New York, Londres, Milan, Paris… Weekend n’a raté aucune des quatre grandes Fashion Week de la planète. Voici tous les temps forts des collections automne-hiver 07-08… comme si vous y étiez.

Agnès Trémoulet

Episode 1 :  » New York New York  »

Le show Lacoste lance le tourbillon de la semaine des défilés new-yorkais. Un parterre de feuilles mortes sert de décor. Etrange sentiment : les saisons sont-elles devenues folles ? En réalité, nous sommes au mois de février 2007 mais nous sommes conviés à découvrir les collections de l’automne-hiver 07-08. Avec ses cirés, ses polos rayés, mais aussi ses combishorts et ses robes ponchos, Lacoste nous livre un très bon cru pour cette saison ( lire l’interview de son directeur artistique, Christophe Lemaire, pages80 à 82).

Le défilé de Diane von Furstenberg, jouant sur la palette des rouges et des noirs, est inspiré de la movida espagnole (lire aussi notre reportage consacré à son pied-à-terre parisien en pages 100 à 104). Une collection très ensoleillée de vestes boléros enfilées sur des robes bustiers, de robes à pois portées sur des tee-shirts mais aussi d’imprimés graphiques et de grands gilets. Suit Matthew Williamson, qui pour sa propre ligne, mise sur la couleur. Les robes rouges en satin se portent fluides sur de gros collants. A épingler : les sous-pulls bleu pétrole enfilés sous un débardeur pour un look très nineties. Le violet, lui, fait merveille sur une robe toge.

Antonio Berardi, quant à lui, présente sa deuxième ligne sous forme de tableau vivant… pour une collection inspirée des années 1980 et des années 1990 et de la culture punk. Un peu plus loin, c’est Alexander McQueen qui expose sa ligne McQ, dont on retient de très beaux pantalons kaki que l’on associe à volonté avec du violet. Chez Diesel, la marque de jeans la plus branchée du moment, on a droit à un défilé très tonique. Au programme : des combinaisons très près du corps qui font l’allure ultraféminine, des petites robes courtes que l’on accessoirise de cuissardes, des pantalons brillants taille haute, des robes tubes mais aussi des salopettes, des pulls cagoule, des robes en cuir et des shorts culottes.

Organisé dans un espace très épuré, le défilé de Calvin Klein est somptueux, accessoires et robes de soirée compris. On apprécie les total looks gris… jusqu’à la pointe de l’escarpin vernis. Zac Posen, lui aussi, attire tout le beau monde. Bravo à sa belle collection qui met le noir en vedette. La New York Fashion Week se termine par le défilé de Ralph Lauren. Elégantissime. Suivant la tendance mais tout en restant classiques, les robes d’hiver, même lorsqu’elles sont dorées, se portent sur d’épais cols roulés. Les tailleurs jupe en daim sont impeccables, tout comme les robes longues dans la même matière ou en velours aussi. Sur les chemisiers, on noue des cravates en satin. Le béret fait l’allure  » cute « . Les robes en laine se portent dos nu et sont réchauffées d’un petit boléro.

Episode 2 :  » London is burning  »

Un pur plaisir ! Comme toujours, Sir Paul Smith, tout en restant classique, parvient à se renouveler. Il introduit des impers jaunes fluo sur des tailleurs bermudas portés avec des petites socquettes, dans un ravissant esprit collège anglais brillamment détourné. Les derbys sont vernis, les couleurs pop, les robes coupées comme dans les années 1930, façon Audrey Hepburn.

