Nouvelle-Zélande La nature plein sud
Unique tant pour sa culture que pour la grande variété de ses paysages, le pays aux deux grandes terres déploie ses plus extraordinaires curiosités géologiques et végétales dans son île du Sud.
En 1642, lorsque le navigateur néerlandais Abel Tasman aborda les rivages d’Aotearoa, » Le pays du long nuage blanc » pour les Maoris, il n’imaginait pas un instant que son nom serait associé un jour à l’un des plus beaux parcs nationaux du pays.
Avec sa végétation luxuriante masquant de minuscules criques de sable blanc où une eau cristalline vient caresser le rivage, le parc national Abel-Tasman fait partie des 38 parcs nationaux que compte la Nouvelle-Zélande.
Le voyageur découvre la majestueuse beauté des paysages de l’île du Sud lorsqu’il emprunte l’unique route longeant la côte ouest. Cette étroite bande de terre coincée entre les Alpes du Sud et la mer de Tasman commence à Westport, au nord de l’île, et s’achève à Haast. Les Maoris, premiers habitants de la Nouvelle-Zélande, qui vivent surtout dans l’île du Nord, venaient dans cette région pour extraire le jade – pounamou en maori. Cette pierre semi-précieuse était indispensable à la confection des armes et des outils ainsi qu’aux objets d’art. Le jade servait à orner les sculptures que l’on peut voir dans les marae, maisons communes maories, sur les waka, pirogues, ou sur les taiaha, lances en bois. La petite ville d’Hokitika demeure le centre des mines de jade, au coeur d’une région colonisée tardivement par les Pakehas – les Blancs – venus, eux, chercher de l’or et exploiter les bois précieux.
La côte ouest, où la vie reste rude, est encore aujourd’hui l’un des endroits les moins peuplés du pays. Sur cette côte sauvage, la nature a façonné de bien curieuses sculptures, comme les Pancake Rocks, compressions rocheuses visibles à Punakaiki, à une cinquantaine de kilomètres au nord d’Hokitika. Ces » galettes » entassées les unes sur les autres forment des falaises contre lesquelles les flots viennent se briser avec violence. Dans une atmosphère de bout du monde, la route peu fréquentée mène, vers le sud, au glacier Franz Josef et aux glacier Fox, deux énormes langues de sérac qui naissent du mont Cook, point culminant de l’archipel. Avec ses 3 754 mètres, celui-ci fut un abrupt terrain d’entraînement pour le premier vainqueur de l’Everest, l’alpiniste néo-zélandais sir Edmund Hillary.
Plus au sud encore, passé Bruce Bay, la côte ouest devient très sauvage. Ouverte au vent venu de la mer de Tasman, cette région subit plus de deux cent cinquante jours de précipitations par an, phénomène qui en fait l’un des périmètres les plus pluvieux de la planète et qui explique la présence d’une véritable » native rain forest « , forêt primaire où plantes et arbres n’ont pas évolué depuis les origines. Entre Bruce Bay et Haast, Ship Creek, site inscrit sur la liste du patrimoine de l’humanité par l’Unesco, permet de découvrir cette forêt. Ici prospèrent les kahikatea, les plus vieux arbres et les plus hauts de Nouvelle-Zélande – ils atteignent 70 mètres – déjà présents au temps des dinosaures! Ailleurs, ces géants ont disparu, abattus par les hommes, qui ont aussi asséché les zones humides où ils poussaient.
