P onza se mérite. Dans la mer Tyrhénienne, entre Rome et Naples, cette île secrète, volcanique, se tient à l’écart de ses voisines sudistes, des charmeuses Capri, Ischia ou Procida, faciles d’accès et aguichant le voyageur depuis la baie de Naples. Ponza a gardé de son histoire agitée (elle fut occupée successivement par les Grecs, les Phéniciens, les Romains et les Bourbons italiens) une altière distance, un irrédentisme aux lois du siècle. Et là réside tout son charme.

Abandonnez tout de suite l’idée d’emprunter un avion ou quelque moyen de transport supersonique pour atteindre Ponza. Il vous faudra, depuis Rome, emprunter la route ou le train pour rejoindre les ports d’Anzio, San Felice Circeo, Terracina ou Formia. De là, un bateau vous mènera au point du jour vers l’île en deux heures. Pas de regret. Aimer Ponza, c’est d’abord la découvrir de loin, la déchiffrer du pont du bateau, à l’heure ou la lumière de l’aube fait scintiller le blanc et le bleu angélique des maisons du village, souligne le dessin abrupt des falaises crayeuses qui tombent à pic dans la mer vert turquoise…

Aussitôt débarqué, vous vous aventurez hors du temps. Les 3 000 habitants de l’île ont décidé de vivre sans voiture. Seuls moyens de transport terrestre : le bus, qui parcourt les 12 kilomètres de route entre Ponza et Le Forna, à l’autre bout de l’île, et les mobylettes, que le visiteur peut louer pour découvrir garrigues et criques secrètes. Cependant, le meilleur moyen de découvrir Ponza reste le bateau : chacun ici possède sa  » barca « , pour se déplacer ou aller à la pêche, et il vous sera facile de louer à la journée, avec ou sans pilote, un des charmants esquifs qui enluminent de leurs couleurs vives le port du village. Au fil des eaux d’une transparence sans égale, vous longerez la Piana bianca, falaise de tuf blanc comme neige qui évoque un iceberg plongeant dans la Méditerranée, vous découvrirez les ruines d’un port romain à Santa Maria, vous vous enfoncerez à marée basse dans la Grotta dello smeraldo (Grotte d’émeraude) ou vous vous abandonnerez à l’onde tiède, lové dans les piscines naturelles de Cala Feola.

Le soir, à la terrasse d’un café du port, dans un décor presque irréel de maisonnettes aux couleurs roses, jaune pâle ou turquoise, vous attendrez avec les villageois, autour d’un petit verre de vin, le retour des pêcheurs. Au milieu du joyeux tintamarre, des cris, de l’agitation soudaine, les mammas en quête de poissons hèlent les marins, tentent de soustraire les plus beaux spécimens de langoustines frétillantes ou de poulpes translucides aux patrons de restaurant. Autour de la marée, la journée s’achève gaiement, cependant que, déjà, l’odeur de braise envahit les ruelles du village. Plus tard, à l’heure bleue du soir, le ciel rejoindra doucement la mer, lorsque le loup fraîchement pêché achèvera de chanter sur le gril et que l’on débouchera la première bouteille de lacrima-christi.

Marie Dargent

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