Christopher Kane : le nouveau Alexander Mc Queen, dit-on à Londres. Conséquence ? On se retrouve à parlementer à l’entrée de son show avec une attachée de presse supersnob. Heureusement, chez Sinha-Stanic, l’accueil est plus chaleureux. Dans un hangar du West End, on applaudit l’évolution de ce couple de jeunes créateurs, toujours fidèle aux coupes eighties, aux robes tubes, aux jupes en cuir moulantes, aux petits blousons en flanelle, aux robes courtes entièrement zippées enfilées sur des sous-pulls. La surprise vient aussi d’Ann-Sofie Back, qui appartient à la nouvelle génération des créateurs britanniques. On flashe sur ses tops aux bretelles sparadrap, ses jupes tubes moulantes, ses robes manteaux, ses vêtements entièrement taillés dans de la matière matelassée, ses robes en PVC, ou encore ses jupes en plumes.

Le défilé Marios Schwab confirme la montée en puissance de la nouvelle génération de designers made in UK. Cette collection futuriste met en scène des sangles pour ceinturer la taille, des jupes matelassées portées sur des sous-pulls, des robes corset. Sa palette puise dans le noir mais aussi le bleu piscine et le brillant argenté. Basso & Brooke crée aussi la surprise. Les chapeaux en PVC transparent sont signés Philip Treacy. Dans cette collection également, on retrouve des robes en matière matelassée, des sous-pulls aux motifs graphiques, des jupes drapées, beaucoup de plissé et, côté couleur, du bronze et du doré.

Dans le off, on repère la collection du gagnant de notre Fashion Weekend 2006 Steve Jung, qui cette fois signe un défilé en duo, baptisé Steve Yoni. Une collection mixte constituée de tailoring à l’anglaise mélangé avec des influences indiennes et mexicaines.

La semaine de la mode londonienne s’achève sur son highlight : le défilé Marc by Marc Jocobs au Claridge’s, un des hôtels les plus selects de Mayfair. Au premier rang, le gratin des people : Sofia Coppola, Naomi Campbell… Les must-have : un short avec de gros collants, mais aussi des bottines de patineuse et puis une robe en laine, des imprimés carreaux, une combinaison en jersey.

Episode 3 :  » La Vénus de Milan  »

Le défilé D&G, la ligne jeune de Dolce & Gabbana, a lieu désormais au Théâtre Metropol que le duo de designers a racheté. Tous les grands prêtres de la presse sont là pour une collection très disco night où les mannequins portent des n£uds papillon et des pochettes léopard, version night, ou bien des minirobes à l’esprit croisière accessoirisées de gros sacs en vernis de couleur, version jour. Le clou du spectacle ? Un total look léopard sur fond de Madonna.

Aux premiers rangs du défilé Giorgio Armani, on aperçoit le metteur en scène Bob Wilson mais aussi l’actrice Ornella Mutti et la chanteuse Tina Turner. On apprécie ce défilé inspiré des années 1930, où les mannequins sont coiffées de petits bonnets de baigneuses et avancent sur des ballerines plates. On flashe sur les sublimes blousons en croco et les robes manteaux. Chez Burberry, là, l’inspiration est médiévale. Les manteaux sont taillés dans une matière matelassée. On tombe en arrêt sur un sublime trench en croco, la pièce-phare de la saison. Une collection dont la gamme des couleurs oscille entre gris clair et gris foncé.

Chez Marni, toutes les rédactrices de mode craquent pour les jupes en PVC noir et les tops en plastique et à col bénitier. Des touches de violet, de vert anis et de bordeaux viennent saupoudrer cette collection 100 % fashion. Quant à Salvatore Ferragamo, il rappelle que, cette saison, les tendances sont aux années 1930 et 1940. Les coupes de cheveux sont tour à tour garçonnes ou au contraire très stars hollywoodiennes. Les pantalons se portent plus que jamais taille haute, les longs gants en cuir recouvrent l’avant-bras, les blousons s’inspirent du vestiaire des pilotes de ligne.

Chez Emporio Armani, la deuxième ligne de Giorgio Armani, on s’émerveille devant la déclinaison à l’infini du croco pour cet hiver. Ici, c’est carrément un tailleur jupe en total croco que nous invite à porter le maestro italien. Pour le reste, les jupes adoptent le volume tulipe. Chez Gucci, on revient aussi aux années 1930 et 1940. On se taille un look à la Greta Garbo avec ces pantalons en flanelle, ces blousons de cuir mais aussi ces longs gants. On ressort aussi son pantalon en cuir que l’on arbore avec du vison et des grosses lunettes de starlettes. On associe le bordeaux et le bleu marine, on ose la jupe moutarde et on n’hésite pas à s’afficher avec des épaulettes.