A l’extrémité méridionale de la chaîne des Alpes du Sud, le littoral est creusé par le Milford Sound, un fjord magnifique entouré de pics flirtant souvent avec les nuages. Seuls les sauts de quelques dauphins viennent troubler la sérénité, souvent provisoire, de ces eaux majestueuses. Le Milford Sound appartient au Fiordland, un parc national, territoire vierge de plus de 1 million d’hectares. Ses sommets régulièrement couverts de brume dominent une nature qui laisse aux visiteurs un sentiment d’inachèvement du monde. C’est dans ces montagnes qu’a été réintroduit le takahe. Cet oiseau endémique, redécouvert en 1945 alors qu’on le croyait définitivement disparu, vit désormais au sud de Te Anau, lieu auquel seuls les scientifiques peuvent accéder. A l’instar du takahe, espèce rare protégée, le kiwi fait l’objet de soins attentifs. Ce gros oiseau nocturne, presque totalement dépourvu d’ailes, est le symbole de la Nouvelle-Zélande. On l’observe en captivité dans les principaux sites touristiques, comme Whakarewarewa, dans l’île du Nord. Pour l’apercevoir en pleine nature, il faut se rendre sur l’île Stewart, à l’extrême sud du pays, et s’armer de patience. Mais ce drôle d’animal, qui, au cours d’une longue évolution, a perdu l’usage de ses ailes faute de prédateurs, mérite ces efforts.
En remontant vers le nord par l’intérieur de l’île, dans la région de Central Otago, Queenstown, dominée par les montagnes Remarkables, s’affiche comme l’une des villes les plus touristiques de l’archipel. Ici a été inventé le bungy, le saut à l’élastique. Mais on y vient surtout pour profiter de la montagne, faire du ski, du parapente, du rafting ou pour pratiquer le dernier sport à la mode : le jet boat. Le pilote d’un bateau à moteur s’emploie à longer à grande vitesse les falaises d’une rivière. Frissons garantis pour les passagers! Cette région de Central Otago, parsemée de lacs et de collines, s’étend, à l’est, jusqu’à la presqu’île de l’Otago, sur l’océan Pacifique, où Dunedin, la plus écossaise cité de Nouvelle-Zélande, est ancrée au fond de la baie.
A une petite centaine de kilomètres de cette ville, en longeant la côte Pacifique vers le nord, les Moeraki Boulders forment une étonnante curiosité géologique : vieux de quelque 60 millions d’années, ces énormes amas de coquillages et de schistes ont enflé au point de se transformer en d’étranges boules échouées sur la plage. Ce phénomène n’est pas unique en Nouvelle-Zélande, mais particulièrement remarquable ici. Plus au nord, à l’intérieur des terres, on pénètre dans la très aride région de MacKenzie. Elle doit son nom à un homme qui, il y a un siècle, avait dressé son chien afin qu’il rabatte seul les troupeaux de moutons des régions voisines. Grâce à cette ruse, l’Ecossais James MacKenzie vola un troupeau de la région de Canterbury et prouva finalement que l’on pouvait faire de l’élevage sur ces terres réputées inhospitalières. En bordure du lac Tekapo, la statue d’un chien se dresse à côté de la petite église du Bon Pasteur. La Nouvelle-Zélande compte quelque 65 millions de moutons. Aujourd’hui, lorsqu’un éleveur a besoin de rassembler ses bêtes, il se sert le plus souvent d’un véhicule tout-terrain ou d’un quad, mais le chien reste indispensable.
Après avoir traversé la campagne de Canterbury, on parvient à Christchurch, la ville la plus british du pays, capitale économique de l’île du Sud. Pour la visiter, mieux vaut partir de la cathédrale néogothique, sur Cathedral Square, et arpenter Worcester Boulevard. Les points d’intérêt sont concentrés sur ce parcours, qui mène directement au quartier branché de Christchurch : Art Center, avec ses cafés à la mode et ses galeries d’art très créatives. Au bout de l’avenue, après le musée de Canterbury, on entre dans Hagley Park et son jardin botanique, véritable poumon vert urbain. Ce parc fut créé en 1850, lors de la fondation de la ville, et a conservé les essences déjà présentes. On ajouta quelques espèces et l’excellent climat local fit le reste, favorisant la rapide croissance de ces arbres magnifiques. Christchurch est traversé par l’Avon, rivière paisible sur laquelle les habitants aiment à se promener en barque ou en canoë, une manière de rester au contact de la nature, si présente, aussi, au coeur des villes néo-zélandaises.
François-Xavier Béchard
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