baigneurs, car, sur le Pélion, la campagne a les pieds dans l’eau.
Office national hellénique du tourisme, tél. : 02 647 57 70. www.gnto.gr
2. Le cap de Barbaria, à Formentera, en Espagne: La retraite bobo des Baléares
De Kate Moss à James Blunt, la liste des people qui y ont jeté l’ancre au cours de l’été 2008 relève d’un abécédaire de la hype, et pourtant aucune sensation oppressante de passer ses vacances dans une page de Voici. Car cette pépite des Baléares a échappé aux infrastructures ronflantes et aux ambiances lounge aseptisées pour ne faire étalage que de ses eaux cristallines, de ses plages quasi désertes, même au mois d’août, et de ses étendues pelées chauffées par le soleil sur la pointe de La Mola. Une sorte de retraite dorée dans des parfums d’herbes grasses et de figuier, à seulement trente minutes en bateau d’Ibiza et à des années-lumière des F*** me I’m Famous du couple Guetta, si on veut bien éviter le village d’Es Pujols et sa concentration de touristes en goguette. Parmi les spots du moment, la playa Migjorn avec en option le lever du soleil autour d’un cours de yoga sur le sable (www.formenterayoga.com) et le coucher sur les chaises en plastique du Sun Splash, au coude-à-coude avec Philippe Starck, Ron Arad et quelques vétérans des années hippies. On peut aussi démarrer la journée par un café leche au Central, en face de l’église de Sant Francesc, et la finir à la Fonda Pepe, auberge historique de San Ferran, où Bob Dylan séjourna dans les années 1970. Histoire de renouer avec la civilisation, qu’on aurait presque oubliée en lézardant dans les criques perdues près du cap de Barbaria, l’une des parties les plus préservées de l’île.
Office de tourisme d’Espagne, tél. : 02 280 19 26. www.spain.info/be/tourspain
3. Porticcio, en Corse: La rive sud d’Ajaccio côté nature
Une échappée balnéaire en Corse ? Vos guidestouristiques et vos meilleurs amis vous orienterontvers les mêmes spots : Calvi en Balagne ; Saint-Florent, le petit Saint-Trop’ insulaire ; ou Porto-Vecchio, mouillage des yachts et des people. Un autre rivage revendique sa place au soleil : Porticcio. Dans les années 1980, cette annexe d’Ajaccio a cédé aux sirènes du béton et des campings bondés. Depuis quelques années, elle se rachète une image charme et nature qui attire les amateurs de Corse plus secrète. De la punta di Porticcio à la punta di a Castagna, au sud, les 17 kilomètres de côte déroulent un accordéon de cartes postales grandeur nature. Deux spots à ne pas rater : la pointe d’Isolella, avec ses criques paradisiaques, sa tour génoise et ses résidences de luxe noyées dans le maquis en pente douce ; quelques kilomètres au sud, Mare e Sole, l’une des plus belles plages de l’île, véritable joyau au sable d’argent serti d’une vaste pinède. Pour profiter de ces parages magiques, le Sofitel de Porticcio vient de faire peau neuve.
Maison de la France, tél. : 0902 88 025. http://be.franceguide.com
4. Salina, en Italie: La plus secrète des Éoliennes
Zoom sur Salina, au nord de la Sicile, la plus verte et la moins agitée des sept îles Éoliennes. Ses paysages servirent de décor pour filmer d’âpres tragédies, de L’Avventura à Stromboli. Mais à Salina la vie est bucolique, la terre, fertile et l’humeur cinématographique tourne à l’élégie. Philippe Noiret, après y avoir tourné Le Facteur, y retourna ensuite chaqueannée. Il y découvrit le plaisir de marcher dans les câpriers épineux, l’une des richesses du lieu, jusqu’au bout de la spectaculaire baie de sable noir de Pollara et de regarder simplement au loin la mer bleu de cobalt. A Salina, deux volcans jumeaux définitivement calmés ont des courbes maternelles rassurantes. Le cratère du premier, devenu une réserve forestière, est tapissé de fougères géantes aux feuilles veloutées ; les pentes douces du second, quadrillées de vignobles, produisent un vin au goût de miel, le malvoisie, qui enivre en quelques gorgées. Comme les équipes des films qui y reviennent toujours, les fans de cinéma s’installent au Signum, un hôtel dont l’histoire ferait un joli scénario : en vedette, Clara Rametta, native de la bourgade de Malfa, qui émigre dans les années 1970, étudie la psychologie à Boston et qui, revenue au pays, master en poche, épouse le beau cuisinier Michele Caruso. Ils transforment, après quelques épisodes de chamailleries administratives, des masures familiales en chambres et bungalows entourés de citronniers et de bougainvilliers. Leur goût pour les plaisirs simples et les objets anciens fait un triomphe. Le Signum grandit sans perdre son âme et, pour ses vingt ans, il s’offre un spa totalement éolien où les traitements sont à base de figues de Barbarie, de malvoisie, de câpres et d' » huile de mer « , une eau tirée des salines du lagon de Punta Lingua, où le soleil couchant est à lui seul une cure de sérénité.