Chez MaxMara, qui est toujours un bon baromètre des tendances, les cheveux sont plaqués, les manteaux longs, les pantalons en PVC et les robes en mohair. Côté couleurs, on ose le bleu électrique, le jaune canari, les carreaux orange. Chez Pucci, en ouverture du défilé, cinq filles s’avancent supertoniques en orange et rose. Matthew Williamson a décidément réveillé le glamour made in Pucci ( lire notre interview en pages 90 à 92).

Monica Bellucci était l’invitée de Dolce & Gabbana, qui a nous encore plongé dans une saison futuriste et métal. Les cheveux sont tirés en arrière en queue de cheval, les corsets sont taillés dans du métal, et portés avec des jupes à l’imprimé léopard. On a droit à des manteaux cloutés, des jupes tulipe, des gros sacs en croco, des pantalons en lamé argent, des culottes shorts, des trenchs en lamé rouge, des robes bustiers portés sur des débardeurs comme le réclame la tendance. C’est sur un catwalk tout en bois que Fendi présente sa collection de fourrure. Un look années 1940 se dégage également de cet opus qui met en vedette les sacs en fourrure, les robes chemisiers en cuir mais aussi celles en plumes dans l’esprit des années 1930.

La dernière journée des défilés milanais est marquée par le show Missoni, également largement inspiré des années 1940, mettant en scène des pantalons larges, des tailles très ceinturées, des jupes au genou, les éternelles robes en maille propres à la marque italienne. Chez Gianfranco Ferré, c’est la chanteuse Skin qui crée l’événement. En ce jour de février 2007, Monsieur Gianfranco Ferré en personne vient clôturer, en compagnie de la chanteuse, une collection aux accents minimalistes et futuristes, à la fois sobre et brillante. Bien sûr on ignore alors que ce sera son dernier salut ( NDLR : le maestro est décédé le 17 juin dernier).

Episode 4 :  » Paris When It Sizzles  »

Pour (bien) commencer : la plus parisienne des créatrices, Isabel Marant. Son style grunge chic consiste en des superpositions, de jupes sur des pantalons, de leggings sous des tailleurs jupes, de grands sautoirs sur des tops à capuche. Bref, elle mélange allègrement les registres, chic et urbain. Avec grosses écharpes et chaussettes dans les chaussures ouvertes…

Chez Martin Margiela, tout est à garder : les épaulettes qui font des épaules de footballeur américain, les bottes jaune ou rose fluo, les pantalons chaussettes qui se placent directement dans l’escarpin… On est époustouflé par son ingéniosité et son art de se renouveler. Trop de créativité nuit à la créativité. Chez Viktor & Rolf, la mode se fait performance. Les silhouettes surgissent dans le noir, éclairées de lampadaires intégrés au vêtement. D’autres pièces diffusent carrément de la musique à l’aide d’un poste de radio intégré… Bref, on en oublie presque le vêtement et la prouesse de la forme prend le pas sur le fond.

Chez A.F. Vandevorst, l’intérêt réside plutôt dans le maquillage. Un  » crying make-up  » qui reproduit des larmes sur le visage. Pour le reste, le défilé n’est pas un des meilleurs crus du duo anversois. Chez Yohji Yamamoto, ce sont les idéogrammes YY qui suscitent la surprise. Le grand créateur japonais est généralement abonné à la sobriété. Mais cette fois, il met en scène des Gipsy Queens, des princesses rock aux robes à pois qui tournent sur elles-mêmes comme dans une boîte à musique.

