Avoir été mannequin star et lancer une ligne d’indispensables en 100 % cachemire, c’est le destin de Claudia Schiffer. Tout doux, la belle.

Une grande fille toute simple erre dans une forêt automnale, il fait visiblement très froid – quand elle respire, cela fait un joli nuage de buée, ses cheveux sont lâchés, un peu sauvages, elle est blonde, mesure 180 centimètres et ressemble méchamment à Brigitte Bardot grande époque, normal, c’est Claudia Schiffer, mannequin star dans les années 90, qui porte du Claudia Schiffer et joue les top models d’occasion pour présenter en vidéo sa collection, on n’est jamais mieux servie que par soi-même.

DE LA DOUCEUR AVANT TOUT

Dans ce showroom parisien, elle est au four et au moulin et reçoit ses visiteurs de bonne grâce. Claudia Schiffer n’a pas eu le temps d’assister aux défilés de cet automne-hiver, elle préfère commenter chaque pièce de sa petite garde-robe 100 % cachemire, comme le ferait une copine qui aurait tricoté quelques cardigans et deux ou trois robes, sans se prendre le chou. Et c’est exactement cela qu’elle a fait ou presque.  » Je voulais lancer une ligne, j’ai toujours rêvé de faire quelque chose par moi-même, pour exprimer ce que j’avais dans la tête…  » Or, elle voulait de la qualité, quelque chose d’  » effortless chic « , des cardigans très mâles où se lover, des petites robes que l’on enfile sans même y penser, dans lesquelles on se glisse pour aller droper les mômes à l’école,  » ni trop sexy ni overdress  » et surtout  » pas transparentes « .

UN INSECTE POUR TOUT

Elle a attendu longtemps avant de se jeter à l’eau –  » je recevais beaucoup de propositions mais je n’aimais pas les produits, je voulais trouver le bon partenaire et être sûre d’obtenir le degré de qualité auquel j’aspirais « . Et puis elle croise Iris von Arnim, la papesse du cachemire, sise à Hambourg, qui, depuis plus de trois décennies, répète en gros qu’il faut  » créer son propre chemin  » tout en tricotant des pulls arc-en-ciel. Son mantra ?  » You don’t wear cashmere, you feel it.  » Autant dire qu’en matière de tricot et de douceur, elle en connaît un bout. Ça tombait pile-poil pour Claudia Schiffer : une joint-venture, un nom, le sien, rien de mieux, et une collection à dessiner –  » mes croquis ressemblent à ceux d’un enfant de 6 ans mais l’équipe technique m’a rassurée, cela leur suffisait pour comprendre mes désirs « . Un an plus tard, tout était ficelé avec, en guise de logo, une petite araignée crayonnée. Parce que Claudia Schiffer aime les insectes en général et les aranéides en particulier.  » Si vous les regardez de tout tout près, vous découvrez combien ces créatures sont belles. Je n’ai jamais eu peur d’elles. Et puis j’aime Louise Bourgeois et ses sculptures. Mais si vous voulez vraiment comprendre ce que j’ai en tête, ce que j’aime, allez sur mon site, vous verrez…  » À vos ordres, chef, on a filé regarder l’intro en noir et blanc et au trait fin – c’est la nuit sur la forêt, les arbres sont nus, la lune trône, un sanglier se faufile entre les troncs, un petit papillon se jette dans la gueule du loup, une araignée fait son £uvre, la pluie tombe, le jour se lève. C’est ravissant mais pas seulement. Claudia Schiffer, dans un murmure, avait prononcé les mots  » force noire  » et  » nature « …

UN CONSEIL SURTOUT

Ne pas croire que tout cela nous éloigne de sa maille, Claudia poursuit sa démonstration, touche les matières, parle des couleurs (bleu, gris, noir), attrape un  » cardi-coat  » oversized tricoté à l’aiguille king-size, couleur  » flanelle « , à porter ouvert ou fermé, c’est un conseil d’amie, en anglais dans le texte :  » wear this versatile knit with your favourite jeans and wrap with my plaited belt.  » Elle martèle qu’il faut tout laver en machine, surtout pas à la main, ça casse les fibres, à froid bien sûr et avec un produit ad hoc, pas une lessive qui décape. Elle dit que c’est imparable, qu’il faut essayer, que c’est Iris von Arnim qui lui a appris cela et que c’est bien pratique aussi pour sa petite ligne  » baby « , de 0 à 2 ans, qui n’était pas prévue au départ mais puisque toutes les filles de l’équipe ont un bébé, qu’elles trouvaient que la version mini serait  » so sweet « , elle a foncé. Quelqu’un lui dit que c’est parfait, cette collection, que sa s£ur va bientôt accoucher d’un petit Fritz, elle fait :  » j’adore les vieux prénoms « , précise que ses chéris, elle les a appelés Caspar, Clementine et Cosima et que justement, elle, quand elle les conduit à l’école, elle porte de préférence cette sweat-shirt dress-ci,  » avec un foulard Marc Jacobs, un sac cool, quelques bracelets  » – zéro faute de goût.

Carnet d’adresses en page 78.

PAR ANNE-FRANÇOISE MOYSON

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