Agence nationale italienne pour le tourisme, tél. : 02 647 11 54. www.enit.it
5. Maremme, en Italie: La nouvelle Riviera des people chics
Esquiver le vacancier est le sport favori des habitants de Rome. Pour les battre à leur propre jeu et se mêler discrètement au joli monde de la culture et de l’aristocratie romaine, il suffit de quitter la via Aurelia à une heure et demie de la capitale italienne. A la limite du Latium et de la Toscane commence la réserve de la Maremme, désignée par le New York Times comme destination incontournable en 2009. George Clooney aurait abandonné sa résidence au bord du lac de Côme pour une villa à Bolgheri, et l’on dit que sur le port de San Vincenzo se trouve le meilleur restaurant d’Italie, le Gambero Rosso. Sur ces anciens marécages asséchés où paissent en liberté des bovins aux longues cornes et des chevaux sauvages, à quelques minutes des stations balnéaires les plus fréquentées du littoral, se trouve dans un rayon d’à peine 30 kilomètres un concentré d’Italie chic et protégée. A l’est, le village médiéval de Capalbio, oublié des touristes mais bien connu des aristocrates italiens branchés, dresse, sur une colline cernée de bois et de vignobles, d’impeccables remparts. Au fil des courbes de ses ruelles, point de marchands de souvenirs, mais de discrètes résidencessecondaires qu’on devine d’un goût parfait. Pour plonger dans l’art contemporain, chacun rêve de se perdre dans le Giardino dei Tarocchi, jardin retiré sur les pentes d’un vallon voisin où de géantes sculptures en mosaïque de miroirs et de céramiques représentant les arcanes du jeu de tarots, £uvres oniriques de Niki de Saint Phalle, se dissimulent dans les bosquets. Pour la baignade, des familles à l’allure décontractée pantalons de toile rouge délavés, pulls marins et bermudas XXL se retrouvent à la Marina di Chiarone sur l’Ultima Spiaggia. Ce self-service 5-étoiles dans un magnifique hangar à bateaux tenu par des marins au look de top-modèle se cache à l’ouest dans les dunes hérissées d’ajoncs d’une immense plage. Plus » ultime » encore, à quelques kilomètres au nord, la baie sablonneuse de Cala di Forno au pied des Monti dell’Uccellina est accessible uniquement par un long sentier qui serpente dans la pinède après Talamone, porte du parc national. En sortant des vagues, on peut voir galoper sur ces étendues sauvages de fringants » butteri « , cow-boys à l’italienne. Le soir venu, c’est en bande qu’on dîne à l’Ibla, restaurant hypermode (et superbon), transféré de Londres » au milieu de nulle part « , à Pescia Romana. Les plus rustiques embarquent pour la rocailleuse île de Giglio, qui se découpe à quelques encablures, et s’installent dans l’ermitage de la famille Pardini. Accessible uniquement par la mer, ou à dos de mulet quand celle-ci est trop démontée. Isolée dans un maquis surplombant des criques aux eaux vraiment turquoise, cette villa 1950 transformée en hôtel est une retraite bon enfant et gourmande : papa et fistons élèvent, cultivent et pêchent, mamma coupe et cuit, nageurs et marcheurs dévorent et dorment. On raconte même que dans ce lieu magique une princesse donnerait des cours d’aquarelleà
Agence nationale italienne pour le tourisme, tél. : 02 647 11 54. www.enit.it
Dossier réalisé par Jean-Pascal Billaud, François-Régis Gaudry et Anne-Laure Quilleriet
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