On se réjouit d’apprendre que Vivienne Westwood is back et a retrouvé tout son esprit avant- gardiste. Elle n’hésite pas à nous recouvrir de fluo, qu’elle mélange brillamment avec des imprimés africains, de larges épaulettes, de grosses bottes en cuir montantes. Chez Marithé & François Girbaud, on réinterprète la garde-robe des danseuses tandis que chez Jean Paul Gaultier, c’est plutôt dans les danses traditionnelles écossaises que l’on va chercher la source d’inspiration.

Dries Van Noten, quant à lui, fait une démonstration brillante de ses talents de coloriste. Et Christian Lacroix, de son côté, propose un défilé plus rock’n’roll que d’habitude. On adore le détail des guêtres cloutées, des bottines très 1990, de la barrette strassée dans des cheveux joliment crêpés. Chez Loewe, l’£il est charbon et la collection très cuir. Les pantalons zippés sont portés avec des bottines en cuir. Du bleu canard vient s’intercaler dans une collection à dominante cuir noir.

Encore un défilé performance pour Hussein Chalayan. Le créateur chypriote turc parvient toutefois à se renouveler en proposant des robes lumineuses éclairées de l’intérieur par une puce intégrée au vêtement. C’est la top belge Elise Crombez qui ouvre le bal. Puis dans la pénombre suivent d’autres silhouettes où les robes manteaux à rayures se portent sur des collants seconde peau. Par un autre effet de la technologie, la capuche se soulève pour venir recouvrir entièrement la tête, comme un cocon.

Le coup de c£ur revient à Haider Ackermann qui confirme la relève de la nouvelle génération de Belges avec ses pantalons skinny brillant, ses robes drapées couleur framboise écrasée ou encore ses bottines sabot. Changement de registre… Chez Chanel, on se croirait à la patinoire du Rockfeller Center à New York. La collection met en relief le tailleur en tweed mais intègre aussi des couleurs nouvelles comme le violet ou le bleu piscine. Le tout accessoirisé de bottes montantes de motarde. L’originalité tient aussi dans ces cheveux délicatement gaufrés.

Chez Sonia Rykiel, les grosses robes en maille créent le désir. Cette fois, elles sont portées avec des Dr. Marteens pour une allure plus déjantée. On craque aussi pour les salopettes en maille grise. Comme toujours chez Rykiel, l’esprit lingerie subtilement distillé dans la collection est délicieusement coquin. Pour le défilé Hermès, Jean Paul Gaultier a imaginé une scénographie mettant en scène une Harley Davidson pour soutenir une sublime collection tout cuir. Au défilé Kenzo, on croise, comme à chaque saison, l’actrice Marisa Berenson qui vient applaudir une belle leçon de tango, où les robes à pois virevoltent comme à Buenos Aires. Le défilé Barbara Bui a lieu au Musée de l’Homme. Pour l’occasion, le journaliste Ariel Wizman s’est transformé en DJ. Le défilé est moderne, tonique et efficace comme désormais à chaque saison. Du vinyle, des doudounes courtes, du cuir, des robes bustiers zippées…

Le défilé Nina Ricci, qui se tient dans le Jardin des Tuileries, est très attendu. Tous se demandent ce que va livrer le nouveau directeur artistique, le jeune Belge Olivier Theyskens tant apprécié chez Rochas (lire aussi son interview en pages 52 à 56). Au fil d’une collection très poétique, les silhouettes surgissent telles des elfes, habillées de tailleurs pantalons très près du corps ou de jupes recouvertes de plumes.

Enfin Louis Vuitton met un terme à la grande semaine parisienne. En guest stars, Scarlett Johansson, l’égérie de la campagne de publicité, et des actrices françaises comme Julie Depardieu. Le défilé, inspiré de la peinture hollandaise, est éblouissant de raffinement. On aime les dégradés de couleur, les larges chemises de peintre, les grands bérets… Bref Marc Jacobs (lire aussi page 168) nous réserve toujours un final enthousiasmant. Bravissimo. Agnès Trémoulet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content